Festival «Jazz Middelheim» du 13 au 16 août à Anvers
Cap au nord
Si en été, nombre de festivals de jazz historiques sont concentrés dans le sud de l’Hexagone, Anvers propose aux afficionados, à moins de deux heures de Lille, un séduisant festival conviant stars d’aujourd’hui et musiciens prometteurs. Brève sélection des artistes à ne pas manquer lors de cette 40e édition.
Le Jazz Middelheim, qui se déroule dans le parc anversois Den Brandt, confirme sa réputation internationale de festival de jazz novateur et invite le public à d’enivrants concerts mêlant quelques pointures de la note bleue et jeunes turcs du jazz d’aujourd’hui. Dans la première catégorie, figure Stefano di Battista qui a publié récemment l'album Morricone Stories, projet dédié au légendaire compositeur Ennio Morricone. Collaborateur fétiche de Sergio Leone pour des films désormais légendaires – la trilogie Il était une fois dans l’Ouest (1968), Il était une fois la révolution (1971) et Il était une fois en Amérique (1984) –, le musicien transalpin a signé plus de 500 B.O avant de tirer sa révérence l’an passé. Entouré de Fred Nardin (piano), Daniele Sorrentino (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie), le saxophoniste s’approprie et réinterprète certains des thèmes les plus notables de Morricone, partageant en concert une musique unique et mystérieuse (15 août).
Le même jour se produira la chanteuse coréenne Youn Sun Nah, virtuose et improvisatrice hors pair, devenue ces dernières années l’une des figures majeures de la scène jazz actuelle. Distinguée pour sa voix au registre à la fois subtil et puissant, elle voyage avec brio d’un univers musical à un autre, exprimant une vaste palette d'émotions. Le légendaire guitariste suédois Ulf Wakenius, dernier guitariste d’Oscar Peterson, est un musicien capable aussi bien de créer les climats les plus intimistes que de faire sonner ses 6 cordes de son instrument comme un orchestre. Depuis 2007, ces deux artistes ont créé et affiné un duo unique, explorant un répertoire au-delà des frontières musicales : des standards réinventés de rock, folk, jazz, ainsi que des compositions originales.
Alors qu'il a
franchi le cap de la cinquantaine, le contrebassiste Avishai Cohen
semble au sommet de son art. Au fil de ses nombreux albums en tant
que leader, son talent et ses références éclectiques (de Stevie
Wonder à Gabriel Fauré) lui ont permis d’embrasser les influences
orientales et latines, de mêler un lyrisme coltranien à la rigueur
du classique, les chants traditionnels en hébreu et la pop ou la
soul. On l’a vu avec, entre autres, Brad Mehldau, Alicia Keys ou
Herbie Hancock. Instrumentiste et chanteur, Avishai Cohen démontre
depuis maintenant plus de deux décennies un sens inné de la mélodie
et de l’improvisation. Intitulé Big Vicious, son dernier projet
musical est né ainsi de plusieurs jam sessions dans le Lower East
Side à New York. Entouré d'Elchin Shirinov au piano et Roni Kaspi à
la batterie, Avishai Cohen signe une musique entremêlant rythmes
rock et improvisation jazz qui fonctionne autant dans l'atmosphère
feutrée d’un club de jazz ou sur une scène de festival (16 août).
Deux
aventuriers du jazz contemporain
Artiste d'une inaltérable curiosité musicale, le saxophoniste et clarinettiste Michel Portal interprètera les compositions de son dernier opus, MP85, porté par l’énergie d’un nouveau groupe entremêlant générations et traditions musicales : Nils Wogram (trombone), Bojan Z (piano), Bruno Chevillon (contrebasse) et Lander Gyselink (batterie). Le nouveau chapitre d'une quête existentielle et artistique qui, depuis plus de 60 ans, le pousse à se remettre chaque fois «en jeu» et en mouvement. Délicieusement inclassable, lyrique, virtuose, spontanée et sophistiquée, cette musique de l’instant présent, d’une totale liberté, s'affranchit de toute notion d’avant-garde et de classicisme tout en cultivant une irrévérence juvénile irrésistible (15 août).
Colosse
du sax ténor, né en 1952 à Cleveland, Joe Lovano fut très
tôt pris par le jazz. Dès son cinquième anniversaire, son père
saxophoniste lui offre son premier saxophone et emmène régulièrement
son fils dans les jams sessions. Auteur d'une œuvre qui impressionne
par sa diversité, Joe Lovano s'impose aujourd'hui comme l'un des
saxophonistes-clés de la scène jazz. Combinant une véritable
souplesse rythmique avec une grande aisance harmonique, il incarne une
sorte de mémoire vive embrassant sans distinction tradition et
avant-garde. Accompagné par la subtile pianiste Marilyn Crispell et
le batteur Carmen Castaldi, partenaire de longue date de Joe Lovano,
ce dernier jouera les compositions de son dernier opus, Trio
Tapestry (ECM), dont les textures délicates devraient enchanter
le public (16 août).
Programme complet sur
www.jazzmiddelheim.be