Bohain-en-Vermandois : 2C2B La maison du charpentier récompensée pour la qualité de son travail

Bâtir un monde plus sain, c’est ce qui guide le dirigeant et ses neuf salariés (dont deux apprentis), qui valorisent des bois naturellement résistants, non traités chimiquement, et des produits éco-sourcés pour l’isolation des bâtiments. Charpente traditionnelle, lamellé-collé, construction en ossature bois ou paille – qui se développe de plus en plus –, isolation et aménagement des combles, habitat léger de loisirs et bardage-Isolation thermique extérieure (ITE) : les compétences et domaines de 2C2B La maison du charpentier sont variés et complets.

Et si Rémy Knibbe maîtrise autant son sujet, c’est que le quarantenaire s’est formé à de nombreuses – bonnes – écoles. Après avoir étudié la charpente métallique en formation alternée à l’Afpa de Lomme (Nord), il se passionne pour le dessin 3D, participe à des chantiers-écoles pour volontaires, avec la mise en œuvre de matériaux biosourcés (la terre, la paille et le bois), et suit en parallèle une formation pour devenir charpentier à la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment (FCMB) d’Arras. Le dirigeant axonais, qui fait partie de la Scop Graines de bâtisseurs, prêche aujourd’hui la bonne parole écologique via sa casquette de formateur Pro-Paille [ndlr, l’équivalent d’un Document technique unifié (DTU) pour la construction en paille] pour les architectes et les bureaux d’étude.

« J’ai débuté ma carrière il y a un peu plus de 17 ans sur des chantiers paille, à l’époque, c’était assez précurseur, la filière est aujourd’hui réglementairement plus évoluée. On est sur une technicité courante, la paille a été un temps décriée mais il n’y a pas de mauvais matériaux, c’est plutôt une question de mise en œuvre, explique Rémy Knibbe. Le gros avantage de la paille aujourd’hui, c’est son bilan carbone, avec des constructions proches du standard passif - ou qui l’atteignent - grâce à son inertie thermique, ses valeurs isolantes et sa capacité hygrométrique. Elle coche toutes les cases, c’est un matériau vraiment exceptionnel. Même si notre principal domaine d’activités reste la charpente traditionnelle, avec des essences locales naturellement durables, la paille a le vent en poupe et une vraie dynamique prend forme en région grâce à plusieurs acteurs, dont le Collectif Paille. »

80% des bâtiments réalisés par 2C2B, qui travaille en grande partie pour des Établissements recevant du public (ERP) et des marchés publics des Hauts-de-France, sont en paille, comme le pôle sportif de Saint-Quentin (deux gros gymnases avec 2 600 m² de murs en paille), et plusieurs maisons dans différents lotissements de l’Opal réservées en biosourcés – le bailleur social ayant la volonté de faire monter en compétences les entreprises du secteur sur ces matériaux.

La qualité du travail et l'amour du métier récompensés

Reconnaissance d’un travail de qualité, 2C2B s’est vue remettre en 2022 le prix du Bâtiment "Personnels de maîtrise et ouvriers", décerné par l’Académie d’architecture. « Les architectes avec qui nous travaillons ont salué la façon dont nous résolvions les problématiques rencontrées sur les chantiers, les matériaux utilisés, notre amour du métier, notre savoir-faire et notre optimisme », précise Rémy Knibbe, ému et heureux pour ses équipes d’avoir reçu cette médaille, qu’il a dédiée à celles et ceux qui l’avaient aidé, et aux charpentiers.

Une médaille reçue des mains de l’architecte isarien Bertrand Mathieu (Arval architecture à Crépy-en-Valois) qui a notamment salué durant son discours les réalisations « remarquables » du charpentier, « son goût du détail bien dessiné et réalisé et sa passion du métier pour essayer de nouvelles techniques, avec des matériaux biosourcés. Pour un architecte, travailler avec Rémy Knibbe est l’occasion d’apprendre, d’échanger, de chercher ensemble la solution technique fiable et élégante ». La capacité d’écoute du dirigeant de 2C2B a également été mise en avant, « elle lui permet de saisir immédiatement le sens du projet architectural, il sait composer et proposer et participe à la pensée constructive qui nerve les projets, qu’il sait ensuite mettre en œuvre », a souligné Bertrand Mathieu.

Prochaines étapes pour le dirigeant : s’installer dans des locaux plus spacieux, recruter pour étoffer ses équipes (qu’il espère féminiser) du bureau d’études et sur les chantiers et se lancer dans les enduits en terre, « une matière très résistante dont les qualités peuvent aujourd’hui être maximisées grâce aux techniques modernes ».