«L'expérience de la croissance au service de la croissance»

La chambre de commerce et d'industrie Nord de France a accueilli la toute première promotion d'un programme mutualisant l'expérience de chefs d'entreprise confirmés.

Le dirigeant d'Insitaction Aurélien Lepretre au micro, accompagné de son mentor Hervé Allard
Le dirigeant d'Insitaction Aurélien Lepretre au micro, accompagné de son mentor Hervé Allard

Le 27 février dans les locaux de la CCI à, Lille, l’Institut du mentorat entrepreneurial (IME) Nord de France a célébré la première promotion des entrepreneurs de la région ayant bénéficié de son programme novateur. Grâce à celui-ci, des dirigeants d’entreprises au fort potentiel de croissance sont suivis et conseillés par des entrepreneurs ayant une solide expérience.

«C’est l’expérience de la croissance au service de la croissance», résume Dominique Restino, président de l’IME France. C’est lui qui a observé en 2006 ce système de mentorat au Québec et milité pour son instauration en France. Cette idée a depuis traversé l’Atlantique et fait des émules, des Instituts du mentorat sont nés à Paris/Ile-de-France (2008), à Nantes/Saint-Nazaire (2012) et aujourd’hui dans la région Nord de France.

Le 24 janvier 2013, le mentorat s’est même doté d’un cadre précis puisqu’une Charte nationale du mentorat entrepreneurial a été signée par Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin.

En France, cette formule originale du mentorat s’est récemment mise au service d’une politique économique et d’une ambition : développer les PME françaises pour en faire des ETI (entreprise de taille intermédiaire). En effet, 97% des entreprises françaises comptent moins de vingt salariés (deux tiers des sociétés pour le Nord-Pas-de-Calais), souvent trop peu pour se lancer dans l’exportation par exemple. Le mentorat est là pour aider des entreprises à fort potentiel à dépasser ce seuil fatidique et à se développer.

Car il s’agit non pas d’aide à la création d’entreprise, mais d’un regard neuf apporté à un entrepreneur pour lui faciliter la prise de décision et l’arbitrage. Les critères de sélection pour bénéficier du programme montrent bien qu’il s’agit de sociétés ayant déjà une histoire : elles doivent avoir deux ans d’existence, un million d’euros de chiffre d’affaires, au moins dix salariés, et le dirigeant doit être majoritaire au capital de l’entreprise.

Laurent Degroote, président de la commission entreprendre de la CCI région Nord de France, insiste sur le fait que le mentorat est une «relation de chef d’entreprise à chef d’entreprise. Il n’y a pas de rapport de hiérarchie mais une relation particulière entre deux individus, une osmose».

Une dimension personnelle qui prend tout son sens lors des rencontres régulières − une par mois − entre le mentoré et le mentor. Tous les sujets sont abordés mais c’est essentiellement le management et l’humain qui monopolisent les échanges. «La technique ne va pas prendre beaucoup de place dans les conversations», ajoute Hervé Allard, PDG de Trénois Descamps (quincaillerie professionnelle) et mentor d’Aurélien Lepretre. Dirigeant de Insitaction spécialisée dans le commerce digital, ce dernier reconnaît que son mentor l’a beaucoup aidé à surmonter les difficultés de l’année 2012, aussi bien au niveau humain que financier. Sur son conseil, il a ainsi crée un comité de direction. En 2013, sa société a renoué avec une forte croissance : près de 125% !

Avant de se plonger dans ce programme, qui dure de 12 à 18 mois, les partenaires doivent voir s’ils peuvent établir une confiance durable. C’est ce qu’ont fait H. Allard et A. Lepretre lors d’un déjeuner durant lequel ils ont appris à se connaître et décider d’un commun accord de se lancer dans l’aventure.

L’aventure est humaine avant tout. Les mentors sont totalement bénévoles et travaillent dans des secteurs distincts de leurs mentorés afin d’éviter tout conflit d’intérêt, tout en permettant d’avoir un regard neuf sur son activité. Cette relation est une valeur ajoutée pour l’entrepreneur qui reste souvent «très seul face à la décision» comme le souligne Laurent Degroote. Les résultats sont là puisque, en moyenne, les entreprises ayant bénéficié de ce programme ont une croissance dans la région de 30 à 40%.

D.R.

Le dirigeant d'Insitaction, Aurélien Lepretre (au micro), accompagné de son mentor, Hervé Allard.

 Encouragées par de tels chiffres, d’autres régions vont bientôt suivre l’exemple du Nord-Pas-de-Calais. Le même type de programme sera bientôt lancé en Normandie, Lanquedoc-Roussillon, et chez nos voisins de Wallonie. Mais pour le parrain de cette première promotion de l’Institut du mentorat entrepreneurial Nord de France, Philippe Vasseur, ce programme correspond bien à «un sens de la solidarité qui est dans l’ADN de la région».