Ce que l'on sait de la crise diplomatique entre l'Equateur et le Mexique

Voici ce que l'on sait de la crise diplomatique entre l'Equateur et le Mexique après le raid policier contre l'ambassade mexicaine à Quito vendredi pour arrêter l'ancien vice-président équatorien...

Des policiers équatoriens lors du raid contre l'ambassade mexicaine à Quito, le 5 avril 2024 © ALBERTO SUAREZ
Des policiers équatoriens lors du raid contre l'ambassade mexicaine à Quito, le 5 avril 2024 © ALBERTO SUAREZ

Voici ce que l'on sait de la crise diplomatique entre l'Equateur et le Mexique après le raid policier contre l'ambassade mexicaine à Quito vendredi pour arrêter l'ancien vice-président équatorien Jorge Glas, qui s'y était réfugié.

Escalade des tensions

La crise débute mercredi dernier par des critiques émanant du président mexicain Andrés Manuel López Obrador, sur la conduite de la présidentielle équatorienne de 2023.

Le chef d'Etat accuse les autorités équatoriennes d'avoir exploité l'assassinat du candidat d'opposition Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l'élection du libéral Daniel Noboa au détriment de la candidate de gauche Luisa González.

Fernando Villavicencio a été abattu après un meeting de campagne à quelques jours de l'élection du 20 août. 

Le lendemain, le gouvernement équatorien annonce expulser l'ambassadrice mexicaine à Quito, Raquel Serur.

Vendredi, le Mexique octroie l'asile à l'ancien Jorge Glas, réfugié depuis le 17 décembre dans son ambassade et visé par un mandat d'arrêt pour corruption présumée. 

Jorge Glas, vice-président entre 2013 et 2017 sous l'ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d'avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction de villes côtières après un séisme en 2016. 

Quito qualifie cette décision d'"illégale", dénonçant un "abus des immunités et privilèges" accordés à l'ambassade et une ingérence dans ses affaires intérieures.

Un raid sans précédent

Des policiers font irruption dans l'ambassade pour arrêter Jorge Glas, une intrusion dans une enceinte diplomatique sans précédent récent dans le monde.

Des images publiées dans les médias locaux montrent le chef de la mission diplomatique mexicaine, Roberto Canseco, crier "c'est un scandale!" en courant derrière des véhicules quittant son ambassade. S'ensuit une bousculade, au cours de laquelle M. Canseco tombe à terre.

"C'est totalement hors norme, je suis très inquiet qu'ils puissent tuer Jorge Glas", dit M. Canseco à une télévision locale, encore tremblant.

Le président mexicain dénonce une "violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique", et dit son intention de porter l'affaire devant la Cour internationale de justice.

Dans la foulée, Mexico annonce la rupture des relations diplomatiques avec l'Equateur, suivi samedi par le Nicaragua.

Le personnel diplomatique mexicain, dont l'ambassadrice et le chef de la mission diplomatique, a quitté l'Equateur dimanche.

"Notre personnel diplomatique laisse tout derrière lui en Equateur et rentre chez lui la tête haute (...) après l'assaut contre notre ambassade", a écrit la ministre des Affaires étrangères mexicaine, Alicia Bárcena, sur le réseau social X (anciennement Twitter). 

Déjà condamné à six ans de prison en 2017, M. Glas a lui été transféré samedi dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (sud-ouest de l'Equateur), selon des sources gouvernementales.

Réprobation internationale

L'Equateur est vivement critiqué par les gouvernements de gauche d'Amérique latine, du Brésil au Venezuela, en passant par le Chili, et même par l'Argentine du président ultralibéral Javier Milei. L'Organisation des Etats américains (OEA), l'Union européenne et l'Espagne ont également condamné l'intrusion. 

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "alarmé" par le raid, estimant que toute violation des enceintes diplomatiques "compromet la poursuite de relations internationales normales", selon son porte-parole.

Les Etats-Unis - qui condamnent "toute violation de la Convention de Vienne" - ont encouragé le Mexique et l'Equateur "à résoudre leurs différends dans le respect des normes internationales". 

La convention de Vienne de 1961 prévoit que les ambassades et les consulats "sont inviolables".

La présidente du Honduras, Xiomara Castro, qui assure la présidence temporaire de la Communauté des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac), a appelé à une réunion d'urgence lundi.

Cette situation est "un scandale international", a déclaré à l'AFP l'ancien ambassadeur équatorien à Londres Mauricio Gándara, jugeant que "cela sera très difficile à rétablir sans l'intervention de pays amis".

"Nous avons rompu avec tous les schémas du comportement de la diplomatie traditionnelle", a estimé auprès de l'AFP Roberto Beltrán, professeur de gestion des conflits à l'Université de Loja (sud de l'Equateur).

La rupture des relations "a des implications économiques, diplomatiques, culturelles", qui pourraient "affecter considérablement ses échanges commerciaux avec le Mexique et probablement d'autres pays", a-t-il averti.

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