«Les CCI doivent se transformer»
Mobilité, formation, apprentissage et transformation du modèle des chambres de commerce : voilà ce qui attend Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France, et Frédéric Motte, président du Medef Hauts-de-France, pour la rentrée 2018-2019. Les deux présidents sont bien décidés à enclencher la vitesse supérieure.
Dans un contexte économique tiraillé entre une faible croissance (+ 0,2%) et une consommation des ménages atone en juillet, les bilans régionaux sont, a contrario, plutôt bons : un climat des affaires en hausse pour l’ensemble des secteurs, 5 800 projets de recrutement recensés pour 2018 et des défaillances en recul de 7,4% (3 800 défaillances en juin 2018 contre 4 890 en 2017). Néanmoins, l’augmentation des prix du pétrole, les tensions protectionnistes des Etats-Unis, mais aussi la pénurie de main-d’œuvre qualifiée laissent peu de marges de manœuvre aux entreprises, qui commencent timidement à réinvestir. «Les entreprises ont des possibilités importantes de développement, mais les incertitudes font qu’il n’y a pas de capacité à se développer ou à entreprendre de façon agressive», déplore Philippe Hourdain.
Agir concrètement sur la mobilité
Fervent défenseur d’une meilleure mobilité en région – et représentant du monde économique sur cette question depuis sept ans –, le président continue d’arrache-pied ce travail mené de concert avec les autorités régionales. «Cette thrombose mine la région, coûte cher aux entreprises et mine nos relations avec nos voisins belges.» Il a récemment rencontré le GIDEC – Groupement indépendant des élus communautaires de Lille Métropole –, qui vient de rédiger un rapport préconisant des mesures importantes, avec la mobilité comme axe majeur. «Il faut que ça bouge», renchérit Frédéric Motte, rappelant que chaque année, ce ne sont pas moins de 230 millions d’euros qui sont versés par les entreprises au titre du versement transport (soit 2% de la masse salariale régionale). Le coup d’arrêt porté par les élus communautaires au projet de tramway entre Lille et Lesquin, en juin dernier, est un réel coup dur. «Nous ne sommes pas décideurs de l’outil technique. Mais c’est une déception et nous nous sommes exprimés de façon vive», poursuit Philippe Hourdain, rejoint par le président du Medef régional : «On sait que ce sera long, on ne demande pas d’ouvrir le tramway demain, mais les ajournements sont un mauvais signe envoyés à l’extérieur.»
Difficultés de recrutements
Même si 11 000 projets de recrutements ont été recensés depuis 2017, les entreprises rencontrent de réelles difficultés de recrutement. «Dans l’industrie, on refuse des clients parce qu’on n’a pas les techniciens. Il faut un électrochoc, estime Philippe Hourdain. Avec l’Education nationale et les acteurs publics, nous allons convaincre les jeunes que l’apprentissage est un ascenseur social.» Et de soutenir la refonte des CFA (centre de formation d’apprentis), ainsi que l’ouverture de filières par les branches professionnelles.
Les CCI en pleine transformation
«Les CCI souffrent de leurs ressources fiscales qui sont passées de 150 millions au début de ma mandature à 27 millions d’euros aujourd’hui, soit une baisse de 80%, déplore le président de la CCI. Nous allons devoir passer par un, voire deux plans sociaux (les effectifs ont d’ores et déjà été réduits par 4, ndlr). J’annoncerai le premier le 27 septembre prochain, lors de notre assemblée générale. Nous allons devoir être encore plus efficaces que nous ne le sommes. La remise en question est totale. Il ne faut pas jouer les pleureuses mais devenir de plus en plus souples. Le modèle des CCI est mort, il faut se transformer.» Et de rappeler qu’au 1er janvier 2019, la fusion des CCI régionales sera totale, malgré la réticence de la CCI de l’Oise qui, par deux fois, a fait valoir des recours auprès du Premier ministre. «Il va falloir abolir toutes ces frontières.»
Phrase à mettre en gros entre guillemets
«La thrombose est contre-productive pour l’attractivité du territoire»