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Cancer du sein : l’engagement profondément humain de Séverine Stano
Cheffe d’entreprise engagée, esthéticienne reconnue, la Mosellane Séverine Stano tatoue les aréoles mammaires des femmes ayant été touchées par un cancer du sein. Elle mène un combat de longue haleine pour que ce type de soins soit remboursé par l’Assurance Maladie et les mutuelles, entreprenant des démarches en ce sens auprès des pouvoirs publics. «Le législateur doit faire évoluer et modifier notre système de santé», affirme-t-elle.
Séverine Stano est une femme investie et engagée. Gérante de l’institut de beauté Le Cocon d’Érine à Boulay-Moselle, présidente de l’Union des entreprises de proximité Moselle (U2P), de la Confédération nationale artisanale des instituts de beauté et spas 57 et de l’Union des commerçants de Boulay-Moselle , elle vient de recevoir le trophée RSE AXA France catégorie «développement solidaire». C’est là la récompense d’un engagement profondément humain et altruiste. Surtout pas un aboutissement, mais davantage un encouragement important dans le combat que mène la Mosellane depuis plusieurs années. Elle tatoue en effet les aréoles mammaires des femmes qui ont été touchées par un cancer du sein. Séverine Stano a découvert cette pratique et s’y forma voilà huit ans.
Un tatouage pour reconstruire
Quelques données. En 2023, plus de 61 000 cancers du sein ont été détectés en France métropolitaine. Entre 1990 et 2018, le nombre annuels de nouveaux cas chez la femme a presque doublé, passant de 29 970 à 58 400 cas annuels, soit +1,1 % par an. Entre 2010 et 2023, la progression a été plus faible, estimée à + 0,3 % par an. Il n’empêche, il se situe au 1er rang des cancers chez la femme, provoquant chez celle-ci la première cause de mortalité avec 14 % des décès. «Cela me touche forcément, d’ailleurs j’ai, comme beaucoup de monde, des personnes atteintes dans mon entourage», explique Séverine Stano. Elle a intégré dans les prestations de son institut de beauté ce tatouage spécifique, soutenue, par exemple par l’Hôpital Clinique Claude Bernard de Metz. «Une telle intervention revient à quelque 400-500 €. Beaucoup de femmes n’en ont malheureusement pas les moyens. Elles me remboursent uniquement le matériel utilisé. Je les tatoue gratuitement pendant le mois d’Octobre rose», poursuit-elle. Voilà le fil rouge de son action. Alors que le nombre de femmes intéressées par ce travail de reconstruction va croissant, la prestation n’est pas reconnue et codifiée comme acte médical par la Sécurité sociale, se situant, de fait, hors du cadre de prise en charge.
Les Trophées RSA Axa France, comme levier
À la fin de cet été, Séverine Stano converse avec un agent général d’AXA, chez qui elle est assurée. Il la met sur la piste des Trophées RSE AXA France - pour la région Nord-Est - qui s’adressent à ses professionnels, entreprises ou associations portant un projet sociétal fort. Séverine Stano dépose son dossier dans la catégorie «développement solidaire» (les autres sont «prévention des risques» et «environnement»). Au terme d’un processus de sélection, elle défend devant un jury, le 2 novembre, à Reims, cette implication dans ce tatouage lié à la santé. Et remporte le Trophée RSE AXA France dans sa catégorie, doté d’un prix de 5 000 €. L’organisme mutualiste va à présent la chapeauter pour solidifier son dossier dans ce but de faire reconnaître ce soin pour le faire rembourser. «Je vais m’adresser aux députés, aux sénateurs. S’il faut aller à Paris, j’irai dans les ministères», assure-t-elle. Soutenue par la Ligue contre le cancer, Séverine Stano poursuit inlassablement sa lutte : «Il est temps d’évoluer, de modifier notre système de santé. Pour le cas qui me concerne, il faut bien avoir en tête que ces femmes doivent se reconstruire psychologiquement. Cela passe par des prestations comme ces tatouages. Il y a 10 ans, 1 femme sur 7 était atteinte d'un cancer du sein, aujourd'hui, c'est 1 sur 5. Je sais que mon combat sera long, mais au moins j'aurai été un déclencheur, car je suis persuadée que d'autres me relaieront...
»