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Cadres seniors en Moselle : des talents, des compétences... à ne pas laisser en jachère
Alors que l’emploi des seniors fait partie des grandes questions de la réforme du marché du travail, l’Apec a publié récemment une enquête dessinant la physionomie des cadres de 55 ans et plus. Instructif à plus d’un titre. La France compte plus de 5 millions de cadres en emploi, la Moselle, plus de 60 000.
Il y a quelques mois, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail publiait une étude très documentée relative aux seniors sur le marché du travail en 2021. Avec ce fil rouge : leur taux d’emploi progresse mais chute dès 60 ans. En effet, 56 % des 55-64 ans étaient alors en emploi (contre 81,8 % des 25-49 ans) et 59,7 % étaient en activité. Ces taux, au plus haut depuis 1975, diminuent avec l’âge, notamment en raison des départs en retraite. Le taux d’emploi des seniors en France est inférieur de 4,5 points à celui de la moyenne de l’Union européenne (UE) qui est de 60,5 %. La Suède et l’Allemagne, dont les taux d’emploi de cette partie de la population s’élèvent respectivement à 76,9 % et 71,8 %, sont en tête des pays de l’UE. À noter, en France, l’emploi des seniors est de 60 % à 60 ans, de moins de 20 % à partir de 64 ans. Par ailleurs, entre 55 et 64 ans, les personnes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel, lequel augmente avec l’âge, surtout pour les seniors cumulant retraite et emploi.
Volonté de poursuivre l'engagement professionnel
Et du côté des seniors cadres ? Quelques semaines après l’entrée en vigueur de la réforme des retraites, alors qu’une négociation interprofessionnelle sur l’emploi des seniors se profile, l’Apec a apporté sa contribution au débat par une campagne d'affichage, une publication et un événement «Élan Seniors» qui a réuni, à Paris, le 26 septembre, les numéros 1 des organisations syndicales et patronales, le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, des experts et des témoignages d'entreprises. Toutes les questions liées à l’emploi des seniors ont été abordées, de l’index à l’impact de l’IA en passant par les enjeux de démographie ou le coût salarial des seniors. L’objectif de l’Apec était de faire émerger des leviers d’action en faveur de l’emploi des seniors et de nourrir le débat. Elle a publié en parallèle un portrait inédit des cadres de 55 ans et plus qui permet d’objectiver leur place dans le monde du travail. Avec 712 800 cadres en emploi âgés de 55 ans et plus, les cadres seniors représentent 18 % des cadres en emploi. Particulièrement touchés par le chômage, notamment de longue durée, les cadres seniors constituent une population souvent exclue du marché de l’emploi alors qu’ils ont la volonté de maintenir leur engagement professionnel jusqu'à la retraite, voire au-delà.
Une réalité contrastée
Parmi les principaux enseignements de l’étude, les cadres seniors sont plus touchés par le chômage (6,8 %, soit plus de 100 000 cadres), ce taux est de 4,1 % pour l'ensemble des cadres. De plus, 33 % des cadres seniors demandeurs d’emploi sont au chômage depuis plus d’un an contre 17 %. En poste, ils sont sous-représentés dans les secteurs moteurs de l’emploi cadre, dans l’informatique, les activités juridiques et comptables et l’ingénierie-R&D. Le secteur informatique ne compte que 10 % de seniors parmi ses cadres, contre 18 % en moyenne. Ils sont bien payés, mais moins souvent augmentés. Avec une moyenne de 71 K€ en 2022 (versus 59 K€ pour l’ensemble des cadres), la rémunération des cadres seniors est en lien avec leur expérience et leurs compétences. En revanche, les augmentations sont moins fréquentes : seulement 44 % ont été augmentés en 2022, contre 56 % pour l’ensemble des cadres. Les parcours des cadres seniors sont jalonnés de changements de postes et de périodes de chômage : 65 % d’entre eux ont déjà connu un changement volontaire d'entreprise et 40 % au moins une période de chômage. Pour 76 %, il serait difficile de retrouver un poste équivalent en cas de changement d’entreprise ou de perte de leur emploi (contre 50 % pour l’ensemble des cadres). Les cadres seniors sont ainsi nettement plus nombreux à considérer la mobilité comme un risque (64 % contre 46 % pour l’ensemble des cadres). La frilosité à changer d’entreprise constituent l’un des marqueurs de la discrimination dont ils font l’objet sur le marché du travail. Il y a donc là des lignes à faire bouger, des mentalités sociétales à désenclaver. Pour ne pas laisser sur le bord du chemin des savoir-faire, des savoir-être, des compétences, des expériences...