Bouffée d’air avec les Henson
Rien de tel après les épreuves que nous venons de passer que de profiter de la nature. Le cheval Henson, avec son pas sûr, est un compagnon idéal pour se changer les idées et profiter des cadres uniques de la baie de somme.
Avec le calme absolu qui le caractérise, Colorado, 8 ans, prend la pose avec Chloé Bizet, dans la cour de la ferme typique qui appartient à sa famille depuis 1860. Colorado n’est pas un cheval comme les autres. C’est un cheval Henson. Il est né ici à Morlay, commune de Ponthoile, en baie de Somme. Il est dans son royaume. C’est ici que dans les années 70 le grand-père de Chloé Bizet, Bernard, déjà visionnaire, s’est essayé à de nombreux croisements pour faire naitre une race de chevaux de loisirs, agréables à regarder et pouvant vivre dehors toute l’année.
Années de sélection
Le croisement anglo arabe et fjord – il avait effectué un voyage d’étude en Norvège – lui donnant satisfaction, il a poursuivi patiemment son travail d’éleveur, tel un artisan. Déjà à cette époque, il proposait des baptêmes à poneys. Parallèlement, les docteurs vétérinaires Lionel Berquin et Michel Trencart et le dentiste Marc Berquin ont développé commercialement la race à Saint-Quentin-en-Tourmont qui, en 2003, a été officiellement reconnue par les Haras nationaux. Aujourd’hui, elle a compte 1 200 chevaux inscrits au stud book.
Colorado est donc le fruit d’années de sélection. En mars dernier, il a représenté la race au salon de l’agriculture de Paris. Après plusieurs épreuves : CSO, attelage, complicité à pied, équitation de travail… il a terminé deuxième du concours général agricole dans la catégorie trophée national des chevaux et poneys. Une fierté pour Chloé Bizet : « Ce ne devait pas être lui qui devait aller à Paris, mon autre cheval s’est blessé, raconte t-elle. C’était son karma. Colorado est brave, bien dans sa tête, dans sa morphologie. Il a de qui tenir, sa mère était aussi exceptionnelle. Je n’oublie pas non plus Rose avec qui je suis devenue vice-championne départementale de CSO en club élite. »
Au total, la structure compte environ 80 Henson, dont trois étalons et 14 chevaux de balade. Ils profitent des 127 hectares qui leur sont dédiés. Une dizaine de poulains naissent chaque année. Ils sont en général vendus après trois ans, lorsque leurs caractères sont affirmés. Titulaire de son diplôme de monitrice dans le domaine du tourisme équestre, Chloé Bizet est revenue il y a deux ans sur ses terres, pour épauler ses parents Carole et Thierry. Depuis quelques mois, des poneys de différentes tailles sont arrivés à Morlay. Elle veut développer une équitation de loisirs, comme les Techniques de randonnée équestre de compétition (Trec) ou de balade.
“en général, ce que recherchent les gens, ce sont les balades”
Nombreux projets
« Dans le Trec, l’ambiance est super, confie t-elle. On gagne de plus en plus en complicité avec son cheval notamment lors des exercices en terrains variés. J’ai aménagé un parcours dans une pâture. Grâce à ma carrière de 40 mètres par 20, je donne des cours le mercredi après-midi et le samedi matin. Mais en général, ce que recherchent les gens, ce sont les balades. Bien sur, je les emmène jusqu’en baie de Somme mais pas seulement. L’arrière-pays est aussi très beau. Je pense notamment à Favières, aux bas champs. Nous allons aussi en forêt de Crécy-en-Ponthieu. Bientôt, nous irons jusqu’au magnifique château de Régnière-Écluse. »
Tout cela bien entendu dans le respect des gestes barrières. Du gel hydroalcoolique est mis à disposition des clients, petits et grands. Le matériel est désinfecté : « Nous avons de l’espace, c’est l’avantage, précise Chloé Bizet. Le confinement a eu des conséquences, en particulier sur l’activité location de gîtes. Toutefois, cela nous a permis de nous recentrer sur nos projets. Contrairement à d’autres clubs équestres, nous n’avons pas dû chercher des prairies. Nous produisons notre foin, cela évite des frais supplémentaires. Les cavaliers adhérents et extérieurs nous demandent de l’évasion, de l’aventure. Ils cherchent un endroit où ils se sentent bien, qui a une histoire, des racines… »
Chloé Bizet reconnaît que c’est une chance de pouvoir s’épanouir dans ce cadre paradisiaque : « Il faut aussi avoir un bon mental. Il ne faut pas lâcher car nous sommes multitâches. Les journées sont longues… », assure t-elle tout en gardant un large sourire.