En déplacement à Gravelines et Grande-Synthe

Bruno Le Maire se fait le chantre de la décarbonation et du nucléaire

Le ministre de l’Économie a choisi la centrale nucléaire de Gravelines et le site de Grande-Synthe du sidérurgiste ArcelorMittal pour son premier déplacement depuis la nomination du nouveau gouvernement. Avec deux messages : accélération de la décarbonation industrielle et augmentation de la part de l’électricité décarbonée dans le mix énergétique français.

Les ministres Christophe Béchu et Bruno Le Maire en visite sur le site de Grande-Synthe d'ArcelorMittal le 15 janvier dernier.
Les ministres Christophe Béchu et Bruno Le Maire en visite sur le site de Grande-Synthe d'ArcelorMittal le 15 janvier dernier.

Les gouvernements changent mais le défilé ministériel continue sur le territoire dunkerquois. Ce lundi 15 janvier, c’est Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique qui a fait le déplacement. Il était accompagné de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la cohésion territoriale et de Bruno Bonnell, secrétaire général à l’investissement, chargé du plan France 2030. Derrière ce déplacement, deux messages forts : le soutien total de l’État à la production d’électricité décarbonée notamment via le nucléaire et à la décarbonation industrielle, les deux sujets étant intimement liés. Sans électricité décarbonée en quantité suffisante, pas de décarbonation industrielle possible.

Bruno Le Maire s’est d’abord rendu à la centrale nucléaire de Gravelines, plus puissante d’Europe de l’ouest avec ses six réacteurs d’une puissance de 900 MW chacun, qui doit accueillir d’ici 2037 deux réacteurs EPR nouvelle génération, symbole du redéploiement nucléaire français. «Nous allons accélérer la transition climatique. Or, si nous voulons tenir notre engagement de décarboner notre industrie pour parvenir à zéro émission de CO2 en 2050, nous devons doubler la part d’électricité décarbonée dans le mix énergétique français. L’électricité décarbonée, c’est d’abord le nucléaire, et j’ai toujours dit mon attachement au nucléaire, mais aussi évidemment les énergies renouvelables, éolien off-shore, hydroélectricité, photovoltaïque... Notre ambition pour la France est qu’elle devienne la première économie d’Europe décarbonée» a commenté Bruno Le Maire, en marge de sa visite dans la salle de contrôle du réacteur n°6 de la centrale nucléaire et du terrain qui doit accueillir les deux futurs EPR.

850 millions d'euros d'aide pour ArcelorMittal

Le ministre s’est ensuite déplacé jusqu’à Grande-Synthe sur le site du sidérurgiste ArcelorMittal, l’une des plus importantes aciéries du groupe en Europe avec une production de l’ordre de 6,8 millions de tonnes annuelles. Toutefois, cette production a un coût environnemental : l’émission de 12 millions de tonnes de CO2 par an, soit 15% des émissions industrielles en France. Le géant de l’acier est donc engagé dans un lourd processus de décarbonation qui passe notamment par un changement complet de son process de fabrication : réduction direct du fer par le gaz et l’hydrogène (et non plus par le charbon) puis fabrication de l’acier via deux fours électriques surpuissants. 

Exit donc les hauts-fourneaux pollueurs. Ce changement représente un investissement colossal de 1,8 milliard d’euros, qui doit conduire à une réduction annuelle de 4,4 millions de tonnes de CO2, soit 5,7% des émissions industrielles totales de la France. «Cet acier bas carbone, qui va alimenter notamment notre industrie automobile, est une avancée majeure dans la modernisation et la décarbonation de notre économie mais également dans la souveraineté industrielle du pays» a souligné Bruno Le Maire. «Il est rendu possible grâce à la réforme du marché de l’électricité, qui permet à ArcelorMittal de bénéficier d’une électricité à prix compétitif et en quantité suffisante indispensable à cette nouvelle technologie».

L’importance de ce projet et les bénéfices attendus en termes d’écologie ont conduit à la signature d’une convention entre le groupe ArcelorMittal et l’ADEME pour le compte de l’État que Bruno Le Maire est venu officialiser. Celle-ci acte le soutien public au projet pour un montant maximum de 850 millions d’euros. L'approbation du financement de l'État a été reçue de la Commission européenne en juillet 2023. Et le ministre de conclure : «Ici, à Gravelines et à Grande-Synthe, on a la preuve qu’écologie et industrie peuvent avancer ensemble». Ce que le ministre appelle l’écologie à la française.