Chez Hargassner, une transmission d'entreprise en douceur

La société Hargassner poursuit sa route à La Fère. Cette concession du groupe autrichien, spécialisé dans les chaudières à bois, change de gérant depuis le début de l'année. Le Compiégnois Nicolas Germon succède à Daniel Gondry qui a ouvert la concession en 2007. Un changement en douceur pour l'entreprise axonaise et l'histoire d'une belle rencontre entre deux entrepreneurs.

« Quand j'ai appelé pour la première fois Daniel au téléphone, j'ai su au bout de cinq minutes que cette entreprise pourrait me correspondre, relate Nicolas Germon, ancien directeur commercial, passé par de grands groupes comme Sony. Nous nous sommes ensuite rencontrés avec lui, sa femme Adélaïde, assistante de direction et actionnaire de l'entreprise, et avec son fils Antoine qui ne souhaitait pas reprendre mais qui avait travaillé pour la société durant un temps. La rencontre a duré de l'après-midi jusqu'au soir, ils ont répondu à toutes mes questions et même au-delà, j'ai tout connu de la santé financière de l'entreprise, de son process, de son métier, de son potentiel. »

L'histoire d'une reprise réussie

Cette rencontre a été rendue possible par l'entremise de l'association CRA Amiens (Cédants et repreneurs d'affaires), qui vise justement à favoriser la reprise de TPE et PME. « J'avais déjà suivi une formation d'un mois avec CRA Formation à Paris où on retourne réellement à l'école, on rencontre des juristes, des experts-comptables, on apprend à analyser des bilans, des comptes de résultats et à valoriser une entreprise et on reçoit des témoignages de repreneurs, rappelle Nicolas Germon. Et puis j'étais allé me présenter à une réunion de l'association CRA à Amiens et c'est là où j'ai entendu parler de Hargassner. »

Nicolas Germon avait alors déjà rencontré de nombreux chefs d'entreprise dans l'Oise et dans l'Aisne et même si cela n'avait pas "matché", il en connaissait plus sur la façon de reprendre une entreprise. « J'ai eu des portes ouvertes grâce au réseau Entreprendre Picardie, au Medef Oise, aux CCI de l'Oise et de l'Aisne et j'ai commencé à rencontrer des cédants potentiels d'entreprise, explique-t-il. C'est un marché assez souterrain dans le sens où les entrepreneurs ne vont pas aller poster une annonce pour annoncer que leur société est à vendre et cela se comprend, il y a des salariés, des fournisseurs, des clients et ça reviendrait à envoyer des signaux négatifs à tous. »

Après plusieurs rencontres infructueuses mais enrichissantes, c'est donc grâce à CRA que Nicolas Germon a pu rencontrer Daniel Gondry. « J'avais fait une fiche de cadrage pour définir quel type d'entreprises je recherchais en me disant que mes compétences, ce sont la vente, le management et qu'il me fallait plutôt une société de négoce avec des produits à valeur ajoutée, plutôt à taille humaine donc avec moins de vingt salariés, des conditions économiques qui me permettent de me rémunérer donc un chiffre d'affaire au-delà de 1,5 million d'euros et puis comme j'habite à Compiègne, il fallait que ce soit à une heure de route maximum, liste-t-il. Quand j'ai rencontré Daniel, j'ai su que ça cochait toutes ces cases et puis la raison de la cession, c'était qu'il allait partir à la retraite et il se montrait prêt à m'accompagner et à me former. »

Complicité entre cédant et repreneur

Voilà comment après plusieurs semaines dédiées à un processus administratif comprenant notamment un audit de la société, Nicolas Germon s'est retrouvé à la tête d'Hargassner-Nord. « C'est une société créée il y a 40 ans en Autriche par M. Hargassner, elle a été importée en France par le frère de Daniel Gondry au début des années 2000 et elle fabrique des chaudières à bois que ce soit à bûche, à granulés ou mixte (bois déchiqueté ou miscanthus) pour les particuliers, les entreprises et aussi pour les collectivités où nous sommes capables de réaliser des réseaux de chaleur pour les petites communes, situe le repreneur. L'ADN de l'entreprise, c'est le chauffage au bois, c'est une énergie zéro carbone qui intéresse les entreprises pour des raisons économiques et écologiques. Tout est construit en Europe et ici nous avons une équipe de huit salariés et nous ré-assemblons des pièces et nous faisons des ajustements. »

Hargassner à La Fère rayonne sur les Hauts-de-France, l’Île-de-France, une partie de la Normandie et jusque dans la Marne et les Ardennes. La société s'appuie sur un tissu de 200 installateurs et chauffagistes locaux pour installer les chaudières chez les clients. Le groupe a par ailleurs racheté le leader européen des capteurs solaires thermiques et le leader polonais de la pompe à chaleur. « C'est une belle entreprise reconnue pour son service client, c'est ce que Daniel a très bien développé, c'est-à-dire que quand nos clients, par exemple des crèches ou des maisons de retraite ont un problème de chauffage, nous faisons tout pour qu'en 24 heures le problème soit réglé, nous avons ici 4 000 références de pièces, indique Nicolas Germon. Maintenant, il faut faire savoir que cette entreprise travaille bien, qu'elle est ici, et qu'elle développe des solutions d'avenir. »

Daniel Gondry qui continue à s'impliquer dans l'entreprise, a formé Nicolas Germon sur le plan technique et se montre satisfait de cette reprise. « Cela s'est très bien passé et ça continue, confirme-t-il. Cela n'est pas toujours le cas puisque j'ai l'exemple d'un repreneur d'une autre entreprise avec le cédant qui devait accompagner et quand j'ai rappelé le repreneur pour avoir des nouvelles, il m'a dit qu'il avait congédié le cédant. Nicolas apporte de nouvelles idées qui sont très bonnes et il a une approche commerciale que je n'avais pas donc c'est intéressant. » Un signe que les reprises peuvent se passer en douceur...