Chargé par l'enquête, l'ex-compagnon d'Aurélie Vaquier nie l'avoir tuée et enterrée

Dès l'ouverture de son procès devant les assises de l'Hérault, Samire Lymani s'est défendu d'avoir étranglé puis enterré sa compagne dans un sarcophage de béton, au domicile conjugal, son avocat s'employant ensuite à contester pied à...

La cour d'assises de l'Hérault, au tribunal de Montpellier, le 9 janvier 2024 © Pascal GUYOT
La cour d'assises de l'Hérault, au tribunal de Montpellier, le 9 janvier 2024 © Pascal GUYOT

Dès l'ouverture de son procès devant les assises de l'Hérault, Samire Lymani s'est défendu d'avoir étranglé puis enterré sa compagne dans un sarcophage de béton, au domicile conjugal, son avocat s'employant ensuite à contester pied à pied les nombreux éléments à charge de l'enquête.

"Madame la présidente, je suis innocent, je suis là pour me battre pour Aurélie", a déclaré Samire Lymani, pull-over noir et cheveux rasés sur les côtés, lors sa première prise de parole depuis le box des accusés mardi matin, en évoquant Aurélie Vaquier, 38 ans, retrouvée sans vie le 7 avril 2021 à Bédarieux, dans le Haut-Languedoc.

Jugé jusqu'au 16 ou 17 janvier à Montpellier pour "meurtre par concubin", il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. "Il joue sa vie, tout simplement", et "il est en colère", parce que "le réel coupable court toujours", avait expliqué son avocat, Me Mathieu Montfort, avant l'ouverture du procès.

Interrogé sur son parcours de vie, l'homme de 41 ans a répondu du tac au tac aux questions de la présidente de la cour d'assises, n'hésitant pas à la reprendre sur des détails. Sur sa relation, vieille de quelques mois seulement, avec Aurélie Vaquier, il a ainsi évoqué avec assurance un "amour fusionnel", expliquant que, malgré des disputes, ils avaient "des projets en commun", notamment d'ouvrir un commerce.

Il a en tous cas douché les espoirs que pouvaient encore entretenir les proches de la jeune femme, pour qui sa culpabilité ne fait pas de doute et qui attendaient le procès afin de comprendre "pourquoi ça s'est passé dans des conditions aussi atroces", selon leur avocat, Me Félix Allary.

Samire Lymani avait signalé la disparition de sa compagne le 23 février 2021, près d'un mois après que, selon lui, elle avait donné signe de vie pour la dernière fois. Elle aurait quitté le domicile conjugal avec uniquement son téléphone portable et quelques vêtements, puis elle aurait envoyé un message étrange, évoquant son désir de se retirer "à la campagne" pour lire et écrire. 

Son cadavre avait finalement été découvert par les gendarmes au domicile même du couple, dans un cercueil fait d'un "mélange de chaux et de sable" de 2 m sur 1 m coulé sous une estrade en bois couverte d'un empilement d'objets, a expliqué mardi l'officier de gendarmerie qui a dirigé l'enquête.

Enterrée vivante ?

Selon l'hypothèse "privilégiée" des légistes, la jeune femme aurait été étranglée. Interrogés mercredi, ceux-ci n'ont jamais pu déterminer si la jeune femme n'aurait pas été enterrée inconsciente, certes, mais vivante.

Père de deux enfants, en cours de divorce, l'accusé s'était installé dans l'Hérault à l'été 2020. Quelques mois à peine avant d'y rencontrer Aurélie Vaquier, vendeuse de produits cosmétiques artisanaux et de "pierres ésotériques".

Aux enquêteurs, Samire Lymani a affirmé que sa compagne était partie fin janvier 2021 et que lui-même s'était rendu au même moment en région lyonnaise. De retour au domicile conjugal après une semaine, il n'avait pas signalé sa disparition mais avait continué à utiliser sa carte bancaire, tout en tenant des propos désobligeants à son égard et en fréquentant assidument des sites de rencontres. 

Et si les enquêteurs sont persuadés que le sarcophage a bien été réalisé par son compagnon, l'accusé assure que sa compagne a été tuée durant son absence de Bédarieux, par un inconnu, qui l'aurait ensuite enterrée.

Le signalement tardif de la disparition et des "incohérences" dans ses explications font néanmoins qu'il reste "le principal suspect", a expliqué dans l'après-midi le directeur d'enquête.

Face aux nombreuses questions de Me Montfort, le gendarme a toutefois dû reconnaître que l'instruction n'avait "pas pu mettre en lumière de mobile évident" ou encore qu'un ordinateur portable d'Aurélie Vaquier n'avait "pas été envoyé" à l'expertise.

De même, face au "ressenti des proches" d'Aurélie Vaquier pour qui son dernier message supposé, truffé de fautes d'orthographes, ne pouvait être de son fait, l'avocat a démontré, exemples à l'appui, que la jeune femme ne maîtrisait pas si bien que ça la grammaire et la conjugaison.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a récemment avancé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022, une baisse accueillie avec prudence par les associations féministes.

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