Borne défend un programme d'éducation à la sexualité "indispensable"

Initier les écoliers à la notion de consentement, parler de sexualité ou de discriminations de genre avec les plus grands: Elisabeth Borne a défendu jeudi le programme d'éducation à la vie affective et sexuelle, contesté par certaines franges...

La ministre de l'Education Elisabeth Borne à Bordeaux le 23 janvier 2025 © ROMAIN PERROCHEAU
La ministre de l'Education Elisabeth Borne à Bordeaux le 23 janvier 2025 © ROMAIN PERROCHEAU

Initier les écoliers à la notion de consentement, parler de sexualité ou de discriminations de genre avec les plus grands: Elisabeth Borne a défendu jeudi le programme d'éducation à la vie affective et sexuelle, contesté par certaines franges conservatrices, qui doit s'appliquer à la prochaine rentrée.

"Cette éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité est absolument indispensable", a déclaré la ministre de l'Education sur France Inter. 

Ce programme, le premier élaboré sur ce sujet sensible, doit entrer en vigueur en septembre 2025 et prévoit trois séances annuelles dans l'ensemble des écoles, collèges et lycées, publics comme privés, comme théoriquement imposé par la loi depuis 2001. Mais ces séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle sont peu réalisées.

Après plusieurs contretemps, ce texte sera examiné mercredi prochain par le Conseil supérieur de l'éducation (CSE), une instance regroupant notamment les représentants des professeurs et des parents d'élèves.

Avec ce texte "important", "je souhaitais qu'on puisse poser un cadre pour les enseignants", a déclaré Elisabeth Borne à l'issue d'une visite jeudi après-midi dans une classe de 6e d'un collège de Bordeaux. 

Elle y a assisté à une séance d'éducation à la vie affective animée par un professeur de SVT (Sciences et vie de la terre) et une infirmière scolaire, au cours de laquelle les élèves ont abordé les relations amoureuses ou les changements de l’adolescence.

Identité de genre

La dernière version du programme, consultée par l'AFP et envoyée aux membres du CSE, s'efforce de répondre dans sa rédaction à certaines inquiétudes exprimées lors de son élaboration. A l'automne, il avait fait l'objet d'une fronde de la part d'associations conservatrices, puis de responsables politiques, dénonçant notamment la présence d'une "théorie du genre". 

Alors que le terme "d'identité de genre" était apparu plus d'une quinzaine de fois dans certaines versions du texte, faisant polémique, il ne figure plus que sept fois dans la dernière version, et n'est pas mentionné avant la classe de seconde. "Ça fait partie du code pénal", a souligné la ministre pour expliquer la présence de ce terme. 

La notion seule de "genre", différenciée du "sexe biologique", est, elle, évoquée à partir de la cinquième.

Le programme mentionne en outre que l'éducation à la sexualité sera mise en œuvre sans pour autant "se substituer au rôle des parents et des familles des élèves", une crainte exprimée notamment par l'enseignement catholique. Il indique également que "les parents d’élèves sont informés de la tenue et du contenu des séances obligatoires".

Le programme souligne aussi que l'éducation à la sexualité "se construit en deux étapes successives: une +éducation à la vie affective et relationnelle+ pour l’école maternelle et l’école élémentaire, une +éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité+ pour le collège et le lycée", et qu'elle "nécessite un ajustement à l’âge et à la maturité des élèves". 

Vigilance

Les syndicats se sont montrés mitigés sur cette nouvelle mouture. "On voit qu'il y a eu une volonté de tenir quelques équilibres sans renier l'esprit du programme", a réagi auprès de l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées.

Mais pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, "il y a des mentions qui nous semblent dangereuses", notamment sur la nécessité de prévenir les parents, qui pourrait conduire à ce "que les élèves ne viennent pas le jour J si les familles ne veulent pas".

"Il y a des modifications qui donnent l'impression de vouloir donner des gages à ceux qui n'en auront jamais assez, puisque de toute façon, ils sont hostiles", a abondé Catherine Nave Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Education.

La présidente du Planning Familial, Sarah Durocher, a de son côté fait part à l'AFP de sa "vigilance" sur ce texte, pour qu'il "corresponde aux besoins des jeunes aujourd'hui".

Parmi les associations qui se sont opposées au programme, le Syndicat de la famille (ex-Manif pour tous) a immédiatement réagi pour dire qu'il était encore "très loin du compte pour être bénéfique, constructif et répondre à ses objectifs". Il a appelé la ministre à le "réviser en profondeur".

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