«J’ai poursuivi le rêve familial»

Il l’a poursuivi mais surtout développé depuis 1979, l’année où son père lui a confié la direction générale de l’entreprise : Georges Gaspard est aujourd’hui président de Lyreco, un groupe international de 10 000 personnes.

Le siège international  de Lyreco à Marly. Trois générations plus tard.
Le siège international de Lyreco à Marly. Trois générations plus tard.

 

Photo prêtée par l'entreprise

En 1926, l'aventure familiale a commencé avec un petit commerce à Valenciennes.

D.R.

Le siège international de Lyreco à Marly, trois générations plus tard.

Georges Gaspard refuse d’être photographié seul. «Mon nom est connu et je ne veux pas être reconnu ou apostrophé dans la rue. J’ai aussi envie de pouvoir me promener tranquillement à Valenciennes, ma ville natale, et je tiens aussi à préserver ma famille.» Cet homme de 61 ans explique aussi qu’il a été classé parmi les dix premières fortunes de la région et qu’il préfère que ce soit ses collaborateurs ou l’entreprise qui reçoivent les honneurs. Sauf exception.

 

Famille discrète mais entreprise à la grande notoriété. Le président du conseil d’administration de Lyreco ne cache pas que le groupe vise à devenir leader dans son domaine : les fournitures de bureau, au sens large du terme, pour entreprises et collectivités. «Numéro un en Europe, nous le sommes déjà. Maintenant, l’objectif est de devenir leader. Etre leader, ce n’est plus être le premier, c’est être celui qui donne le ton et fait évoluer le marché.»

 

Une petite papeterie-librairie à l’origine. Georges Gaspard évoque volontiers l’histoire familiale. «Elle commence avec mon grand-père, Georges Gaston, originaire de Guise dans l’Aisne. Moi, c’est Georges André. Il avait repris une papeterie-librairie en 1926, rue du Quesnoy, à Valenciennes. Ce magasin a disparu dans les bombardements en 1940 mais d’autres locaux avaient été construits en 1936 à Saint-Saulve. Il avait aussi repris une imprimerie. Son idée, c’était d’aller voir directement les entreprises et de les livrer. Il avait l’esprit commerçant et a compté très vite de grandes entités parmi ses clients. Saint-Saulve, avec ses 1 200 m2, était le lieu où l’on traitait les commandes des entreprises. Mon père, entré dans l’entreprise en 1942, lui a succédé en 1956. Entre-temps, en 1951, l’année de ma naissance, l’imprimerie devenue obsolète avait été arrêtée et l’activité s’était concentrée sur les fournitures de bureau exclusivement.»

 

Autodidacte dans l’entreprise familiale. Et lui, quand entre-t-il dans l’affaire familiale ? «Je n’ai connu qu’une seule entreprise, s’amuse-t-il à dire. J’y ai commencé en 1969, à 18 ans. Pour des raisons personnelles,  je n’avais pas eu l’oral de rattrapage du bac cette année-là. A l’époque, mon but c’était de faire une école de commerce et de reprendre l’entreprise familiale. Mon père m’a dit : tu vas venir avec moi. J’ai répondu oui avec enthousiasme et il m’a fait faire tous les métiers de l’entreprise pendant 18 mois. Pour lui, c’était une formation de base.»

Georges Gaspard précise qu’à l’époque, l’entreprise réalisait 5 millions de chiffre d’affaires, comptait déjà des succursales en France et employait environ 250 salariés.

Son parcours à tous les postes et échelons de l’entreprise l’a mené en 1976 au poste de directeur du marketing. «En 1979, mon père m’a confié la direction générale et, en 1986, il m’a nommé président de la filiale française. Je suis devenu président du groupe en 1996.» Une de ses filles, Nathalie, 36 ans, qui travaille auprès du directeur financier, devrait lui succéder un jour mais ce jour n’est pas encore venu.

L’implantation du siège à Marly remonte à 1975. «Saint-Saulve était devenu trop petit et le système informatique devait être entièrement revu.»

 

L’aventure familiale continue. Georges Gaspard mesure le chemin parcouru et constate qu’il a tout simplement poursuivi le «rêve familial». En 1979, l’entreprise réalisait 15 millions de chiffre d’affaires et comptait 400 salariés. Aujourd’hui, le groupe Lyreco affiche 2,2 milliards de chiffre d’affaires dans le monde, dont le quart en France, et compte 10 000 salariés en tout, dont 2 300 en France.

Et sa sélection dans ces Victoires des autodidactes ? «Cela faisait plusieurs années que l’on m’avait repéré mais tant qu’Eric Bigeard, directeur général de Lyreco, mon plus proche collaborateur et homme de confiance, faisait partie du jury, je ne pouvais évidemment pas y participer…» Pour cette sélection, il a accepté de faire une entorse à la règle de discrétion personnelle qu’il s’est fixée.