Climat: les USA absents d'une réunion du Giec, cruciale pour déterminer le calendrier des prochains rapports
Les experts climatiques mandatés par l'ONU se réunissent à partir de lundi en Chine, en l'absence notable des Etats-Unis, pour faire adopter, par les représentants des pays du monde, le calendrier et le contenu de ses travaux scientifiques, derrière lesquels...

Les experts climatiques mandatés par l'ONU se réunissent à partir de lundi en Chine, en l'absence notable des Etats-Unis, pour faire adopter, par les représentants des pays du monde, le calendrier et le contenu de ses travaux scientifiques, derrière lesquels se joue un véritable bras de fer géopolitique.
Alors que Donald Trump a annoncé le retrait des USA des accords de Paris, qui ne sera véritablement effectif qu'en janvier 2026, une source a dit lundi à l'AFP que les Américains ne seraient pas présents à cette réunion du Giec, confirmant des informations de presse. Interrogés la semaine dernière, des représentants officiels américains s'étaient refusés à tout commentaire.
"Nous n'avons vu aucun membre de la délégation américaine, et personne n'a représenté les Etats-Unis en session plénière jusqu'à présent", a indiqué cette source.
Pour plusieurs observateurs, cette absence marque un nouveau "coup dur".
"Indépendamment des opinions politiques sur la politique climatique, abandonner l'organisme scientifique qui fait le plus autorité au monde en matière de risques, d'impacts et de trajectoires climatiques portera préjudice à la recherche et à la société américaines", a jugé Johan Rockstrom, climatologue renommé de l'Institut de recherche sur l'impact du climat de Potsdam.
Le temps presse
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), créé en 1988 pour informer les décideurs politiques, vient d'entamer le 7e cycle de ses travaux.
Celui-ci doit déboucher d'ici 2029 sur un grand rapport de référence, composé de volumineuses évaluations intermédiaires et de rapports thématiques.
A quel rythme et pour quel contenu? C'est ce que doivent décider les pays lors de cette réunion qui se tient jusqu'au 28 février à Hangzhou, dans un contexte marqué par les deux années les plus chaudes jamais enregistrées.
L'enjeu est de savoir si les trois parties principales du rapport final - couvrant la science physique, les impacts climatiques et les solutions pour réduire les niveaux de gaz à effet de serre - peuvent être produites assez rapidement pour servir de base scientifique au "bilan mondial" de l'ONU Climat en 2028.
Ce bilan, établi tous les cinq ans pour analyser les efforts de l'humanité pour respecter l'accord de Paris, est un document clé des négociations climatiques annuelles.
L'objectif de limiter la hausse des températures à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels "est toujours mathématiquement possible, mais (...) le temps ne joue pas en notre faveur", a averti Inger Andersen, responsable du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), en ouvrant les discussions lundi, appelant à des "résultats ambitieux".
De nombreux pays riches et les nations en développement les plus exposées, notamment les petits Etats insulaires, sont favorables à un calendrier accéléré mais se heurtent aux objections de certains producteurs de pétrole ou grands pollueurs dont les émissions augmentent, comme l'Inde et la Chine.
Pour la Coalition pour la haute ambition, qui regroupe des pays européens et des pays climatiquement vulnérables, fonder le "bilan mondial" de 2028 sur de solides données scientifiques actualisées constitue un élément crucial du respect de l'accord de Paris de 2015.
Selon sa déclaration publiée samedi, la rupture de ce lien "compromettrait la crédibilité et l'intégrité" de cet accord.
Mais la Chine, l'Arabie saoudite, la Russie et l'Inde font partie des pays qui jugent le calendrier proposé trop précipité, selon le compte-rendu des sessions précédentes établi par l'Institut international du développement durable.
Dernière chance
Des observateurs craignent que la session en Chine soit la dernière chance de trouver un accord.
"Je pense que la raison pour laquelle les discussions ont été si acharnées est la situation actuelle: la pression géopolitique, la charge financière des impacts du changement climatique et de la transition vers l'abandon des énergies fossiles ", a déclaré une source proche des discussions.
Selon la dernière synthèse du Giec, début 2023, le monde est en route pour franchir au début des années 2030 le seuil de réchauffement à long terme de 1,5°C.
Mais des études récentes suggèrent que cette étape pourrait être franchie avant la fin de cette décennie.
Le 7e cycle du Giec prévoit aussi des publications thématiques, dont en 2027 un rapport très attendu sur le changement climatique dans les villes, et un un document inédit sur les méthodes, balbutiantes et critiquées, de captage et stockage du CO2.
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