Chez Renaissance, von der Leyen condamne l'Azerbaïdjan et apporte le soutien de l'UE à l'Arménie

Critiquée en France pour des déclarations favorables à l'Azerbaïdjan, Ursula von der Leyen a condamné "très fermement l'opération militaire" menée par Bakou et apporté son "soutien absolu à l'intégrité territoriale de l'Arménie", lors du campus...

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen fait une déclaration, lors du "campus européen" de Renaissance, le 7 octobre 2023 à Bordeaux © Christophe ARCHAMBAULT
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen fait une déclaration, lors du "campus européen" de Renaissance, le 7 octobre 2023 à Bordeaux © Christophe ARCHAMBAULT

Critiquée en France pour des déclarations favorables à l'Azerbaïdjan, Ursula von der Leyen a condamné "très fermement l'opération militaire" menée par Bakou et apporté son "soutien absolu à l'intégrité territoriale de l'Arménie", lors du campus de rentrée de Renaissance samedi à Bordeaux.

"Je condamne très fermement l'opération militaire de l'Azerbaïdjan qui a amené à l'exode de plus de 100.000 Arméniens de la région du Haut-Karabakh et je réaffirme mon soutien absolu à l'intégrité territoriale de l'Arménie, conformément aux principes des Nations Unies", a déclaré, dans un français limpide, la présidente de la Commission européenne, invitée d'honneur de la rentrée politique du parti d'Emmanuel Macron.

Mme von der Leyen a annoncé le doublement de "l'aide budgétaire immédiate" à Erevan et la tenue prochaine d'une "réunion de soutien à l'Arménie" organisée par l'Union européenne et les États-Unis.

"L'Europe et l'Arménie partagent une longue et riche histoire commune, et le moment est venu d'écrire un nouveau chapitre dans cette histoire", a ajouté l'ex-ministre allemande de la Défense, qui s'est ensuite entretenue avec Élisabeth Borne.

Après une offensive-éclair des forces azerbaïdjanaises en septembre, la quasi-totalité de la population arménienne a fui la république autoproclamée du Haut-Karabakh, qui a annoncé sa dissolution au 1er janvier 2024.

La parole de Mme von der Leyen était particulièrement attendue, alors que plusieurs voix en France avaient dénoncé ses déclarations de juillet 2022 qualifiant l'Azerbaïdjan de "partenaire fiable", malgré les accusations de violations des droits humains visant le régime d'Ilham Aliev. L'Union européenne cherchait alors des sources alternatives au gaz russe et avait passé des accords avec Bakou. 

Dans une lettre ouverte publiée dans le Figaro, des parlementaires de la majorité ont déploré que la "réaction sans ambiguïté, puissante et coordonnée" de l'UE en soutien à l'Ukraine "contraste amèrement avec la faiblesse de la réponse aux exactions azéries au Haut-Karabakh depuis plusieurs mois et ces dernières semaines en particulier."

"Le pouvoir énergétique ou militaire n'exonère impunément aucun pays du respect du droit international et des droits de l'Homme", insistent les signataires.

L'Europe doit faire plus

"L'Europe doit faire beaucoup plus, vous le savez, et nous sommes en soutien", avait lancé, en accueillant la présidente de la Commission, le patron du parti et président du groupe Renew au Parlement européen, Stéphane Séjourné.

Après l'opération au Haut-Karabakh, beaucoup craignent que l'Azerbaidjan soit tenté de pousser son avantage et de prendre le contrôle d'une partie du territoire arménien. 

Les Arméniens de France avaient vu une "grave faute" dans la présence de Mme von der Leyen à Bordeaux, en jugeant que la présidente de la Commission européenne avait une "complicité active" dans les événements en cours au Haut-Karabakh.

Hôte de ce campus de rentrée, la ville de Bordeaux est par ailleurs jumelée avec Bakou, la capitale azerbaïdjanaise, depuis 1979.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a indiqué jeudi qu'il avait invité Ilham Aliev et le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, à Bruxelles d'ici à fin octobre.

Depuis Grenade, où il participait au sommet de la Communauté politique européenne, le président de la République, Emmanuel Macron, a jugé que le temps n'était "pas aux sanctions" contre l'Azerbaïdjan et qu'il fallait continuer de discuter avec ce pays pour "protéger au mieux" l'Arménie.

A Bordeaux, Mme von der Leyen a également dénoncé l'attaque "insensée" du Hamas et affirmé que l'Union européenne se tenait "aux côtés d'Israël".

La présidente de la Commission a été particulièrement applaudie par les quelque 2.500 personnes présentes au Palais des Congrès de Bordeaux, où Renaissance avait mis l'Europe au centre de sa rentrée politique.

"Il est assez rare qu'un parti politique décide de focaliser son université d'été sur l'Europe", "preuve encore une fois que votre parti a l'Europe à cœur. Cela nous unit, vous et moi", a lancé en introduction cette membre du PPE, le parti de la droite à l'échelle européen.

Dimanche, Élisabeth Borne prononcera le discours de clôture du campus, après les interventions de M. Séjourné et de ses alliés au sein de la majorité d'Emmanuel Macron, François Bayrou (MoDem) et Édouard Philippe (Horizons).

La majorité n'a pas encore désigné sa tête de liste pour les élections européennes de juin 2024, renvoyant ce choix à début janvier.

33XN8JQ