Cifra à la pointe de l’innovation
L’entreprise Cifra de Château-Thierry développe le recyclage de déchets plastique provenant de démolitions pour les transformer en produits de traitement de l’eau. Ce projet ouvre la voie à l’émergence de filières de valorisation de déchets en Picardie et en France.
Quelle voiture possédez-vous ? La question étonne. C’est à partir de la talonnette située sous les pédales que Michel Py présente son entreprise, Calandrage industriel français ou plus simplement Cifra, une PME discrète située à Château-Thierry qui travaille le film plastique que l’on retrouve, entre autres, dans les voitures. « Nous fabriquons 4 millions de talonnettes par an pour un grand nombre de constructeurs », précise Michel Py qui dirige l’entreprise familiale depuis huit ans, succédant à son père, le fondateur d’une société qui défend depuis 1989 le plastique. « Nous avons été très malmenés, notamment par les défenseurs du PVC, lance Michel Py. Mais nous avons su défendre notre produit, nous avons investi sur des niches de marché et nous nous sommes engagés dans des applications de recyclage. » A l’écouter, Michel Py se compare à un grand chef cuisinier : « La matière arrive sous forme de poudre, comme de la farine. En la travaillant, on obtient une pâte molle à laquelle on ajoute des ingrédients, comme pour une tarte avec des oeufs, de la levure et du sucre. »
Recycler les déchets plastique
A partir d’une seule matière première, Cifra développe une large gamme de produits : des intercalaires, des pochettes, des dos de blister et des articles de classement pour le secteur de la papeterie ; des talonnettes et repose-pieds pour les plus grandes marques automobiles ; des blisters pour l’emballage (coques, emballages portionnés, pots et couvercles, opercules…) et des application spéciales comme ces nids d’abeille pour les cheminées de centrale nucléaire. Suite à des difficultés économiques au début des années 2000, l’entreprise de Château- Thierry s’engage dans une nouvelle stratégie en misant sur le développement durable, un marché promu à bel avenir à cette époque. C’est en 2004 que Cifra s’engage réellement dans l’aventure après de longues études de marché. « La stratégie et l’investissement que nous avons menés ont permis à l’entreprise de survivre », constate Michel Py. Cette nouvelle stratégie ? Recycler les déchets plastique provenant de démolitions (fenêtres, tuyaux, gouttières, chemins de câbles) et d’emballages alimentaires (barquettes de jambon) pour les transformer en produits de traitement de l’eau, plus exactement pour le stockage, le traitement et le refroidissement et l’équipement de toits végétalisés.
L’émergence de filières de valorisation
De 500 tonnes en 2004, l’entreprise recyclera cette année près de 7 000 tonnes de déchets provenant de France et d’Europe. La stratégie de Michel Py est d’atteindre les 10 000 à 15 000 tonnes d’ici quatre à cinq ans. « Cela va nous permettre de développer une nouvelle gamme de produits », lance le dirigeant. Cette stratégie intégrait le projet européen Green Waste Plast, piloté en France par Ucaplast, le syndicat des PME du caoutchouc et de la plasturgie. « Trois industriels français, dont Cifra, ont participé à ce projet », se félicite Michel Py qui a dû démontrer aux émissaires européens que le projet était une innovation et qu’il allait régler le problème de fin de vie du plastique au travers d’applications industrielles. « Ce projet ouvre la voie à l’émergence de filières de valorisation de déchets dans l’Aisne, en Picardie et à l’échelon national », précise Catherine Macadré, chargée de mission Europe à la chambre de commerce et d’industrie de l’Aisne qui a accompagné l’entreprise dans le projet. En juin dernier, les partenaires du projet s’étaient retrouvés chez Cifra. Au cours de cette journée, des experts d’envergure nationale ont témoigné de leur savoir-faire et la société Cifra a organisé une visite de ses installations pour montrer ce nouveau process.