Claude Michaud : «Nous manquons de dossiers à soutenir !»
Un groupe d’ex-entrepreneurs, juristes, banquiers et hauts fonctionnaires attend que des dossiers lui soient soumis.Toutes les aides à projet sont examinées, retenues ou pas. Créati s’apprête à se tourner aussi vers l’aide à l’entreprise en difficulté un an ou deux après démarrage.
Depuis ses débuts, Créati retient un dossier sur cinq présenté par un jeune entrepreneur, repreneur ou créateur, après nombre de filtres et examens du business plan. L’accent est mis en constance sur la rigueur et l’analyse minutieuse du compte d’exploitation. «Rien n’est plus détestable, explique le président Claude Michaud, que l’à-peu-près, via une mauvaise évaluation des capacités du jeune entrepreneur qui n’est peut-être pas dans la bonne voie. Une extrême vigilance et l’objectivité la plus impartiale sur le fond des dossiers, sur le plan financier surtout, gouvernent les travaux de nos commissions d’admission et de soutien avec accompagnement de plusieurs années.» Ce qui fait qu’au palmarès de Créati, on relève quelques belles réussites industrielles et commerciales dans le Nord : Sobook (impression de livres), Delahaye restauration et Néolodge (rénovation de bâtiments). Mais Créati intervient aussi en Artois.
Tout est parti d’un constat… «Après une longue carrière d’ingénieur passée à La Lainière de Roubaix et le début de ma retraite, explique Claude Michaud, j’ai voulu pallier le mauvais suivi de l’entrepreneur après le lancement de sa société, hélas maintes fois constaté. Après une première phase de soutien de dossiers, j’ai vu qu’il fallait absolument tout baser sur l’examen régulier du compte de résultats pour faire du bon travail. Créati s’est ainsi monté avec quelques retraités de l’univers entrepreneurial, mais tous ex-cadres supérieurs décisionnaires d’une très grande compétence dans chacun des domaines nécessaires.»
Très concrètement, l’aide de cette association déclarée d’intérêt général (donc ouvrant droit à réduction fiscale de 66% des dons faits par les particuliers, une manne qui finance l’aide) va vers l’apport au capital pour faciliter d’autres aides financières, les conseils d’un avocat en cas de contentieux, le parrainage de professionnels suivis dans leurs débuts par Créati, et qui ont réussi à développer leur société mais qui acceptent d’aider de jeunes pousses à démarrer sainement.
Pendant trois ans minimum, le candidat devenu repreneur ou créateur, après validation de son business plan, sera accompagné par l’association qui aura, dans beaucoup de cas, participé au montage du projet auparavant, et sur tous les plans : financier, fiscal, juridique, étude de marché, etc. Le conseil dans ces domaines reste constant grâce aux compétences déjà citées. Créati, voulant rester dans le concret et le réalisme le plus absolu, a aussi pris en charge un contrat prévoyance pendant la première année d’activité couvrant des indemnités journalières en cas de maladie et des frais généraux dans l’hypothèse d’arrêts de travail, ainsi que le versement d’un capital de 92 000 € en cas de perte d’autonomie ou de décès. Et, nouveauté, il participe au capital à hauteur de 33%.
Une machine parfaitement huilée. En 2012, Créati a traité 150 dossiers et retenu 35. En fait son secteur d’activité est plus large en raison de partenariats multiples. Avec Réseau Nord Entreprendre où il a deux membres relais, des 600 dossiers soumis il en sélectionne une centaine, puis environ 30, surtout des artisans et petites PME. Avec les experts-comptables d’Incom, Créati se fait envoyer les dossiers refusés. Si l’entreprise se crée ensuite, un expert-comptable d’Incom prend en compte le suivi de sa situation financière et économique chaque mois. Enfin, avec le Crédit agricole, si la banque refuse un prêt, le dossier du jeune demandeur arrive chez Créati qui peut alors compléter le capital comme chez les Cigales, et le dossier repart vers le prêt mais plus solide.
Se présente aujourd’hui une opportunité… «Nous avons reçu une remarque du conseil général du Nord qui a remarqué que nombre d’entreprises connaissaient des sérieuses difficultés dans la seconde année d’exercice en moyenne, poursuit Claude Michaud. Le Conseil général nous interpelle : pourquoi nous ne tournerions pas notre aide aussi vers ces sociétés ? Nous en parlons entre nous mais se présente une difficulté : notre besoin principal est d’avoir des dossiers à étudier, nous en manquons. Donc la suggestion du Département nous intéresse. Mais comment repérer ces entreprises en difficulté ? Il va falloir nous faire mieux connaître pour susciter le dépôt de ces dossiers. »
Créati : 222, av. des Nations-Unies à Roubaix.