Bouton Noir poursuit son projet à Marquette-lez-Lille
Depuis le 15 octobre, l'enseigne Bouton Noir est présente dans la récente extension du parc de l'Innovation à Marquette-lez-Lille sur 500 m2.
Ses clients l’ont d’abord connue dans un «shop in the shop» de 47 m2 au sein du rayon textile de l’hypermarché Auchan V2 à Villeneuve-d’Ascq, puis dans une boutique éphémère mais très visible dans la galerie marchande d’Auchan Faches-Thumesnil.
Petit retour en arrière : c’est dans le cadre de la démarche d’innovation «Créative Attitude» initiée par Vianney Mulliez que Cindy Lebriez, 38 ans aujourd’hui, alors chef du secteur caisses à Auchan Faches, a pu proposer un projet de création d’une nouvelle activité. Si son idée – proposer des vêtements uniques, homme et femme, taillés sur mesure et personnalisés à des prix accessibles – a été agréée en 2014, la boutique a ouvert le 7 avril 2015 jusqu’à ce que le groupe, sous le coup d’un changement de direction et d’un changement de vision, décide l’année dernière un recentrage de ses activités sur ses basiques et lui propose le rachat de l’entité pour 1 euro symbolique.
Un concept «agrandi»
Une opportunité que Cindy Lebriez a décidé de saisir en s’associant à 40-60 avec François Poupart, directeur d’Auchan Faches-Thumesnil, dans la société Arcotex qui porte Bouton Noir. Si le principe est toujours le même – démocratiser le sur-mesure avec des chemises à partir de 59 €, des costumes de 300 € et des robes de 100 € sur la base d’un sur-mesure en 4 étapes, une prise de 110 mesures à partir d’un bodyscan 3D en 10 s, le choix du vêtement (modèle, coupe…) et sa personnalisation à souhait (tissu, couleur, boutons, poches, longueur des manches…) avant sa réalisation – «le concept s’est agrandi», explique Cindy Lebriez.
«Nous ne suivons pas la mode, c’est le client qui choisit»
Pour avoir rencontré des difficultés de transport, de douanes, de qualité de fabrication sur le jean, alors qu’elle a trouvé des usines qualitatives de production industrielle de sur-mesure pour la chemise et les costumes, elle a cherché un grand local pour en assurer elle-même la fabrication. D’où le choix de cette surface de 500 m² qu’elle loue à prix abordable (moins de 100 €/m² charges comprises par an), découpée en 250 m² de commerce et 250 m² d’atelier. D’où aussi un investissement de plus de 200 000 € financés en fonds propres dans du matériel performant (machine Lectra de découpe, machines à coudre industrielles, boutonnière électronique, machine à bras déporté…), ainsi que le recrutement d’une modéliste-styliste, Anaïs, une ex de chez Decathlon, et de deux couturières, Tiana et Sarah, reconverties après des masters d’environnement et de sociologie. «Nous avons repensé totalement le jean et sa fabrication, détaillent-elles, et notre objectif est d’arriver à une fabrication en 1 heure.»
Favoriser la relation client
Le concept du magasin a aussi été repensé pour revisiter la relation client. «Ici, il n’y a plus de PLV, commente Cindy Lebriez, la PLV, c’est nous ! D’où cette scénarisation en salon avec des chauffeuses pour favoriser les explications et les échanges avec la clientèle ou encore l’apport d’une cuisine pour des midis VIP…» Pour parfaire l’aventure, Bouton Noir ne manque pas d’idées pour 2018 : l’utilisation de jean prêt à teindre, le lancement en mars de la fabrication de robes dans l’atelier, une machine à laser pour dépigmenter le tissu, une machine à broder et, pourquoi pas, le développement d’une chaîne de production de jean, si le marché s’y prête, au nom de la relocalisation en France.
Côté commercial, Cindy Lebriez évoque des contacts avec des grands magasins pour y tester des formules de corner. Pour cibler en priorité les mariages, les déçus du prêt-à-porter ou encore les personnes souffrant d’un handicap. «Nous ne suivons pas la mode, c’est le client qui choisit, insiste-t-elle. Nous sommes plutôt sur des tissus durables, intemporels, indémodables, qui tiennent au lavage, au repassage.» Pour réaliser 40% de son activité en costumes, autant en chemises et 20% en jeans, elle mise aussi sur le marché de l’accessoire, chaussures, ceintures, nœuds papillons, qui bénéficie ici d’une meilleure visibilité qu’à V2. «Nous avons pour objectif de réaliser un chiffre d’affaires de 500 000 € sur un an, ce qui me permettra un salaire.» Bouton Noir a franchi un nouveau palier, même si l’enseigne vit encore sur un modèle de start-up, où chaque euro est compté.