Blue Orange joue sans frontières
Lancée par Timothée Leroy et Jalal Amraouza, voilà dix ans, la société éditrice de jeux de société Blue Orange Games, connaît un succès croissant. Quand derrière le mot jouer se dessinent une éthique et une responsabilité sociétale. La marque de l’entreprise est aujourd’hui présente aux quatre coins du globe.
«Mon père a été joueur d’échecs et il a eu l’idée un jour de créer un jeu de réflexion. Je lui ai proposé de devenir son éditeur puis j’ai commencé à réfléchir à d’autres jeux. J’ai débuté dans une cave», se souvient Timothée Leroy. Celui qui est actuellement CEO (Chief of Executive Officer) de la société Blue Orange Games, basée dans des locaux fonctionnels sur la ZAC du Breuil à Pont-à-Mousson, peut se targuer d’une réussite certaine. Pourtant, tout n’a pas commencé de manière idyllique : «Quand j’ai quitté mon emploi pour souhaiter créer ma propre société d’édition de jeux de société, j’ai constaté la frilosité des banques et de Pôle emploi. Mon projet leur semblait sans doute futile et peu réaliste.» Il en faut plus pour le décourager. Avec son ami Jalal Amraouza, ils croient dur comme fer à leur ambition. En 2007 naît l’entreprise Jactalea. Les premiers jeux édités se nomment Blue Lion, Okya, Kings Gold. Mais l’entame s’avère chaotique. Timothée Leroy confirme : «On ramait». Jusqu’en 2012. Lors d’un salon professionnel en Allemagne, le contact se noue avec Thierry Denoual, patron français de Blue Orange Games, basée à San Francisco. Il publie et distribue des jeux sur le marché nord-américain, apprécie le travail et l’allant des jeunes créateurs, leur proposant de s’associer en devenant l’identité européenne de Blue Orange. Dès lors, la start-up lorraine est sur orbite.
Véhiculer des valeurs d’entreprise
Elle compte actuellement 9 salariés, générant un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros. Ses jeux sont présents dans 55 pays. Une équipe de trentenaires entièrement dédiée à l’univers ludique reçoit des jeux d’auteurs, les étudie, les teste et décide ensuite de les fabriquer et de les commercialiser. Timothée Leroy poursuit : «Chaque jeu est un long processus. Nous collaborons avec des spécialistes du marketing, du packaging, des illustrateurs. Il faut concevoir des notices dans des langues différentes.» Au fil du temps, Blue Orange a tissé un large réseau, faisant partie de Lorraine Inside, association de dirigeants régionaux, soutenue par la CCI International. La clé de son succès réside à l’export et une présence dans les salons internationaux : «C’est 85 % de notre CA», indique Matthieu Lanvin, communication manager. Si l’entreprise est présente sur l’ensemble du continent européen, elle a également un pied au Maghreb, en Iran. Timothée affirme : «Nous n’avons pas de limites. En Corée du Sud, l’État encourage les familles à se porter sur les jeux de société plutôt que ceux en vidéo. Pour l’Islande, c’est le parcours de l’équipe de foot à l’Euro 2016 qui nous a donné l’idée.» Blue Orange a pour lors édité quelques dizaines de jeux, obtenu plusieurs récompenses pour son sens de l’innovation. Une activité patinée d’un volet humanitaire. «Nous prenons part à des actions au Cambodge, au Sénégal, en France… Car au coeur de nos jeux, il y a des enfants. Jouer est sans frontières, c’est social et pédagogique. Nous voulons véhiculer nos valeurs, une certaine éthique. Nous restons des indépendants avant tout et avons une vision à long terme», assure Timothée Leroy.