Carmelo Buttaci : «Tenir le cap ensemble»
La dernière assemblée générale du groupement des entrepreneurs du BTP de l’arrondissement de Sarreguemines a permis de mesurer le moral des professionnels de cette branche majeure de l’économie locale. Son président Carmelo Buttaci fait le point pour la Gazette Moselle.
La Gazette Moselle : Comment se porte le BTP dans votre arrondissement ?
Carmelo Buttaci : Dans l’espace de Sarreguemines, l’activité se maintient. Elle est soutenue principalement par les travaux engendrés par les demandes des particuliers. Notre groupement rassemble une centaine d’entreprises pour un millier de salariés. Cela va de la TPE de 3-4 salariés à la PME en comptant plusieurs dizaines. Il est certain qu’un nouvel arrêt de nos chantiers lors de ce second confinement aurait été fatal à beaucoup d’entre nous.
Pourtant, il y a un bémol ?
Oui, car à moyen ou long terme, nos entreprises ne pourront pas vivre éternellement de travaux de particuliers. La commande publique a fortement chuté et c’est le nerf de la guerre pour notre secteur. En raison du premier confinement, des élections, du second confinement, la demande s’est affaiblie. C’est un grand sujet d’inquiétude. Je m’interroge également sur l’après. Quand toutes les mesures de soutien, provisoires, cesseront, que se passera-t-il ? Ce sentiment d’incertitude est partagé par mes collègues.
De nouvelles mesures se sont appliquées pour le second confinement ?
Les mesures initiales ont été renforcées. Tant pour le port du masque que les gestes barrières ou l’utilisation du gel hydroalcoolique. Nos chefs d’entreprise et nos ouvriers sont des gens responsables. Nous prenons toutes les précautions possibles, ce dans toutes les circonstances. L’équipement relatif au protocole sanitaire est bien souvent pris en charge directement par les entreprises. Pour elles, ce sont des charges non négligeables qui pèsent sur des budgets déjà fragilisés.
Que faut-il attendre des plans de relance ?
Je le disais précédemment, il faut absolument relancer la commande publique. J’entends parler de beaucoup de chiffres. Je constate de bonnes intentions. La seule réalité, la seule vérité, est celle qui arrivera et se concrétisera sur le terrain, et donc dans les trésoreries de nos entreprises.
Dès lors, comment envisager 2021 ?
Il ne faut pas mentir, elle sera difficile. Il y aura forcément de la casse dans notre activité comme dans d’autres. Dans la situation actuelle, comment beaucoup font-ils faire pour rembourser des prêts, comme le PGE ? Il faut passer 2021. Après nous verrons. La clé résulte dans les appels d’offres pour des chantiers d’État, de la Région, des collectivités.
Quelques mots pour les artisans et chefs d’entreprise que vous représentez ?
Ils doivent tenir le cap, multiplier les démarches commerciales, innover et se diversifier quand c’est possible. Surtout ne pas rester isolés face à une difficulté, un moment de doute. La période est dure. Notre groupement à Sarreguemines, comme la Fédération du BTP à Metz, est à l’écoute. Je dirais une écoute à plusieurs étages. Technique par laquelle nous informons de toutes les mesures gouvernementales, de tous les dispositifs d’aide. Nous disposons d’un assistant juridique, d’une cellule technique. Une écoute moral également, humaine. Car ce n’est simple pour personne. Je suis certain d’une chose : nous nous en sortirons ensemble.