Un été en France
Châteauneuf-du-Pape : de la culture de la vigne à celle de l’esprit
Si pendant longtemps, Châteauneuf-du-Pape s’est contentée d’être la plus ancienne Appellation d’origine contrôlée (AOC) au monde, le village vauclusien aux 13 cépages joue aujourd’hui la carte de la culture et de l’art de vivre toute l’année.
Châteauneuf-du-Pape c’est avant tout la culture de la vigne. C’est désormais aussi celle de l’esprit. Résidence d’été de la papauté depuis l’an 1314, le village de 2 000 habitants a commencé par apprivoiser Avignon, sa bouillonnante voisine, dont la 77e édition du festival de théâtre vient de battre tous les records. Une soif de culture qui a fait de Châteauneuf la première commune a accueillir en 2015, avec un succès jamais démenti depuis, des spectacles délocalisés du festival Off. Un essaimage du spectacle vivant aujourd’hui largement copié par les villes alentours.
L’an
dernier, la municipalité a aussi lancé Les causeries de
Châteauneuf-du-Pape. Des rencontres philosophiques de haute
volée, ouvertes au public, qui précédent l’été. Cette année
Michel Onfray et François-Xavier Bellamy étaient venus évoquer le
thème
«Temps long et
maturation». Le tout animé par Franck Ferrand, historien,
conférencier, auteur et journaliste que l’on retrouve notamment
lors des étapes du Tour de France afin de relater l’Histoire des
lieux emblématiques jalonnant le parcours de la grande boucle.
Des bulles dans le Châteauneuf !
Si Châteauneuf-du-Pape se décline en évènements festifs et gourmands tout au long de l’année, le village fait maintenant la part belle au 9e art. En juin dernier, il a accueilli la 3e édition de son festival de BD initié par Raphaël Vannelle, le gérant de la Distillerie locale A. Blachère à qui l’on doit le dorénavant célèbre «Pac à l’eau». Un sirop de citron naturel s’écoulant à plus de 800 000 bouteilles par an, qui vient de célébrer ses 60 ans avec une édition limitée d’étiquettes collectors signées par le grapheur C215 et le peintre Claude Vialat.
Ancrée
dans ses traditions, Châteauneuf n’en oublie pas pour autant son
passé. Ainsi, la commune a profité de la parenthèse du Covid pour
moderniser le format de sa traditionnelle fête médiévale de la
Véraison. Elle reste cependant toujours l’occasion de rappeler son
histoire médiévale avec l’arrivée des papes au XIVe siècle.
Près de 35 000 visiteurs ont participé début août aux festivités
de cette 36e édition où vignerons et habitants du
village revêtent leurs costumes d’époque entourés des troupes de
comédiens et de passionnés du Moyen-âge.
Une terre de vigne et de gastronomie
Mais Châteauneuf-du-Pape reste aussi avant tout une terre de vigne. L’appellation dispose d’une vinothèque à la hauteur de la réputation de sa production devenue officiellement la première AOC (Appellation d’origine contrôlée) mondiale en 1936 après avoir initiée cette démarche de certification dès 1923 !
Baptisée Vinadea, cette nouvelle vitrine entièrement réaménagée portée par les vignerons du syndicat de Châteauneuf-du-Pape est creusée dans la matrice géologique même de l’appellation castel papale, en plein cœur du village.
Lieu
dédié au grand public comme aux professionnels, cette maison des
vins propose toute une série d’ateliers participatifs de
dégustation classique mais aussi des initiations géo-sensorielles
permettant de déceler les subtilités des sols et leur impact sur le
caractère unique des vins ou bien encore une découverte du vin au
travers du sens du toucher. Outre les vins de l’ensemble des
domaines des 3 200 hectares de l’appellation répartie sur
Châteauneuf-du-Pape, Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues on
y retrouve également des formations, des événements, des
expositions et avec une collection incomparable de taste-vins.
Une étoile parmi les vignes
Terre d’Art de vivre également, Châteauneuf, site remarquable du goût depuis 2006, dispose à nouveau d’une grande table à la hauteur de la renommée de ses vins. Véritable institution gastronomique depuis 1922, La Mère Germaine (une ancienne cuisinière au Palais de l’Elysée) a, sous l’impulsion d’Isabelle et Arnaud Strasser, repris des couleurs ses dernières années en décrochant une étoile au guide Michelin. Et depuis l’an dernier, c’est le talentueux Chef belge Christophe Hardiquest (2 étoiles Michelin pour son restaurant ‘bon bon’ à Bruxelles) qui s’est installé dans les cuisines de l’hôtel-restaurant offrant une vue imprenable sur les vignes depuis ses terrasses.
Laurent GARCIA - L'écho du Mardi pour
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