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Brissy-Hamégicourt accueille la première colocation pour seniors des Hauts-de-France

Portée par CetteFamille, cet habitat partagé implanté dans l'Aisne pourra accueillir jusqu’à huit colocataires. Il s’agit de la première implantation dans les Hauts-de-France pour cette entreprise issue du secteur de l’ESS créée en 2016. Trois autres projets similaires devraient voir le jour dans la région.

La maison de Brissy-Hamégicourt pourra accueillir huit colocataires. ©Aletheia Press/ DLP
La maison de Brissy-Hamégicourt pourra accueillir huit colocataires. ©Aletheia Press/ DLP

« Il nous reste encore quelques cadres à accrocher », sourit Stéphanie Herinckx, responsable d’ouverture au sein de CetteFamille en pénétrant dans la bâtisse de près de 600 m². Dans quelques semaines, celle-ci accueillera 8 colocataires. Leur particularité ? Être tous seniors ! Créée en 2016, CetteFamille, jusqu’ici tournée vers l’accueil familial, a lancé en 2020, les maisons partagées. Il en existe aujourd’hui 18 partout en France. « Nous fonctionnons à l’opportunité : dès que l’on trouve un bien qui correspond à nos critères, nous lançons le projet », explique Florent Ury, directeur Qualité de l’entreprise. La maison de Brissy-Hamégicourt à proximité de Saint-Quentin sera la première en Hauts-de-France. CetteFamille prévoit d’ouvrir trois autres colocations sur le territoire d’ici la fin de l’année.

Respecter les envies de chacun

Au rez-de-chaussée, la maison accueille les espaces communs où chaque colocataire peut vaquer à ses occupations ou participer à une animation. Au premier et 2e étage – accessible par un monte-charge ou par un escalier – se trouvent huit chambres spacieuses avec salles de bains. 

« Nous n’imposons rien, chaque colocataire est entièrement libre de participer ou non à la préparation des repas ou aux différentes activités », souligne Cheyenne Powers, responsable de la maison de Brissy-Hamégicourt. Comme n’importe quel lieu de vie partagé, chacun peut amener ses meubles, inviter des proches et même, si l’ensemble des colocataires est d’accord, venir avec son animal de compagnie. « Ils sont chez eux, ils se lèvent, se couchent et vivent à leur rythme », insiste Cheyenne Powers.

La moyenne d’âge des colocataires de CetteFamille est de plus de 80 ans. ©Aletheia Press/ DLP

Ils seront quatre – trois temps plein et un mi-temps- pour les accompagner de jour comme de nuit. « Nous cherchons la responsable de maison, ensuite, c’est elle et les colocataires s’ils sont déjà présents qui recrutent le reste de l’équipe. CetteFamille offre un cadre permettant d’assurer la qualité de l’offre, mais chaque maison a son propre esprit », précise Florent Ury. 

Un modèle attractif qui séduit les auxiliaires de vie, bien souvent confrontés à de mauvaises conditions de travail. La réussite du projet repose également sur la bonne entente entre colocataires. Pour "composer" des collectifs, CetteFamille dresse un bilan de situation pour chacun. « Nous avons plusieurs critères comme le niveau de besoin au quotidien, la dynamique sociale ou encore l’état d’esprit », poursuit-il. Si les habitats partagés ne sont pas des lieux médicalisés, ils offrent une nouvelle solution de maintien à domicile. « Nous avons déjà accompagné des fins de vie dans des maisons. Tout ce qui est faisable en médecine de ville est faisable dans une colocation CetteFamille », assure Florent Ury.

Une place en colocation représente un coût mensuel moyen de 2 400 euros qui comprend la chambre, les animations et les repas. Chaque résident peut bénéficier de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) et d’un crédit d’impôt pour les aides à domiciles, faisant baisser la facture à 1 600 euros en moyenne.

Un projet de territoire

Autre volonté de l’entreprise, s’inscrire dans un projet de territoire, rural de préférence : toutes les colocations sont implantées dans de petites communes qui sont d’ailleurs impliquées le plus possible dans ces projets. « Les maisons sont aussi actrices de l’économie locale en s’approvisionnant auprès de producteurs pour les fruits et légumes, mais aussi en faisant appel à des entreprises de proximité pour les besoins du quotidien ou l’entretien », souligne Stéphanie Herinckx avant d’évoquer la possibilité pour les colocataires d’aller à la bibliothèque, d’intégrer le club du 3e âge ou de s’impliquer dans des associations. « C’est aussi une façon de redynamiser des zones rurales », ajoute-t-elle.

Le grand âge, un défi pour l’avenir

En 2019, on dénombrait en France 13,4 millions de personnes âgées de 65 ans et plus, soit 20% de la population (source Insee). Elles seront 20 millions en 2030 et 24 millions en 2060 (source ministère de la Santé). Si la majorité des seniors vivaient en 2016 à domicile – 96% des hommes et 93% des femmes –, ils étaient la même année 600 000 à être accueillis dans 7 600 Ehpad et 760 000 à bénéficier d’un service d’aide et d’accompagnement à domicile. L’INSEE estimait en 2019 que quatre millions de seniors seraient en perte d’autonomie en 2050. D’où le besoin impératif de renforcer les services à la personne et les offres d’hébergement, plus ou moins médicalisés.