Calais et Douvres préparent la crue
La CCI Côte d'Opale, gestionnaire des infrastructures portuaires de la région, avait invité ses confrères opérateurs britanniques à les rejoindre, le 11 avril dernier. La signature d'un partenariat donne à leurs projets respectifs une nouvelle dimension : BRIDGE pour "Building the Resilience of International and Dependant Gateways in Europe".
Le projet «Bridge», c’est «deux ports et une vision» selon Jean-Marc Puissesseau, président de la CCI Côte d’Opale, qui résume ainsi quelques décennies de collaboration active entre les deux acteurs du Détroit. C’est l’histoire d’un duo qui tombe sous le sens : les ports de Calais et Douvres sont “jumeaux” depuis que les hommes traversent la Manche. A Calais, le projet “Calais port 2015” en est à la fin de son tour de table. Manquent quelques petites dizaines de millions sur un budget de plus 650 millions d’euros. Une paille. A Douvres, les travaux de regénération des bassins ouest du port ne seront pas lancés avant 2016. D’ici 2020, Douvres aura aussi construit un nouveau poste à quai et compte bien dégager plus de foncier pour absorber davantage de fret. Un nouveau terminal fret sera réalisé, ainsi qu’un embranchement routier plus large. Calais a eu son poste à quai en 2008 pour 90 millions d’euros. D’autres doivent suivre pour accueillir plus de trafic et remplir le nouveau bassin dont le périmètre doublera grâce à une nouvelle digue. En outre, des adaptations des deux côtés permettent déjà à des ferries Jumbo d’accoster. D’après une étude citée par les deux parties, le trafic doit augmenter de 40% d’ici 2030…
Une manne à capter et une préparation en amont. C’est cette manne, cette marée de croissance, que cherchent à capter les deux ports, avant les Belges et les Néerlandais comme eux à l’affût. Pour améliorer le trafic à Douvres, les Anglais vont créer 4 km de voies supplémentaires (soit 220 véhicules de fret de plus). La crainte réside toujours dans la constitution de goulets d’étranglement qui ralentissent parfois le trafic. L’amélioration doit aussi se faire dans la gestion «intelligente» des flux : des panneaux à message variables et de contrôle des voies sont attendus des deux côtés. Enfin, des mesures environnementales sont au programme dans les deux projets. Il s’agit aussi de faire accepter des volumes de transit très importants. Aussi, les acteurs portuaires comptent-ils sur une logistique performante et un report modal optimal. Les projets du Calaisis devront prendre ce pli, notamment sur la zone de la Turquerie où les travaux n’ont toujours pas commencé.