Casino va céder l'essentiel de ses super et hypermarchés à ses concurrents

Ce sont finalement 288 super et hypermarchés qui vont quitter le giron de Casino: le distributeur en difficultés financières va vendre ces magasins à ses concurrents Auchan et Intermarché, lequel doit ensuite...

Un supermarché Casino à Ploubalay, dans les Côtes-d'Armor, le 5 juillet 2023 © Damien MEYER
Un supermarché Casino à Ploubalay, dans les Côtes-d'Armor, le 5 juillet 2023 © Damien MEYER

Ce sont finalement 288 super et hypermarchés qui vont quitter le giron de Casino: le distributeur en difficultés financières va vendre ces magasins à ses concurrents Auchan et Intermarché, lequel doit ensuite en céder une petite trentaine à Carrefour.

Casino était entré en négociations en décembre avec Auchan et Intermarché pour leur céder une large partie de ses magasins sous enseignes Casino ou ex-Géant, renommés depuis Casino Hyper Frais.

Il a annoncé mercredi avoir signé des accords pour céder à ses concurrents 288 hyper et supermarchés, y compris leurs stations-services, d'ici le deuxième trimestre 2024 et "sur la base d'une valeur d'entreprise comprise entre 1,3 et 1,35 milliard d'euros", selon un communiqué.

"Les Mousquetaires et Auchan contribuent ainsi à préserver plus de 12.000 emplois dans les magasins", revendiquent les candidats à la reprise dans un communiqué commun. Leurs patrons respectifs, Thierry Cotillard et Yves Claude, évoquent un "virage stratégique dans le secteur de la distribution en France et pour nos entreprises".

"On réalise pleinement le démantèlement de Casino", s'est pourtant exclamé Nathalie Devienne (FO), porte-parole de l'intersyndicale Casino.

Dans le détail, 98 magasins, plutôt de grande taille, devraient passer sous enseigne Auchan, et 190 vont être cédés au groupement des Mousquetaires/Intermarché.

Sur ce dernier total, 26 devraient être cédés par Intermarché à Carrefour, notamment dans les zones où les acquisitions pourraient poser des problèmes de concurrence.

Le groupe Carrefour a ainsi annoncé mercredi soir être entré en "négociations exclusives" pour acquérir au total 31 magasins d'Intermarché, parmi lesquels cinq "rachetés directement" au groupement d'indépendants.

L'acquisition des 31 magasins, dont le montant n'est "pas significatif" selon Carrefour, porte sur un parc pesant environ 400 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et doit être conclue au "deuxième trimestre 2024".

Transfert en trois vagues

En France, E.Leclerc est leader du marché avec environ 24% de parts de marché, devant Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan et Lidl. Casino était le septième acteur du secteur.

Au sein de Casino, il reste 26 magasins qui ne sont pas repris, selon l'intersyndicale. "L'avenir est incertain car il n'y aura plus de structure telle que DCF pour les gérer", note une représentante syndicale auprès de l'AFP.

DCF, ou Distribution Casino France, est l'entité dans laquelle sont regroupés notamment les super et hypermarchés français du groupe qui comptait encore 50.000 salariés en France fin 2022.

Evoquant une "désagréable surprise", Mme Devienne a demandé à Casino de "relancer des informations-consultations" pour "trouver des repreneurs".

Outre les 12.000 emplois concernés par un changement d'enseigne, le départ de ces nombreux magasins aura des conséquences pour les fonctions supports du groupe, notamment administrative et logistique.

Il est prévu un transfert des magasins en trois vagues successives, au 30 avril, 31 mai et 1er juillet, précise Casino. Ils prendront leurs nouvelles couleurs "entre mai et septembre 2024", indiquent de leur côté Intermarché et Auchan.

Les accords signés entre ces acteurs de la distribution alimentaire prévoient en outre que quatre entrepôts logistiques du groupe Casino soient repris par ses concurrents, précise l'entreprise. Celui d'Aix-en-Provence doit l'être par Auchan. Et "les contrats de prestations de services logistiques de Montélimar Frais (26), Corbas Gel (69) et Salon-de-Provence Gel (13)" doivent être "transférés au Groupement Les Mousquetaires".

Accords de substitution

Pour Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes où se trouve le siège du distributeur en difficultés, cette annonce est "une bonne nouvelle pour Casino et le bassin stéphanois", selon un communiqué mercredi.

Les repreneurs se sont engagés à "reprendre l'ensemble des contrats de travail des salariés affectés aux magasins et aux stations-services" et à maintenir "les dispositions et avantages résultant du statut collectif Casino pendant une période de 15 mois", ce qui est prévu par la loi.

L'intersyndicale Casino s'inquiète néanmoins des "conditions sociales qu'il va y avoir dans les magasins rachetés".

Auprès de l'AFP mardi, Sylvain Macé, secrétaire national de la CFDT Services, avait appelé les salariés à "négocier des accords de substitution dans les magasins Casino" qui vont changer d'enseigne.

Quant à Casino, le groupe encore contrôlé pour quelques mois par son PDG et premier actionnaire Jean-Charles Naouri est en pleine restructuration de sa dette. Il doit changer de mains à horizon mars/avril et passer sous le contrôle des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d'investissement Attestor.

Le tribunal de commerce de Paris doit statuer le 5 février sur le plan de sauvetage du distributeur, entré fin octobre et jusque fin février dans une procédure de sauvegarde accélérée.

DM-cda-ys/kap/pta

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