Casino: les offres d'argent frais attendues, dans un contexte toujours assombri par la dette
Les prétendants au sauvetage ou à la reprise de Casino avaient jusqu'à ce lundi pour soumettre leurs offres, alors que le distributeur français, qui espère voir son avenir s'éclaircir d'ici fin juillet, a demandé des "délais...
Les prétendants au sauvetage ou à la reprise de Casino avaient jusqu'à ce lundi pour soumettre leurs offres, alors que le distributeur français, qui espère voir son avenir s'éclaircir d'ici fin juillet, a demandé des "délais de grâce" pour ne pas honorer certaines dettes.
Lundi soir à 21H, aucun communiqué n'avait été publié par la direction du groupe. Dans la journée, le titre a lâché 3,34% en Bourse, son action valant désormais 3,93 euros.
Recapitalisation, crainte d'une découpe... Le sort du groupe stéphanois, 200.000 salariés dans le monde dont un quart en France, et de ses enseignes Monoprix, Franprix ou Cdiscount ne sera pas scellé avant plusieurs semaines, le temps d'examiner les arguments financiers présentés.
En attendant, il avait été demandé à des créanciers du distributeur de ne pas réclamer le versement des sommes dues le temps de la conciliation, qui peut durer au plus tard jusqu'à fin octobre. Mais certains ont refusé.
Le groupe avait donc annoncé lundi matin qu'il allait "solliciter du président du Tribunal de commerce, dans les prochains jours, l'application de délais de grâce".
Ces délais suspendraient les versements, le temps que la renégociation des dettes ait eu lieu, dans le cadre de la procédure de conciliation ouverte fin mai et qui peut durer jusqu'à fin octobre. A l'heure actuelle, l'endettement net du groupe s'élève au total à 6,4 milliards d'euros et celui de sa maison-mère Rallye à environ 3 milliards d'euros.
En outre, Casino a annoncé lundi qu'il n'avait pas respecté au 30 juin l'obligation d'avoir une dette brute qui n'excède pas 3,5 fois son excédent brut d'exploitation.
Le non-respect de cette obligation est synonyme de défaut de paiement pour le groupe. Il a dont été demandé aux créanciers concernés de ne pas demander à être remboursés le temps de la conciliation. A la date de lundi, "ces prêteurs n'ont pas répondu à la demande", a précisé Casino.
Objectif fin juillet
Le groupe espère "finaliser un accord de principe sur les termes de la restructuration financière d'ici le 27 juillet", avait-il indiqué précédemment.
Il souhaite une conversion massive de sa dette en capital, portant sur plus de 3 milliards d'euros de dettes non sécurisées et entre 1 milliard et 1,5 milliard d'euros de dettes sécurisées. Les détenteurs de ces créances (grandes banques, fonds, institutionnels...) deviendraient ainsi des actionnaires de Casino, au lieu de récupérer leur argent.
Le groupe veut aussi pouvoir au moins préserver l'activité en France.
Il espère une augmentation de capital "d'au moins 900 millions d'euros", pour avoir les "liquidités adéquates" permettant de mener à bien son plan stratégique 2023-25.
Plusieurs prétendants, qui avaient jusqu'à lundi pour officialiser leurs offres d'apports de fonds propres, sont déjà connus et plusieurs milliardaires ont manifesté leur intérêt publiquement.
Le Tchèque Daniel Kretinsky, déjà actionnaire de Casino à plus de 10% et qui souhaite en prendre le contrôle, est prêt à injecter 750 millions d'euros. A condition que la dette soit allégée, avec une augmentation de capital de plus d'un milliard d'euros à laquelle souscrirait à hauteur de 150 millions d'euros Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac), actionnaire lui aussi (12% du capital) et proche du PDG Naouri.
De son côté, le trio d'hommes d'affaires Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari s'est dit potentiellement prêt à investir jusqu'à 300 millions d'euros dans le cadre d'"un renforcement des fonds propres (avec d'autres acteurs) allant jusqu'à 1,1 milliard d'euros".
Dans le secteur de la grande distribution, Intermarché pourrait aider lui aussi à recapitaliser son concurrent tandis qu'au moins un autre acteur se pencherait sur le dossier.
Les syndicats, qui ont lancé une procédure de droit d'alerte économique pour en savoir plus sur la situation du groupe, s'inquiètent notamment d'une vente à la découpe et d'un transfert de magasins supplémentaires à Intermarché (au-delà des 119 déjà prévus), un groupement d'indépendants où la politique sociale dépend de chaque patron de magasin.
Quelle que soit la partition jouée, un changement d'ère se profile: Rallye, la maison- mère, "perdra le contrôle de Casino", avait indiqué le distributeur mercredi, mettant ainsi fin à la mainmise du patron historique Jean-Charles Naouri.
33M28NG