Braquage au butin record en Suisse: jusqu'à 20 ans de prison requis

De 9 à 20 ans de prison ont été requis jeudi contre six hommes jugés à Lyon pour le braquage d'un convoi de fonds au butin record de plus de 40 millions...

Des avocats dans la salle d'audience du palais de justice de Lyon, à l'ouverture du procès pour le vol d'un camion de transport de fonds en Suisse en 2017, le 22 janvier 2024 © JEFF PACHOUD
Des avocats dans la salle d'audience du palais de justice de Lyon, à l'ouverture du procès pour le vol d'un camion de transport de fonds en Suisse en 2017, le 22 janvier 2024 © JEFF PACHOUD

De 9 à 20 ans de prison ont été requis jeudi contre six hommes jugés à Lyon pour le braquage d'un convoi de fonds au butin record de plus de 40 millions d'euros, commis en Suisse en 2017. 

L'avocat général Eric Mazaud a estimé que les accusés, dont trois en fuite, s'inscrivaient "dans le haut spectre de la criminalité", avec une attaque sur un fourgon semi-blindé menée avec "un haut niveau de préparation" et une "quasi professionnalisation".  

Jugés pour "vol en bande organisée avec arme" et "enlèvement et séquestration", cinq d'entre eux, récidivistes au lourd passé judiciaire, risquaient la perpétuité, le sixième 20 à 30 ans de prison.

Les six hommes, âgés de 39 à 54 ans, ont tous été arrêtés le 24 mai 2017 dans une villa de Haute-Savoie en possession de billets de banque de différentes devises entassés dans des sacs, de quatre lingots d'or, ainsi que de bijoux et de plusieurs milliers de pierres précieuses, pour une valeur totale évaluée à 40 millions de francs suisses (42,3 millions d'euros au cours actuel). Les enquêteurs de la police judiciaire ont aussi retrouvé sur place des armes et des  équipements.

Quatre heures plus tôt, en quelques minutes à peine, un convoi de fonds se faisait attaquer dans le canton de Vaud, entre Genève et Lausanne.  Sous la menace de fusils d'assaut, les deux convoyeurs avaient été ligotés par des assaillants déguisés en policiers, puis emmenés dans les coffres de deux voitures.

- "Brutalité"-

Contre les trois absents, le ministère public a requis 20 ans de réclusion criminelle ainsi que le prolongement des effets des mandats d'arrêt lancés contre eux l'an dernier. Dans ce "trio lyonnais", chacun a déjà été condamné pour des braquages à main armée en France et en Suisse. Les trois ont disparu alors qu'ils étaient sous contrôle judiciaire.

Deux autres récidivistes, présents dans le box des accusés, ont vu requérir contre eux des peines de 16 ans et 12 ans de prison. Les deux portent déjà un lourd passé judiciaire, avec des condamnations l'un pour trafic de stupéfiant, l'autre pour des vols de voitures.

Pour le dernier des accusés, au maigre casier judiciaire en comparaison à ses présumés complices, l'avocat général a requis neuf ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt. 

Il a pointé, dans son réquisitoire, la "brutalité" de la bande et son mode opératoire quasi-professionnel. A plusieurs reprises, les débats ont souligné l'impressionnant arsenal trouvé en possession des accusés - quatre fusils d'assaut et trois armes de poings- et leur équipement  - plusieurs voitures volées, des cagoules, des perruques, des brassards de police, des gyrophares, un brouilleur d'onde ainsi que des serflex pour ligoter les convoyeurs. 

Le ministère public a pointé "une criminalité qui exige aussi, il faut le concevoir, un niveau de renseignement très précis". 

Les braqueurs, au moins au nombre de cinq pendant l'attaque en Suisse, avaient connaissance du parcours et des horaires du fourgon de la société Loomis. Ils connaissaient aussi l'existence d'un mécanisme manuel d'ouverture, permettant au moyen d'une simple tige, d'ouvrir la porte latérale du véhicule. Une spécificité dont seuls, en théorie, avaient connaissance les employés de la société.

"La violence est partout dans ce dossier", a insisté dans sa plaidoirie l'avocate de la société, également représentante d'un des convoyeurs constitué partie civile, Me Hélène Church. Elle a aussi évoqué "les faits vécus par les convoyeurs qui ont cru à une exécution" en plein milieu de la nuit.

L'audience doit reprendre vendredi avec les plaidoirie de la défense. Le verdict  est attendu dans la journée ou dans la soirée. 

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