Stratégie

Chauny : Châssis France, un savoir-faire ancestral qui perdure

Depuis huit ans, l’entreprise Châssis France basée à Chauny, spécialisée dans la fabrication de châssis nus, de châssis entoilés et de rouleaux de toiles pour les Beaux-Arts, ne cesse de se développer. Henri Decanter, le Directeur général, a encore de nombreux projets dans les cartons.

Henri Decanter, Directeur général de Châssis France. ©Aletheia Press/ L. Péron
Henri Decanter, Directeur général de Châssis France. ©Aletheia Press/ L. Péron

Il y a huit ans, Henri Decanter s’est lancé dans une nouvelle aventure : l’entrepreneuriat. Il a racheté l’entreprise Châssis France basée à Chauny, spécialisée dans la conception et la fabrication, standard et sur mesure, de châssis nus, de châssis entoilés et de rouleaux de toiles pour les Beaux-Arts. « Cette société, au savoir-faire unique, était au bord du dépôt de bilan. Passionné par le bois, j’ai décidé de reprendre les choses en main », introduit l’actuel dirigeant. Rapidement, l’entrepreneur adopte une nouvelle stratégie. Accompagné de sept salariés, il étoffe le catalogue produits, réduit les délais de livraison et développe de nouveaux marchés. Peu à peu, l’entreprise qui travaille uniquement en BtoB reprend pied et retrouve un équilibre.

« Aujourd’hui, nous sommes quatorze salariés et nous fabriquons jusqu’à 60 000 châssis standards par an. Nos produits sont destinés aux musées, aux restaurateurs d’œuvre d’art, aux revendeurs beaux-arts et à la grande distribution, entre autres… », chiffre Henri Decanter. La société peut se vanter de disposer d’un catalogue de 150 formats standards et de 80 toiles différentes.

Objectif : 200 000 châssis et 10 000 rouleaux de toile

En avril 2023, la société a franchi une nouvelle étape. Henri Decanter a fait l’acquisition d’ARTFIX, une société créée en 1958, à Tourrettes-sur-Loup (Alpes-Maritimes), spécialisée dans la fabrication de toiles. Châssis France devient Châssis France – ARTFIX. « Sept salariés travaillent pour cette entité qui fabrique près de 6 000 rouleaux de toile par an », précise le Directeur général. 

Cette acquisition permet de désengorger l’atelier de Châssis France basé à Chauny et d’atteindre des marchés internationaux. « À présent, toutes nos toiles sont fabriquées à Tourrettes-sur-Loup, nous avons gagné de l’espace à Chauny, pour nous concentrer uniquement sur la conception de châssis. De plus, ARTFIX exporte à 70%, quand Châssis France travaille en majorité avec la France, nous allons croiser nos marchés et nos clients », explique Henri Decanter. Une stratégie gagnant-gagnant.

D’ici 2026, les deux entités devraient loger sous le même toit. « Notre projet, c’est d’agrandir notre bâtiment, pour passer de 2 000 m² à 6 000 m², afin que les deux entités soient à Chauny », confesse le Directeur général. Ainsi, les coûts de transport seront moindres et le bilan carbone compétitif. « À terme, nous aimerions concevoir jusqu’à 200 000 châssis et 10 000 rouleaux de toiles », affirme Henri Decanter.

L’entreprise qui fabrique déjà jusqu’à 60 000 châssis par an, entend, à termes, en concevoir 200 000. ©Aletheia Press/ L. Péron

La qualité pour lutter contre la concurrence

L’entreprise est en croissance, mais la concurrence est rude. À l’international, les Chinois, comme les Polonais, tentent de faire leurs trous. Alors, pour se démarquer, la société chaunoise mise sur des matériaux français et de qualité. « Le bois premium OA-OB que nous utilisons provient des Vosges, les matières premières utilisées pour nos toiles sont cultivées dans le nord de la France et nos clous et semences sont fabriqués au sein de la dernière clouterie française, qui est basée à Creil », liste le Directeur général.

Châssis France et ARTFIX misent aussi sur leurs savoir-faire ancestraux. « Nous fabriquons des châssis sans clou, ni vis. Notre technique, c’est les tenons-mortaises, ce qui fait que nous sortons des produits haut de gamme, détaille Henri Decanter, avant de poursuivre : Quant à nos toiles, c’est une fabrication à l’ancienne, au sabre. » 

Pour ses techniques ancestrales, Châssis France, pourrait prochainement être reconnue comme entreprise du patrimoine vivant. « Ce serait une belle reconnaissance et un gage de qualité pour nos clients », conclut Henri Decanter. Le dépôt de bilan est loin, mais le dirigeant reste sur le qui-vive. Il ne reste plus que deux entreprises de fabrication de châssis pour les Beaux-Arts en France.