Aménagement
Canal Seine Nord Europe : une réunion sur le futur port intérieur de Nesle
La réunion publique concernant le port intérieur de Nesle, avec l’arrivée du canal Seine-Nord Europe, a attiré plus de 150 personnes. Franck Dhersin, 8e vice-président de la Région en charge des infrastructures de transport et des ports, André Salomé, vice-président de la communauté de communes, en charge du canal depuis plus de 20 ans, et différentes entités ont animé cette réunion qui a eu lieu à La Nouvelle Scène à Nesle pendant trois heures, le 17 novembre dernier.
André Salomé a rappelé le projet global et présenté la conformation du futur port intérieur de Nesle : « Depuis 1993, le Canal est dans les esprits, en 2004, une première réunion prévoit sa mise en eau en 2012 et 2000 hectares sont réservés. En 2008, la crise financière a stoppé le projet. En 2011, Nicolas Sarkozy est venu lancer le partenariat public, privé. De 2012 à 2016, avec le changement de Président de la République, ce fut une traversée du désert. Notre communauté de communes n’a jamais désarmé, en faisant un lobbying incessant. Le président de la Région, Xavier Bertrand, en 2017 a lancé l’appel de Péronne et relancé le projet avec détermination. En novembre 2019, Emmanuel Macron est venu à Nesle signé le lancement du canal. Son financement de 5 milliards 100 millions d’euros l’est à 50% par l’État, 25% par l’Europe, 25% par la région, dont une contribution de 861 mille euros de la communauté de communes de l’Est de la Somme. Ce canal est une chance pour l’avenir de notre territoire. »
Un ouvrage conséquent
Il y a 107 kilomètres à aménager, de Compiègne à Aubencheul-au-Bac, 59 communes des Hauts-de-France seront traversées. On comptera également un port intérieur tous les 25 kilomètres et sept écluses, dont une de jonction avec le canal du Nord. Il est prévu une retenue de 14 millions d’eau au nord de Péronne, 700 hectares de plantations et d’aménagements environnementaux et trois ponts canaux, dont un de 1 330 mètres franchissant la Somme.
Il faut noter que 25 hectares au kilomètre sont nécessaires à la construction du canal. Il faut donc prévoir une réserve pour l’agriculture lourdement impactée. « La Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) et la Chambre d’agriculture ont fait un travail remarquable », a commenté André Salomé.
Le port de Nesle s’étendra sur 91 hectares sur les 2 200 consacrés à l’ensemble du projet. Il sera constitué d’un quai de 400 mètres de long, d’un terminal portuaire pour le vrac, les conteneurs, ainsi qu’une zone d’activités rassemblant des industries, de la logistique et des services aux entreprises.
Des interrogations à propos du transport routier
Le but de ces ports est de réduire le nombre de camions sur les routes. Celui de Nesle, avec ses nombreuses entreprises d’agroalimentaire devrait voir le transfert des cargaisons via différents modes multimodaux, route, train, fluvial.
Le maire de Licourt s’interroge sur le passage déjà très important de camions dans sa commune, qui reliera le port intérieur de Nesle à l’entrée de l’A1 à Estrées Déniécourt : « Serait-il possible d’imaginer dès maintenant la construction de ronds-points ? » Réponse de Franck Dhersin : « Les pré-études ne démontrent pas qu’il y aura une plus forte circulation de camions. »
Les réactions de certains riverains ont déclenché une réaction de Frédéric Demule, maire de Nesle : « La demande est légitime. Il faut tous se mettre autour d’une table et trouver une solution. » Romain Tempez de Noriap a tenu à rassurer les habitants de Languevoisin : « Le port de céréales, consacré au vrac ne changera pas par rapport à l’existant et il n’y aura pas d’impact sur le village. » L’avenir du canal du Nord a été également évoqué mais est resté sans réponse, les représentants de Voies navigables de France (VNF), étant absents.
Le développement économique des territoires doit être la première réussite du canal
Franck Dhersin prévoit la création de 20 000 emplois, qui amèneront de nouveaux habitants, permettant l’ouverture de nouveaux commerces et la compétitivité des entreprises. « Les premiers travaux démarreront dans l’Oise en 2022. Des contrats territoriaux de développement seront signés avec de nombreux partenaires. Les ports doivent apporter un nouveau dynamisme de l’économie avec des métiers différents de ceux d’aujourd’hui. Ces relais fluviaux sont indispensables au développement des territoires et de la création d’emplois. La construction des ports commencera en 2026 et le canal est prévu ouvrir en 2028. »