«Faire du diabète un jeu d’enfant»
Aline Chemineau était ingénieur chez Vallourec. Son savoir-faire d’organisatrice, associé à celui d’une designer indépendante, a amené cette jeune maman à mettre au point une méthode originale d’aide à la vie quotidienne des enfants diabétiques.
Aline Chemineau, 35 ans, ingénieur, diplômée de l’Ecole centrale de Paris, a d’abord travaillé chez Vallourec. Bretonne d’origine, elle travaille dans le Nord depuis douze ans. En décembre 2017, à la Serre numérique d’Anzin/Valenciennes, elle a créé, via l’incubateur, son entreprise : «Did Act Tic Tac». Son métier, avant, c’était le lean management, la supply chain… Où l’on parle d’amélioration de la qualité des produits, de procédures… Pourquoi cette réorientation professionnelle ? «En 2014, on a découvert à l’une de mes deux filles un diabète de type 1, génétique, avec insulinodépendance. Un mois avant, chez Vallourec, je venais d’accéder à de grosses responsabilités qui impliquaient des déplacements, urgents, à l’échelle mondiale». Comment concilier les deux ? «En découvrant les progrès des traitements et cette notion d’éducation thérapeutique du patient, j’ai compris qu’il y avait un parallèle à faire avec ce que je faisais chez Vallourec. Ma fille passait de main en main, voyait plein de personnels différents dans sa journée.» Bref, elle voit, là, une autre «supply chain» à mettre en place. Son projet est conforté par la volonté de sa fille d’être autonome dans son traitement. D’où l’idée d’un jeu, apparue lors de l’été 2016. Aline Chemineau, via les réseaux sociaux, entre en contact avec d’autres parents. Elle fait la connaissance de Sabine Bertrand, designer indépendante, établie à Angers et maman d’un garçon diabétique. La pragmatique et l’artiste imaginent un jeu de cartes, visuel, modulable, rapide et pratique, autour du quotidien des enfants diabétiques : l’alimentation, le contrôle de la glycémie, le maniement de la pompe à insuline, l’exercice physique… Un prototype a circulé dans certains hôpitaux afin d’avoir des retours de patients, de parents, de soignants et d’avancer vers la fabrication.
Opportunité d’un plan social
Le plan social chez Vallourec lui a permis de concrétiser le projet de créer un jour son entreprise. «J’ai saisi l’opportunité : départ volontaire et accompagnement, le tout dans de bonnes conditions.» Où en est-elle ? Son projet, début 2018, était de s’installer dans l’hôtel d’entreprises de la Serre et d’embaucher neuf personnes dans les trois ans. Fin 2017, Aline Chemineau a organisé une prévente via la plateforme Ulule, ce qui lui a permis d’en placer 835 et, avec ce financement, d’envisager la production en nombre. Clients visés : particuliers, professionnels de santé, associations de parents ou de patients, monde enseignant… Voilà ce qui s’appelle du «risque maîtrisé».