Calais Port 2015 sur de bons rails
Le port de Calais sera prêt d'ici mai 2021. Une bonne chose, puisque le chantier a intégré les préparatifs pour faciliter le fonctionnement dans le contexte du Brexit.
«Nous sommes revenus à des effectifs désormais supérieurs à ceux d’avant le confinement. Un peu plus de 600 personnes par jour sur le site, contre 550 avant le coronavirus.» Le chantier du port avance à grands pas. Laurent Devulder, directeur général de la Société des ports du Détroit, en charge du chantier, détaille la reprise : «En termes d’ouvrage, les bâtiments sont quasiment tous couverts, sauf l’un des bâtiments principaux dont la charpente est en cours de montage. Nous attaquons maintenant de gros travaux de pose d’enrobé. En termes de voirie, la nouvelle rocade en sortie de port est montée. Tous les terre-pleins ou presque ont été revêtus en asphalte.»
Des perturbations en cours de chantier
Le coronavirus a obligé la SPD à interrompre le chantier (cf. notre article du 16 juin 2020). Ce n’est malheureusement pas le seul impondérable qu’il a fallu prendre en compte : le chantier a débuté au cours de l’année 2015. L’année suivant ce démarrage, les Britanniques votaient pour sortir de l’Union européenne. Le cadre raconte : «Nous avons eu des sueurs froides au début. Changer un projet en cours de route coûte déjà beaucoup d’argent, l’arrêter pour réfléchir est encore pire. Mais nous avons réussi à adapter notre projet plutôt que de lui apporter des modifications importantes. Il permet d’intégrer les nouvelles contraintes du Brexit, que nous aurions eu beaucoup de mal à gérer autrement.» Ainsi, les installations de contrôle vont être localisées sur le port actuel. Les véhicules seront ainsi sortis du trafic de façon fluide. Auparavant, les contrôles étaient déjà importants à l’export. «En import, le projet n’intégrait pas, à l’origine, la possibilité de mettre en place une chaîne de contrôles importants. Dès janvier, les véhicules ciblés, le fret notamment, sauront pendant la traversée s’ils doivent prendre la voie verte (sortie directe) ou la voie orange, qui mènera les véhicules au port actuel, qui comporte les contrôles douaniers et vétérinaires.»
Des infrastructures mieux adaptées
«Le bassin et la digue permettront au port des développements tout au long du XXIe siècle», assure Laurent Devulder. «Il sera possible de continuer à se développer lors des cent prochaines années», avec notamment la possibilité d’accueillir les flottes de nouvelle génération de DFDS et P&O, qui vont voir la taille de leurs ferries augmenter (230 mètres contre 213 à l’heure actuelle). Le bassin est plus grand, ce qui facilite la manœuvre, d’autant plus que l’entrée de ce nouveau port se fera dans l’axe du chenal. «Cela permet de rentrer à une vitesse plus élevée pour éviter de subir les courants : un navire plus rapide est forcément plus stable.» Le travail de l’équipage de bord est facilité, mais ce n’est pas le seul aménagement : «Les passerelles sont plus larges, ce qui permet des vitesses d’embarquement et de débarquement plus importantes, sur quatre à cinq files de véhicules. Les terre-pleins sont conçus pour donner lieu à des sorties plus directes.» Au total, les temps d’escale seront donc, à terme, réduits de 30 à 40%. Une bonne nouvelle pour le deuxième détroit le plus emprunté au monde…