Cazeneuve et Bertrand reçus lundi par Macron pour discuter d'une nomination à Matignon

L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve et le président Les Républicains (LR) des Hauts-de-France Xavier Bertrand seront reçus lundi par Emmanuel Macron, toujours en quête d'un chef de gouvernement, près de deux mois après des élections législatives qui...

Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, en compagnie d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, sur le perron de l'Hôtel Matignon le 28 mai 2017 © FRANCOIS GUILLOT
Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, en compagnie d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, sur le perron de l'Hôtel Matignon le 28 mai 2017 © FRANCOIS GUILLOT

L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve et le président Les Républicains (LR) des Hauts-de-France Xavier Bertrand seront reçus lundi par Emmanuel Macron, toujours en quête d'un chef de gouvernement, près de deux mois après des élections législatives qui ont conduit à une Assemblée nationale sans majorité.

L'annonce de ces rendez-vous témoigne d'une accélération des consultations menées par Emmanuel Macron, qui entrent dans leur phase ultime après 55 jours de crise politique. Les noms des ex-ministres, l'un de gauche l'autre de droite, sont régulièrement cités pour prendre la tête d'un gouvernement dans cette configuration politique très complexe.

C'est Bernard Cazeneuve qui ouvrira le bal dès 8h45, après plusieurs jours d'intenses spéculations qui semblent le placer en position de favori. Sa nomination à Matignon est "une possibilité mais ce n’est pas une certitude", "c’est une option mais il faut regarder de près", a indiqué une source proche d'Emmanuel Macron.

Le président s'entretiendra ensuite avec ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy. Chantre d'une droite sociale, Xavier Bertrand, lui aussi ancien ministre, est attendu à l'Elysée dans l'après-midi.

Selon son entourage, le chef de l'Etat devrait laisser passer la rentrée scolaire lundi, et une nomination pourrait intervenir mardi.

Bernard Cazeneuve a fait savoir par son entourage qu'"il n'est pas demandeur" mais s'il va à Matignon, ce sera "par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays".

L'ancien ministre de l'Intérieur, au moment des attentats de 2015, et Premier ministre des derniers mois du quinquennat de François Hollande "est un homme de gauche responsable qui tiendra compte de la situation politique mais aussi économique du pays", a-t-on ajouté.

Emmanuel Macron est à la recherche d'un Premier ministre qui puisse ne pas faire l'objet d'une censure immédiate de la part des forces politiques à l'Assemblée.

C'est ce motif qu'il a avancé pour écarter la nomination de Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (LFI-PS-Ecologistes-PCF), l'alliance de gauche arrivée en tête des dernières législatives.

S'il est de centre-gauche, l'ancien socialiste âgé de 61 ans a quitté le PS en 2022, opposé à l'accord avec LFI au sein de la Nupes, et son profil paraît moins clivant pour la macronie, la droite et même l'extrême droite. 

Le président du Modem François Bayrou a estimé sur LCI qu'il remplit "deux conditions essentielles: quelqu'un d'expérimenté et qui a un crédit dans l'opinion". 

Et son arrivée à Matignon pourrait fracturer les socialistes, qui ont étalé au cours du week-end leurs divisions sur le positionnement à adopter face à la nomination d'un chef de gouvernement autre que Lucie Castets. L'hypothèse Cazeneuve est "crédible et sérieuse", a par exemple jugé la maire de Paris Anne Hidalgo.

Censure à gauche

"Bernard Cazeneuve n'est soutenu par aucun des quatre partis de gauche du pays", a répondu dimanche Manuel Bompard sur BFMTV. "Le Nouveau Front populaire s'est construit en rupture avec la politique de François Hollande, dont Bernard Cazeneuve était le Premier ministre", a réaffirmé le coordinateur de LFI, lui promettant la censure.

Côté écologiste, l'hostilité à l'ancien maire de Cherbourg vient de son soutien à l'énergie nucléaire, et au souvenir de la mort du militant Rémi Fraisse sur le barrage de Sivens lors d'affrontements avec les forces de l'ordre en 2014.

Si François Hollande ne devrait pas dissuader Emmanuel Macron de nommer Bernard Cazeneuve, tel devrait être le cas de Nicolas Sarkozy. 

"Ce n'est pas la solution qui m'apparaît la plus en adéquation avec le centre de gravité de la politique française, qui est à droite", a-t-il plaidé vendredi dans Le Figaro. L'ancien président souhaite un "Premier ministre de droite".

Mais sa position n'est pas partagée par les dirigeants des Républicains, Laurent Wauquiez en tête, qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027 et refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.

"Si Xavier Bertrand souhaite prendre sa part au redressement de la France et éviter la crise, c'est un bon choix", a dit Nicolas Sarkozy.

Avec les deux hommes, Emmanuel Macron devrait examiner les conditions dans lesquelles ils pourraient exercer la fonction. "Le camp présidentiel n’a pas la majorité absolue mais il ne va pas non plus passer dans l’opposition. Ni coalition ni cohabitation, c’est un peu une coalitation!", a assuré un membre de l'entourage du chef de l'Etat, usant d'un néologisme qui commence à faire flores en macronie.

Avec Bernard Cazeneuve, devrait être abordé le sujet délicat de la réforme des retraites, impopulaire et rejetée par la gauche, alors qu'Emmanuel Macron redoute de voir détricoté son bilan. Pourquoi pas un "gel" et de nouvelles discussions avec les syndicats, plutôt qu'une abrogation pure et simple, a avancé dimanche le député PS Jérôme Guedj.

Le temps presse pour un nouveau gouvernement car le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard. Avant cette date, le Parlement pourrait cependant être convoqué en session extraordinaire pour écouter le discours de politique générale d'un nouveau Premier ministre.

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