De la fourche à l'assiette - Episode 4

Claire-Marie Fournier : artisanat d’art et arts de la table

Depuis 2016, Claire-Marie Fournier est céramiste près d’Yvetot. Elle développe son activité en limitant ses charges et en misant sur le marché de l’hôtellerie-restauration.

Claire-Marie Fournier propose une large gamme de vaisselle et ustensiles de cuisine. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Claire-Marie Fournier propose une large gamme de vaisselle et ustensiles de cuisine. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Faïence, porcelaine ou grès… Claire-Marie Fournier est céramiste depuis 2016. Après avoir vécu 1 000 vies à travers 100 métiers (de l’enseignement à la plongée en ferme perlière), elle est revenue à un loisir d’enfance. « J’en ai fait quand j’étais enfant. Et j’avais repris en tant que loisir en 2013… » raconte-t-elle. Malgré quelques embûches, elle décide donc de passer, en un an, deux CAP (de tournage et de décoratrice) au pôle céramique. Et elle ouvre son atelier, chez elle à Saint-Clair-sur-les Monts, près d’Yvetot.

Partie tout feu tout flamme, Claire-Marie Fournier a depuis repensé son modèle économique. Finis les cours particuliers donnés aux enfants. « Je n’ai pas beaucoup de place. Alors ranger tout l’atelier pour accueillir trois ou quatre enfants, dont certains ne viennent finalement pas, c’est trop de contraintes. » Finis aussi les déplacements à l’autre bout de la France pour des marchés de potiers. « Des gens qui vivent de ce métier, sans donner de cours, il n’y en a peu. Alors j’essaie de rationaliser au maximum mon temps. Et depuis que je fais cela, je m’en sors mieux économiquement. » Elle dégage aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 30 à 32 000 €.

Le marché B to B comme socle

Claire-Marie Fournier met donc de l’énergie pour amener la clientèle à son atelier plutôt que d’aller à elle. C’est son principal objectif sur les marchés. Et c’est aussi l’objectif des journées portes ouvertes qu’elle réalise. Mais elle compte aussi sur la part professionnelle de sa clientèle, notamment dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. « J’avais un oncle antiquaire, dont la femme faisait toujours de très belles tables, raconte-t-elle. Cela m’a inspiré. » Les arts de la table occupent donc désormais une part importante de sa production : assiettes, gobelets, tasses, pichets, plats à tarte, bols, saladiers, verrines, sauciers, coquetiers, entonnoirs à confiture…

Et elle réalise aussi de plus en plus de commandes spéciales. « J’ai par exemple fait des pots à moutarde pour François Xavier Craquelin, dans le cadre de l’émission les Carnets de Julie. Et j’ai aussi, fourni des pièces à la Maison Caillet à Fécamp, notamment des assiettes à pain ». Cette clientèle exigeante de l’hôtellerie-restauration présente de nombreux avantages. En particulier, elle commande des séries importantes. Et elle est aussi une vitrine pour Claire-Marie Fournier. « La Maison Caillet par exemple me ramène beaucoup de clients », sourit-elle.

Des produits simples, utiles et solides

Faïence, porcelaine ou grès… Dans son atelier, elle façonne, cuit et décore, au gré de ses envies. (© Aletheia Press / B.Delabre)

L’occasion pour les visiteurs de découvrir le reste de la gamme proposée par l’artisane d’art. Car au-delà des arts de la table, Claire-Marie Fournier propose aussi des décorations de jardin et des luminaires. « Il faut toujours se renouveler et suivre les tendances. Voilà pourquoi je me suis diversifié dans le jardin… » Alors que la concurrence se densifie (chaque année 90 potiers sont formés au sein du pôle céramique de Normandie à Port-Jérôme-sur-Seine), Claire-Marie Fournier défend sa touche personnelle. « Je fais dans le simple, l’utile et le solide, commente-elle. Je ne me considère pas comme une artiste. D’ailleurs, le beau, c’est quelque chose de subjectif. Je me concentre sur les couleurs de la mer », souvenir de ses vies passées. « Et je fais tester toutes mes couleurs pour vérifier qu’elles répondent aux normes alimentaires. » Un parfait mariage entre créativité et sécurité.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre