ChOC, cette nouvelle chaudière gaz industrielle bas carbone sera testée dans l'Oise

Son nom est à l'image du futur industriel. Car le résultat annoncé de cette nouvelle chaudière gaz bas carbone - qui se veut être la nouvelle solution de demain pour produire de la vapeur bas carbone - enclenche une nouvelle ère : elle pourrait réduire de plus de 4 millions de tonnes les émissions de CO₂ en France. La Ch0C est en effet une chaudière à destination des industriels qui cherchent à réduire leurs émissions de carbone. Sa technologie vise à remplacer le comburant classique (l’air) par de l’oxygène et permet de concentrer le CO₂ pour le rendre très facilement captable.

Elle a donc l'objectif concret de décarboner les usages vapeur et eau chaude dans l’industrie. Elle s'inscrit notamment dans la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) pour l’industrie, qui cible un objectif de neutralité carbone, donc une baisse de 81% des émissions de CO₂ d’ici 2050. À ce titre, le gouvernement soutient ce projet.

Dans un courrier adressé à plusieurs membres du consortium cet été, la Première ministre a salué la grande qualité du projet préalablement instruit par l’Ademe, à l'été 2022. Elle a également souligné que le démonstrateur s’inscrit « pleinement dans les objectifs de réduction des émissions fixées par France 2030 et la stratégie nationale d’accélération de la décarbonation de l’industrie fixée par la Stratégie nationale bas carbone ». Le gouvernement a par ailleurs attribué dans ce cadre, un financement de 1,2 million d’euros au projet sur les 2,9 millions d’euros qu’il nécessite.

Capter et valoriser le CO2

Initié à l'été 2022, ce projet a été lancé lors de l'appel à projet déposé par l'Ademe en décembre 2022. Et l'innovation de la chaudière se veut performante. La Ch0C repose sur le remplacement de l’air par de l’oxygène lors de la combustion : c’est le principe de l’oxycombustion. Tout en améliorant la performance de la chaudière, ce procédé permet de concentrer le CO₂ produit en vue de son captage et de sa valorisation. La chaudière associée au système de captage et liquéfaction du CO₂, pourrait permettre ainsi de réduire de plus de 90% les émissions directes de CO₂ des chaufferies industrielles pour les usages vapeur et eau chaude.

Son déploiement répondra donc aux exigences fortes qui pèsent sur les industriels en matière de décarbonation. Cette technologie est suivie de près, notamment, par les industriels des secteurs du papier/carton, de la chimie ou encore de l’agro-alimentaire. Une innovation attendue car, aujourd'hui, les chaudières industrielles émettent 19Mt de CO₂ par an au total dont 12Mt/an pour l’énergie gaz naturel, soit 20% des émissions de CO₂. 

Un travail collectif pour la mise en service

Ce projet phare rassemble 16 partenaires nationaux. Le consortium, piloté par Naldeo Technologies & Industries, réunit des énergéticiens, des équipementiers, des experts scientifiques et des industriels : Babcock Wanson, ENGIE Solutions, Fives, GRDF, GRTgaz, TotalEnergies, VERDEMOBIL BIOGAZ, sont membres partenaires du projet. Quant à Agrial, Agro mousquetaires, Bonduelle, Carboneo, Coca-Cola, Constellium, Eiffage Énergie Systèmes et l’Université de Paris, sont membres observateurs.

Concrètement, cette chaudière n'est plus au stade de l'idée. Sa conception est lancée dans l’usine de Babcock Wanson située à Nérac (Lot-et-Garonne) où elle y sera assemblée. Fives concevra et fournira le système de combustion Pillard^® intégré à la chaudière. Ensuite, début 2024, la chaudière de 3 MW et le système de captage/liquéfaction du CO₂, fabriqué par VERDEMOBIL BIOGAZ, seront livrés sur le site industriel de Villers-Saint-Paul, dans l'Oise, et exploité par ENGIE Solutions. C’est sur ce site que seront réalisés les essais du démonstrateur. Naldeo Technologies & Industries assure la coordination de l’ingénierie du projet pendant toute sa durée.

La chaudière Ch0C pourrait être commercialisée dès 2025. Au total, ce projet possède un impact fort sur les parts de marché : un potentiel de marché supérieur à 1 000 chaudière est prévu, qui serait fortement augmenté par la diminution du coût d’approvisionnement en O2, les nouvelles voies de valorisation du CO2 et le potentiel de vente hors marché français.

À plus long terme, sous certaines conditions, la Ch0C pourrait devenir la solution idéale pour les autres gros émetteurs, voire de plus petits...