CPME de Meurthe-et-Moselle

Carole Chrisment, la résistante résiliente

À la tête de la CPME de Meurthe-et-Moselle depuis trois ans, Carole Chrisment a insufflé une professionnalisation certaine du syndicat patronal. Une nécessité pour activer le mode défense, mot d’ordre affiché aujourd’hui en osmose totale avec la ligne directrice nationale de son nouveau président Amir Reza-Tofighi. Un peu logique, vu le climat !

© Laurence Deleau « Aujourd’hui, il n’y a pas un secteur qui ne rencontre pas de problèmes », assure Carole Chrisment, la présidente de la   CPME de Meurthe-et-Moselle.
© Laurence Deleau « Aujourd’hui, il n’y a pas un secteur qui ne rencontre pas de problèmes », assure Carole Chrisment, la présidente de la CPME de Meurthe-et-Moselle.

Le rose de son chemisier se marie à la pureté du blanc des murs du bureau du siège, dans un immeuble au cœur de la Zac du Plateau de Haye de la rue André Bisiaux à Maxéville, du syndicat patronal qu’elle préside depuis maintenant trois ans. Un mariage de couleurs apaisant dans un climat général assombri et aux nuages menaçants. Carole Chrisment, la présidente de la CPME de Meurthe-et-Moselle le sait plus que bien : «les temps sont durs pour l’écosystème entrepreneurial.» Elle cite un chiffre, celui du dernier baromètre des défaillances en Meurthe-et-Moselle. Une hausse sur un an de 33,8 %. 

Les raisons évoquées sont souvent les mêmes : remboursement des PGE (Prêts garantis par l’État) impossible, résultats d’une mauvaise santé déjà perceptible avant la mise sous perfusion étatique pendant la période du «quoi qu’il en coûte» de l’ère Covid, boom des prix de l’énergie, inflation galopante en son temps et aujourd’hui un univers conjoncturel général et un environnement géopolitique quasi hors norme et aux limites de l’implosion additionné à une instabilité politique nationale nocive.

«Aujourd’hui, toutes les entreprises que je rencontre, adhérentes ou non à notre confédération, aucune ne me dit que tout va bien. Il n’y a pas un secteur qui ne rencontre pas de problème.» Depuis sa prise de présidence en 2022, celle qui est adhérente à la CPME depuis 1996, a mis un point d’honneur pour mettre en ordre de marche la confédération, histoire de réellement accompagner les entrepreneurs du territoire pour faire face.

Après l’avoir professionnalisée, musclée en termes d’actions et de soutien (mis en place des rendez-vous au cœur des entreprises, sessions de formation et d’information sur des sujets ciblés et apport de solutions pratico-pratiques, rencontres informelles pour briser la solitude bien connue des chefs et cheffes d’entreprise, accentuation de la présence de la confédération au cœur des organismes décisionnels à l’image des différents mandats qu’elle possède), la CPME de Meurthe-et-Moselle se veut aujourd’hui armée pour continuer «à défendre les intérêts de nos adhérents et d’une façon générale de l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial. Il en va du développement de nos entreprises et du développement de nos territoires.»

Une ligne de conduite en phase avec la ligne nationale insufflée par Amir Reza-Tofighi, élu président national en janvier succédant à François Asselin.

«François Asselin a fait un travail considérable pour que la CPME prenne réellement sa place au cœur des prises de décisions, qu’elle pèse réellement. Avec l’arrivée d’Amir Reza-Tofighi, nous allons franchir un nouveau cap. Son approche et son modèle me correspondent parfaitement», assure celle qui est également vice-présidente en charge de l’économie sociale et solidaire à la CPME Grand Est.

Le quadra, chef d’entreprise dans le secteur des services à la personne, est le plus jeune dirigeant à être porté à la tête de l’organisation patronale.

© Laurence Deleau. L’accompagnement s’affiche comme vital aujourd’hui dans la défense des entrepreneurs.

Nouveaux statuts

Son Pacte national et territoires se présente comme une volonté affichée de faire remonter réellement les propositions et retour terrain des confédérations départementales.

«Nous avons des visios tous les quinze jours, une fois par mois je suis à Paris au siège national. Il y a aujourd’hui une véritable vision région-département vers Paris.» Une approche que le nouveau président national a exposé (en visio) à l’occasion de la dernière AG de la confédération meurthe-et-mosellane début mars. La mise en place de nouveaux statuts et d’un nouveau règlement intérieur au sein des confédérations territoriales accentuent cette évolution engagée du syndicat patronal.

