BSL Steel veut s'ouvrir des portes
À Craywik prés de Dunkerque, la croissance de la PME spécialisée dans la maintenance, la chaudronnerie et la metallerie BSL Steel s'est récemment appuyée sur un chantier « unique » : la fabrication à l'identique d'une maquette du fond de cuve du réacteur n° 1 de la centrale de Gravelines. Interdit de communiquer au moment des manœuvres sur le site de la Centrale, l'entreprise fait aujourd'hui la promotion de son savoir-faire. Rencontre.
Ils sont trois : Benoit Guillemot, directeur opérationnel, Sebastien Palka, président du directoire de la SAS et Luc Daubermann, le plus ancien, le technicien. Dans leurs locaux de la zone d’activité économique de Craywik en bordure de l’A16, une quarantaine de salariés s’affairent : chaudronnerie, métallerie, tolerie fine, maintenance industrielle, les savoirs-faire du métal que détient le dunkerquois depuis les origines de son histoire industrielle avec les chantiers de France… Depuis quelques années, elles servent à la Centrale de Gravelines qui irrigue les carnets de commande des sous-traitants locaux. Déjà sous contrat de sous-traitance, BSL Steel a eu la chance (et le talent) de parfaire sa collaboration avec EDF. L’entreprise gestionnaire des installations nucléaires civiles en France a depuis plusieurs années un caillou dans la chaussure. À Gravelines, la cuve de la tranche 1 a un défaut qui occasionne quelques fuites depuis au moins 2012… Au point que la direction d’EDF ait envisagé la fermeture de la tranche si la réparation n’était pas effectuée comme l’a demande l’Autorité de Sureté Nucléaire depuis plusieurs années. L’enjeu de l’appel d’offres lancé par EDF : « clore le défaut (de fuite) pour éviter la surveillance constante » du fond de cuve. Le bouchonnage a été la tâche du géant Westinghouse, le premier opérateur nucléaire mondial. EDF a fait le lien et BSL Steel a trouvé un nouveau client.
Une boite d’entraînement pour intervenants hautement qualifiés.
La difficulté du chantier réside dans le remplacement de tubes qui perforent la cuve et dont l’une des soudures n’a pas l’étanchéité maximale. Mais intervenir sur site à proximité d’autant de radiation complexifie encore les manœuvres : « il faut s’imaginer que les personnes de Westinghouse qui ont fait le job ne pouvaient s’exposer que 20 minutes sur le site d’intervention à cause des radiations » explique Benoit Guillemont. D’où un entraînement intensif sur une maquette à l’échelle 1. Plusieurs équipes totalisant 80 personnes sont passées régulièrement pendant 8 mois sur le site de BSL Steel afin de s’entraîner. « Le timing était serré ; certains matériaux venaient d’Afrique du Sud ou de Suède. Il fallait prévoir une intervention de l’intérieur – réalisé par un robot – et par l’extérieur » raconte Sébastien Palka. Livré en juin 2014, l’équipement fait la fierté de l’atelier : 8 mètres sur 10 ; 3 ans de travail entre l’étude et la maquette réelle ; 250 000 euros de chiffre d’affaires supplémentaire et une entrée chez un nouveau client présent sur les 5 continents… L’intervention de Westinghouse sur le site de la centrale s’est achevé en septembre dernier. Aujourd’hui, EDF pèse encore 40 % de l’activité de BSL Steel. L’entreprise est bien décidé à se diversifier d’avantage en développant une stratégie de croissance multiple : « grâce à EDF, on peut se vendre ailleurs ».
Investissements et nouveau bâtiment.
Aprés une quasi décennie d’existence, BSL Steel est en train de franchir une marche de plus. La direction s’est lancé dans des investissements importants : machines, bâtiment, équipement… « Nous triplons la surface de travail avec l’extension » indiquent les trois dirigeants. Après avoir passé le cap des 5 millions d’euros de chiffre d’affaire, l’entreprise vient de lever 800 000 euros (dont 130 000 en avance remboursable auprès de la Communauté Urbaine de Dunkerque. « On a fait 15 banques avant de trouver » glisse le président du directoire, confiant dans l’avenir : « on n’a jamais perdu d’argent en 9 ans ; et on n’a jamais versé de dividende non plus ; on réinvestit tout ». L’entreprise disposera d’un nouveau bâtiment en 2017 mais ne verra probablement pas ses effectifs augmenter. Sauf pour la filiale que la direction crée : BSL IDF spécialement dédié à la gestion de projet complet. « Nous nous fixons un objectif de 1 à 1,5 millions d’euros dans les 2 ou 3 ans » avance Benoît Guillemot. Capitalisé à 20 000 euros, la filiale rapidement faire ses preuves. Et trouver des marché pour sa maison-mère.
Morgan Railane