Cinq candidatures territoriales ont été déposées

Ils sont cinq territoires à avoir déposé un dossier de candidature en réponse à l’appel de candidatures lancé par la Région pour l’accueil du futur technocentre régional de la méthanisation qu’ambitionne d’implanter en Hauts-de-France le Conseil régional. Décision attendue pour la fin d’année.

 

Ils ont pour nom communauté d’agglomération Hénin-Carvin, communauté urbaine d’Arras, Métropole européenne de Lille, Pôle métropolitain de l’Oise (*) et communauté de communes du Sud-Ouest amiénois. Leur point commun : ces cinq territoires ont déposé pour la date requise du 27 juillet 2017 leur dossier de candidature pour la création d’un technocentre de la méthanisation voulue par le Conseil régional des Hauts-de-France. Ces cinq candidatures vont faire l’objet d’une analyse cet été avant que l’instance ou comité de sélection, dont le président est Bruno Léchevib, président de l’AEME, n’effectue courant septembre une première sélection, puis n’établisse le 18 octobre un classement. Le choix du territoire d’accueil doit intervenir en fin d’année par délibération du Conseil régional.

Le contexte. Affirmée en 2014, l’ambition de la Région Hauts-de-France est de devenir la première région européenne pour l’injection de biométhane, convaincue que la filière méthanisation va tenir une place importante dans le développement des énergies renouvelables sur le territoire régional. Son développement constitue un axe fort de la troisième révolution industrielle en favorisant la création d’activités sur des territoires ruraux, et particulièrement la filière «injection du biogaz dans le réseau» que la Région souhaite privilégier. Pour accompagner et participer aux retombées économiques attendues du développement de cette filière, les acteurs régionaux (CCI Région, GrDF, ADEME, Chambre régionale d’agriculture, Pôle 2020, Région…) se sont regroupés au sein d’un Comité opérationnel régional de biométhane injecté (CORBI), persuadés que la mise en place d’un technocentre, lieu de démonstration, centre d’expertise et vitrine technologique des procédés de méthanisation pour les sociétés régionales et les porteurs de projet, est essentielle pour développer la filière en région et soutenir les industriels régionaux qui y sont impliqués.

Cinq pôles d’activité. L’appel à candidatures a développé le descriptif de ce futur technocentre qui sera composé de cinq pôles d’activités : une unité de production afin de le rendre à terme autonome économiquement, (environ 20 000 tonnes entrantes/an de déchets divers, type lisiers, fumiers, boues de flottation, pulpes de betterave, graisses d’abattoir, résidus de culture…) , des laboratoires d’analyses proposant des services de prestation, une plate-forme d’essais avec pour objectif un soutien au développement de nouvelles technologies (prétraitement, digesteur, post-traitement, analyses) et un soutien aux porteurs de projet dans leurs choix technologiques stratégiques, un centre de formation traitant tous les sujets en lien avec la méthanisation (procédés de méthanisation, élaboration d’un projet d’unité de méthanisation, production d’énergie et marchés…), et enfin l’implantation d’une station bio GNV au sein du technocentre ou à proximité.

Ce technocentre régional a de multiples objectifs : rendre concrète l’application d’injection de biométhane dans le réseau par la mise en œuvre à l’échelle industrielle d’une véritable unité de production ; accompagner les porteurs de projet (promotion, écoute, support administratif, conseil technique et financier) et ainsi faciliter et accélérer la mise en place de ces projets ; former les acteurs de la filière (porteurs de projet, personnel d’exploitation et de maintenance, industriels) ; tester et promouvoir les technologies émergentes pour permettre aux industriels de combler l’avance acquise par leurs concurrents étrangers et aux porteurs de projet de réaliser des simulations afin de les conforter quant à l’accessibilité du process, voire de dégrossir les éléments principaux de leurs propres projets. Pour quel coût ? L’appel à candidatures a établi un modèle économique pour ce projet. L’investissement hors bâtiment et hors foncier est notamment estimé à 8 M€.

La grille de notation. Pour noter les cinq candidatures, le comité de sélection s’appuiera sur une triple grille portant sur la viabilité économique à hauteur de 60 points (maîtrise d’un gisement d’intrants suffisant et garanti 20 points ; sécurisation du bassin d’épandage 20 points ; engagement financier 10 points ; modèle économique 10 points), sur la pertinence du site proposé à hauteur de 10 points (disponibilité foncière 4 points ; localisation adaptée 4 points ; projets existants ou à venir sur le territoire convergeant avec le technocentre 2 points) et sur le caractère de projet de territoire exemplaire et porteur d’une dynamique à l’échelle Hauts-de-France à hauteur de 30 points (excellence environnementale et sociétale 10 points ; modèle de gouvernance 10 points ; partenariats proposés 5 points ; communication/ promotion 5 points).

* le Pôle métropolitain de l’Oise regroupe trois entités territoriales de ce département : la communauté de l’Agglomération creilloise, la communauté d’agglomération du Beauvaisis et la communauté d’agglomération de la Région de Compiègne.

ENCADRE

La MEL propose Euraméthanisation sur le site du port de Wattignies

«Pour accueillir ce futur technocentre régional, la MEL a retenu le port de Wambrechies, un terrain de 2 hectares situé à proximité de gisements agricoles et d’accès de qualité. De plus, ayant pour objectifs de proposer sur un même site une usine performante de méthanisation, un centre de recherche et développement et un centre de formation, je propose que ce site soit nommé Euraméthanisation, en cohérence avec nos autres sites d’excellence, véritables piliers pour les filières économiques prioritaires. Ce site devra aussi permettre le développement d’une activité industrielle», a expliqué Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille lors de la remise de son dossier de candidature.

Les atouts de cette candidature ? D’abord une opportunité : «Alors que notre métropole est la plus agricole de France, nous dépendons aujourd’hui à plus de 95% d’énergies produites en dehors de notre territoire et majoritairement d’origine fossile. Pour la MEL, il y a donc une véritable opportunité pour un développement plus durable, conciliant économie d’énergie et développement des énergies renouvelables et de récupération. Notre objectif est aujourd’hui de quadrupler la production d’énergie renouvelable.» Une antériorité dans le domaine avec l’injection dans le réseau de distribution du biométhane produit par son Centre de valorisation organique de Sequedin, une première en France, et avec l’utilisation sur site des boues d’épuration qu’elle méthanise en gaz et électricité à la station d’épuration de Marquette-lez-Lille Ovilleo, un process qui, après études, devrait être installé dans les autres stations d’Houplin-Ancoisne, Wattrelos et Neuville-en-Ferrain. Des atouts géographiques également, avec une «position stratégique au cœur de l’Eurométropole et (…) une agriculture variée proposant des intrants de qualité et des débouchés pour le digestat».