Calais : le moment du bilan pour les bus gratuits ?

Difficile pour un élu de dresser le bilan de son action dans une époque si particulière. Pourtant, le bus gratuit à Calais a bel et bien fait des heureux.

A Calais, la gratuité des bus est entrée en vigueur fin 2019. (©Aletheia Press / MR)
A Calais, la gratuité des bus est entrée en vigueur fin 2019. (©Aletheia Press / MR)

Il y a quelques années, le Medef Côte d’Opale se plaignait d’un versement transport élevé (2%, soit le plus haut prélèvement autorisé pour les collectivités). Aujourd’hui, alors que l’on constate le changement dans la cité des Six Bourgeois, la collectivité a de quoi être satisfaite si l’on en croit Philippe Mignonet, président du Sitac (Syndicat intercommunal des transports urbains de l’agglomération du Calaisis). Toutefois, le dispositif paraît difficile à évaluer en l’état. «On commence à retrouver les niveaux de fréquentation de janvier, explique l’élu. Pour évaluer le dispositif, cela nous fait un sacré trou dans la raquette.»

Deux millions d’euros de pertes pour la collectivité

Le coronavirus a fait des ravages : pas de cotisations sur une bonne partie des salaires en raison du confinement, y compris le versement transport qui est censé financer les lignes de bus. «Au niveau budgétaire, quand les personnes sont au chômage technique, il n’y a pas de prélèvement, ce qui fausse aussi nos calculs, détaille Philippe Mignonet. Pour l’instant, c’est l’URSSAF qui pilote ça pour nous. Il y a toujours un décalage de quelques semaines, voire de quelques mois, mais nous estimons être cette année sur plusieurs millions d’euros de pertes, deux millions au bas mot.»

Une évolution appréciée par la population… et par les chefs d’entreprise

Au final, les bus gratuits sont entrés en vigueur à la fin de l’année 2019, et le président du Sitac ne cache pas sa satisfaction, ni celle des dirigeants qu’il a rencontrés. «Quand on a abordé ça, je suis allé en réunion de zone d’activité sur la zone Marcel-Doret, relate l’élu. Je leur ai posé des questions sur le versement transport. Je pensais tendre le bâton pour me faire battre… Et bien on m’a répondu : “Nous, ce qu’on veut, c’est un arrêt de bus et une station vél’in (le nom des vélos en libre service à Calais, ndlr) à côté.»

D’autant plus que la mairie de Calais contribue elle aussi à l’effort de guerre : elle paie des salaires, elle contribue donc au versement transport, d’autant plus qu’elle est le deuxième employeur du territoire après Getlink. «Aujourd’hui, ça fonctionne, et allez dire maintenant à ceux qui prennent le bus gratuitement que c’était une mauvaise idée… Ça leur amène du pouvoir d’achat. Ce n’est même pas la double peine : les entreprises devaient financer les abonnements, et elles n’ont plus à les financer.»


Renouveler le parc de bus avec le plan de relance ?

Selon Philippe Mignonet, «maintenant, ce qui nous importe, c’est de connaître les cadres d’application par rapport aux plans de relance régional, national et européen au niveau du transport». Avec les dernières commandes de huit bus articulés – qui sont nécessaires avec l’augmentation de la fréquentation –, la mairie de Calais veut s’inscrire dans ce plan, si le transport y est éligible évidemment. Avec le souhait affiché de rajeunir son parc de bus, en y intégrant de nouvelles technologies. «Nous n’attendons que le feu vert de la part de l’État, de l’Europe ou de la Région.»