Climat: diminuez les émissions ou l'objectif de 1,5°C est "mort", met en garde l'ONU
L'action climatique des Etats doit faire un "bond en avant" dans les prochains mois, sinon l'espoir de maintenir le réchauffement planétaire à moins de 1,5°C "sera bientôt mort", alerte jeudi l'ONU dans un rapport...
L'action climatique des Etats doit faire un "bond en avant" dans les prochains mois, sinon l'espoir de maintenir le réchauffement planétaire à moins de 1,5°C "sera bientôt mort", alerte jeudi l'ONU dans un rapport pointant l'absence de progrès significatifs depuis un an.
"Nous jouons avec le feu, mais (...) il n'y a plus de temps à perdre", car "partout dans le monde, les populations paient déjà un lourd tribut" pour l'inaction face au réchauffement climatique, a lancé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Selon le nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), publié à moins d'un mois de la COP29 en Azerbaïdjan, les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre mises en place pour l'heure par les pays entraîneraient un réchauffement "catastrophique" de 3,1 °C au cours du siècle par rapport à l'ère-préindustrielle.
Et même en intégrant toutes les promesses de faire mieux, y compris celles que des pays en développement ont conditionnées à l'obtention d'aides financières ou technologiques, les températures mondiales grimperaient de 2,6 °C, avec à la clé une série de "points de bascule" irréversibles: effondrement des calottes glaciaires, élévation incontrôlable des mers et amplification des phénomènes météorologiques extrêmes.
Sur une corde raide
"Nous avons besoin d'une mobilisation mondiale d'une ampleur et d'un rythme jamais vus auparavant, et ce dès maintenant, ou l'objectif de 1,5°C sera bientôt mort", avertit Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.
Pour éviter de dépasser cette limite fixée par l'accord de Paris, les Etats doivent collectivement s'engager à réduire de 42% par rapport à 2019 leurs émissions annuelles de gaz à effet de serre d'ici 2030 et de 57% d'ici 2035, estime l'ONU.
Pour y parvenir, il faut "un bond en avant" des pays, qui doivent soumettre à l'ONU d'ici février leur feuille de route climatique, formalisée tous les cinq ans dans des "Contributions déterminées au niveau national" ("NDC" en anglais). Et ces ambitions, à l'horizon 2035, devront être "mises en oeuvre immédiatement", presse l'ONU.
"Nous sommes sur une corde raide à l'échelle planétaire. Soit les dirigeants parviennent à combler l'écart en matière d'émissions, soit nous plongeons tête baissée dans une catastrophe climatique dont les plus pauvres et les plus vulnérables souffriront le plus", résume M. Guterres.
L'urgence est d'autant plus grande que depuis l'an dernier, "pas grand-chose n'a bougé et très peu de progrès ont été fait pour atteindre les objectifs pour 2030", souligne Anne Olhoff, rédactrice scientifique du rapport.
"Il n'y a eu aucune soumission de nouvelles NDC ayant des implications significatives" pour la réduction des émissions mondiales, s'alarme l'ONU.
Techniquement possible
Ce rapport est un rappel de la "litanie historique de négligences des dirigeants du monde entier à s'attaquer à la crise climatique avec l'urgence requise", a réagi Tracy Carty, de Greenpeace International. "Mais il n'est pas trop tard".
"L'ampleur du défi est incontestable", mais rester sous 1,5°C de réchauffement "reste techniquement possible", indique le rapport.
En 2023, le monde a émis un record de 57,1 gigatonnes (Gt) d'équivalent CO2, mais la hausse s'est ralentie à +1,3% et un pic des émissions mondiales est espéré en 2024 ou 2025.
Sur le papier, il est possible de réduire ce total de 31Gt en 2030 et de 41Gt en 2035, ce qui comblerait l'écart pour atteindre les objectifs, détaille le rapport.
Mais cela nécessitera une "mobilisation internationale sans précédent" et les pays du G20, responsables d'environ 80% des émissions mondiales en 2023, doivent montrer la voie.
Celle-ci doit passer par un déploiement accéléré du solaire et de l'éolien et par la protection ou la restauration des forêts, puits de carbone cruciaux.
Les mesures requises signifient multiplier au minimum par 6 les investissements dans la réduction de la pollution carbone et une "forte implication" du secteur privé, en plus des Etats, note encore l'ONU.
Cela nécessitera de "surmonter les immenses obstacles politiques, de gouvernance, institutionnels et techniques, ainsi qu'une augmentation sans précédent du soutien fourni aux pays en développement, et une refonte de l'architecture financière internationale", indique le rapport. La question de l'aide financière débloquée par les pays riches sera le coeur des débats de la COP29.
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