Les présidents des confédérations voient aujourd’hui leur mandat limité à trois ans, «ce qui va permettre d’éviter certaines baronnies.» Une convention d’objectifs et de moyens sera mis en œuvre également via les confédérations régionales. Évolution notable, un collège de fédérations sera mis en place au sein du conseil d’administration pour renforcer la représentativité à l’échelle des différents métiers. Une représentativité renforcée plus que nécessaire dans un climat général où le mode défense de la CPME prend tout son sens.

L’annonce récente, de la suppression par les députés du «Test PME» dans le cadre du projet de loi de simplification administrative jugée essentielle pour alléger le fardeau normatif des petites et moyennes entreprises, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de ce qui s’apparente aujourd’hui à un véritable fossé entre le monde politique (des sphères nationales, et de certaines territoriales) et celles et ceux qui font l’économie des territoires.

«Le politique ne connaît pas l’économie», Carole Chrisment connaît cette sphère pour y avoir évolué à l’époque où elle était notamment, à la fin des années 80 chargée de mission auprès de François Guillaume alors ministre de l’Agriculture. L’engagement politique, Carole Chrisment l’a toujours eu. En 1998, elle est la première à lancer une liste de femmes aux élections régionales avec un slogan que les plus anciens se rappellent. «Pour vous, nous prenons les choses en main». Révélateur d’un féminisme engagé ou d’un wokisme avant l’heure ? L’approche est un peu stéréotypée mais il y a sans doute un peu de cela.

«D’une façon générale, il faut continuer à se battre sur le sujet. Les vieux clichés sur la réussite des femmes à l’accession à des postes à responsabilité sont toujours bien présents. Tout comme dans l’entrepreneuriat, les femmes sont présentes mais souvent sous la forme de micro-entreprise, trop peu montent des SARL. Elles s’autocensurent encore elles-mêmes du fait d’un environnement sociétal et certains courants de pensées que l’on peut considérer comme anodin mais qui renforce cette nécessité de continuer et de ne pas baisser la garde.»

Empathie et rigueur

Les trophées annuels de l’Entrepreneuriat au féminin, menés par la commission éponyme de la CPME de Meurthe-et-Moselle, seront à leur treizième édition cette année. Ils révéleront, de nouveau, ce redondant et récurrent état de fait. L’engagement, la résistance, une certaine forme de résilience, apparaissent chevillés au corps de cette cheffe d’entreprise à la tête de deux crèches franco-anglaises à Laxou et d’une autre structure permettant d’accompagner à la création de ce type d’établissements. La résilience, la vraie, celle au plus profond de l’être, elle connaît plus que bien. Cela remonte à son adolescence.

À 16 ans, sportive affirmée sélectionnée pour les championnats nationaux d’escrime, elle est victime d’un grave accident, une chute fatale à son internat. Pendant deux ans, elle ne peut se lever. On lui assure alors qu’elle ne pourra plus marcher, au mieux elle sera en fauteuil.

Elle refuse de l’accepter, se bat, et c’est un peu un «lève-toi et marche» qu’elle s’impose. Miracle ? Peut-être, détermination farouche, c’est incontestable. De cette période, elle a appris l’importance du temps. Du temps pour les autres «que j’ai toujours

(c) CPME 54. La CPME 54 affiche aujourd’hui quelque cinq cents adhérents au compteur, ils étaient cent soixante en 2022.

Cette passion pour les autres, elle assure l’avoir toujours eu et pour elle, l’empathie, la vraie, est une force. Le combat, elle avoue ne pas aimer le terme, préfère celui de consensus «pour avancer» mais assure «qu’elle ne le refuse pas. Quand je défends une cause, j’y mets tout ce que j’ai avec ténacité

Une vraie bosseuse, Carole Chrisment qui ne lâche rien ! Son équipe le sait, la professionnalisation qu’elle a engagée dès son arrivée à la présidence de la confédération meurthe-et-mosellane en est le reflet. Le bilan est là, quelque cinq cents adhérents au compteur, ils étaient un peu plus de cent soixante en 2022.

Une ténacité, une rigueur certaine «mais juste.» Cette rigueur, elle sait qu’elle sera encore nécessaire pour défendre aux mieux les intérêts de ses adhérents et continuer à les accompagner sur le chemin, semé d’embûches de la vie entrepreneuriale.

Au cœur des mandats

150 ! C’est le nombre de mandats que la CPME 54 doit renouveler cette année au sein des différentes instances politiques, administratives, économiques et sociales du département. Le 29 avril dernier, la confédération les a mis à l’honneur à l’occasion d’une soirée spéciale mandataires. «Ils sont indispensables pour la défense des intérêts de nos adhérents», assure Carole Chrisment, la présidente de la CPME 54. Un appel au peuple...