Budget, logement, immigration: le MoDem invite le gouvernement pour avancer ses pions
A l'approche de la rentrée parlementaire, le MoDem avance ses premières propositions en pressant le gouvernement d'écouter ses propositions sur le budget et la crise du logement, et en déconseillant très...
A l'approche de la rentrée parlementaire, le MoDem avance ses premières propositions en pressant le gouvernement d'écouter ses propositions sur le budget et la crise du logement, et en déconseillant très publiquement l'idée d'un 49.3 sur l'immigration.
"On veut pas tout casser mais je pense que nos propositions méritent une attention du ministre du Budget", lance lundi Jean-Paul Mattei, président du groupe MoDem à l'Assemblée. A ses côté Thomas Cazenave sourit, l'assistance aussi.
Le ton entre le ministre et le député membre de la majorité présidentielle est détendu, mais le message est passé. "On fait de la politique aussi un peu", sourit M. Mattei.
A un mois du marathon budgétaire, le MoDem a invité le ministre à ses journées parlementaires dans la Vienne pour trouver des points d'entente sur le budget de l'Etat, qui semble promis cette année encore à des 49.3, et donc à des arbitrages du gouvernement sur les amendements in fine.
Les 32 propositions, gardées secrètes, "seront toutes instruites par les services de Bercy", assure le ministre, promettant un budget "offensif", sans oublier de rappeler la nécessité de "réduire les déficits publics".
Le MoDem, allié du parti présidentiel Renaissance dans la majorité relative à l'Assemblée, promet à nouveau de soutenir le gouvernement dans une année parlementaire forcément intense, mais entend bien décrocher des arbitrages pour plus de "justice sociale" et lutter contre la crise du logement.
"Nous pensons qu'il y a une différence entre les bénéfices qui restent dans l'entreprise et ceux qui sortent de l’entreprise", insiste encore M. Mattei, un an après avoir bataillé contre l'avis du gouvernement pour une taxation des superdividendes.
Sur le volet fiscal, le groupe pourrait proposer cette année de revoir le barème de l'impôt sur le revenu et une éventuelle indexation sur l'inflation, pour une certaine tranche de revenus moyens.
Pour le logement, selon des sources parlementaires, le MoDem va notamment mettre sur le table un statut d'investisseur immobilier, des propositions pour favoriser la location de longue durée au détriment des locations courtes (type Airbnb), ou encore des mécanismes pour inciter au retour sur le marché de logements vacants.
Le groupe devrait aussi proposer de maintenir le dispositif prêt à taux zéro, au vu de la conjoncture actuelle du marché.
- Immigration : oui aux métier en tension, non au 49.3 -
En attendant Elisabeth Borne mardi, un autre membre du gouvernement a fait le déplacement lundi: Gérald Darmanin.
Arrivé à l'heure du dessert, le ministre de l'Intérieur serre consciencieusement toutes les mains avant d'aller débattre avec le sénateur centriste Philippe Bonnecarrère, le directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) Didier Leschi et la directrice générale de France Terre d'Asile Delphine Rouilleault.
Engagé dans des négociations tendues avec la droite, opposée à la mesure de régularisation des sans-papiers travaillant dans les métiers en tension du projet de loi immigration, le ministre renouvelle son attachement au principe : "sans saisonniers marocains une partie de l'agriculture française ne fonctionne plus".
Une déclaration bienvenue pour François Bayrou, défenseur de cette mesure, venu écouter Gérald Darmanin à qui, tout comme lui, on prête des ambitions présidentielles pour 2027.
A la sortie du débat, le patron du MoDem ne manque pas de rappeler à des journalistes qu'il n'est pas favorable à l'utilisation du 49.3 pour sortir le texte de l'ornière parlementaire.
"Sur ce texte immigration, si l'accord n'est pas là, on en prend acte et on continuera à vivre quand même", plaide-t-il.
Mais un échec de ce texte serait beaucoup plus préjudiciable à Gérald Darmanin, qui évoque des pistes de compromis en passant une partie des mesures via une circulaire, ou encore en allongeant la durée nécessaire pour prétendre à la régularisation.
"Une fois les sénatoriales passées on trouvera je pense le chemin de l’intelligence collective", assure le ministre, également pressé par l'aile gauche de la majorité de conserver ces régulations dans une tribune cosignée par des députés de gauche et de la majorité, dont des élus MoDem.
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