Réinsertion professionnelle
Brigitte Klinkert et Éric Dupond-Moretti en visite à la Maison d’arrêt d’Amiens
La ministre déléguée en charge de l’Insertion et le garde des Sceaux se sont rendus à la Maison d’arrêt d’Amiens mardi 15 mars pour inaugurer un nouvel atelier d’insertion. Ils ont également signé un plan d’actions ayant pour objectif de lutter contre la récidive en favorisant l’emploi des personnes détenues.
À la Maison d’arrêt d’Amiens, sur 376 détenus, 90 d’entre eux suivent une formation et 90 autres travaillent à la confection de sacs, de boucles étanches ou d’emballages. « Il faut également prendre en compte les détenus qui ont intégré un cursus scolaire, pointe Tété Mensah-Assiakoley, directeur de la Maison d’arrêt. Lorsqu’une personne arrive ici, nous lui présentons l’ensemble des formations et des ateliers existants. Si elle souhaite intégrer l’un d’entre eux, elle fait une demande écrite », poursuit-il. Contrairement à d’autres centres pénitentiaires, l’accès à ces activités se fait ici « sans difficulté », assure le directeur.
Depuis le mois de février, l’établissement accueille du lundi au vendredi de 7 h 30 à 12 h 30 un atelier d’insertion où six détenus réparent du petit électroménager. « Nous avons reçu 24 candidatures, douze ont pu suivre une formation de 210 heures et six ont finalement intégré le projet », précise Stéphane Carruette, qui avec Morgane Kermones, directrice de l’association Wallbreaker, encadre les détenus.
« L’important est de leur proposer des compétences qui leur seront utiles une fois sortis », explique cette dernière. Wallbreaker envisage deux débouchés pour son atelier de réparation : la remise en état de petits électroménagers ou la revente d’objets réparés.
Favoriser l’insertion
Quelques semaines après son lancement, Brigitte Klinkert, ministre déléguée en charge de l’Insertion et Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, sont venus officiellement inaugurer cet atelier.
« La prison est faite pour punir, assurer la sécurité de nos concitoyens, mais aussi réinsérer les personnes détenues. L’une de mes priorités en arrivant à la Chancellerie a été de lutter contre la récidive. L’insertion par l’emploi est une bonne réponse à cela, pointe le garde des Sceaux qui souhaite que 50% de détenus aient accès à un emploi. Nous sommes aujourd’hui à 31%, il y a encore des efforts à faire, mais nous visitons ici la 15e initiative au niveau national et dix autres projets verront le jour d’ici la fin de l’année », note celui qui a porté la loi dans la confiance dans l’institution judiciaire qui a notamment remodelé le contrat de travail des détenus.
Si ces derniers ont obtenu de nouveaux droits sociaux, ils ne sont rémunérés qu’à hauteur de 45% du SMIC. « L’emploi est un élément clé de la réinsertion, 53% des détenus n’ont pas de diplôme et 9% ont un diplôme équivalent au bac », observe de son côté Brigitte Klinkert. Des chiffres encore plus élevés chez les moins de 25 ans, dont 80% sont sans diplôme et 40% échouent au bilan de lecture.
Un appel aux entreprises
Mais pour favoriser le travail pénitentiaire, encore faut-il que les entreprises répondent présent. « C’est une activité débutante, l’association Les Astelles nous apportent quelques objets à réparer, mais nous sommes à la recherche d’entreprises qui pourraient nous confier de l’activité pour faire tourner l’atelier », explique Stéphane Carruette.
Un appel repris par Éric Dupond-Moretti. « Il y a sans doute encore de la défiance et un écueil culturel à se tourner vers les prisons. Mais nous avons effectué un gros travail pour rendre plus lisible le travail pénitentiaire et nous avons cartographié les ateliers présents sur le territoire, détaille le ministre de la Justice. Lorsque j’ai présenté le site, travail-prison.fr au Medef, la fréquentation a explosé. C’est gagnant-gagnant », poursuit-il.