Bloom à Saint-Quentin : La métamorphose d'une friche industrielle
À Saint-Quentin, Bloom a récemment ouvert ses portes non loin du centre-ville. Le lieu regroupe quatre espaces de restauration aux ambiances différentes, emploie au total 70 collaborateurs et s’installe en lieu et place d’une friche industrielle. Oscar Norel, qui dirige le projet avec son associé Yassine Guaich, raconte cette métamorphose.
La Gazette de Picardie : Comment le projet de réhabiliter une friche en espaces de restauration a débuté ?
Oscar Norel : Il a réellement commencé en 2017-2018 avec la première visite de la friche. Initialement, nous étions sur un projet de sports loisirs et l’idée de monter une salle de sport avec aussi à côté un trampoline park. Les études réalisées ne nous ont pas rassurés sur ce sujet. Nous avons donc changé nos plans pour monter un projet de pôle de restauration avec quatre cellules différentes, quatre thématiques, quatre ambiances, quatre paniers moyens différents pour avoir le panel le plus large. Les travaux ont débuté fin 2019, puis ont été mis à l’arrêt par le Covid pendant plusieurs mois. Les banques ont aussi été plus frileuses, il a fallu batailler. Nous avons dû prendre la décision de ne plus gérer la partie immobilière mais de seulement prendre en main la partie exploitation. Nous avons dû trouver un investisseur qui a porté le projet immobilier et qui a acheté le produit fini que l’on voit aujourd’hui.
Pourquoi avez-vous eu envie de créer un tel lieu à Saint-Quentin et sur ce site en particulier ?
Nous sommes sur la zone de la salle de spectacle le Splendid, du cinéma, et de la piscine la Bulle un peu plus loin. C’est un quartier qui est en devenir puisque quasiment toutes les anciennes friches qui le composaient sont réhabilitées. Nous sommes proches de la gare et on est à 5 minutes du centre-ville à pied. Il y a aussi une volonté de la Ville d’en faire un quartier dynamique et les études que nous avons réalisées nous ont confortés dans cette idée. Nous avons flashé sur le site, un ensemble de 3 000 m² au sol, la friche industrielle Boubiela-Moret. Il y a au moins une quinzaine d’années qu’il n’y avait plus d’activité.
« Le centre-ville est l’âme d’une ville, il faut se battre pour conserver cela »
Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait de réhabiliter cette friche ?
Redonner du cachet à quelque chose d’existant, cela a plus d’attrait. Nous avons choisi sur deux cellules de garder la charpente métallique pour conserver le côté industriel et brut. C’est plutôt tendance également et l’histoire du bâtiment est conservée. Le projet avait été initié par mon père Eric, qui est décédé à la fin de l’année 2021. J’ai repris le projet, nous en avions parlé ensemble. Il était assez visionnaire, il a beaucoup voyagé et travaillé pour de grands groupes donc il savait où il allait. Nous n’avons pas réellement fait un food court comme on le voit dans les grandes villes avec plusieurs restaurants et une seule salle où manger. Nous sommes plutôt sur un food court de restaurants, c’est-à-dire qu’on arrive sur un même bâtiment mais les restaurants sont distincts entre eux.
Comment avez-vous choisi les différentes ambiances ?
Le choix a été fait de manière à ce qu’aucun restaurant ou bar ne se fasse concurrence et qu’ils soient complémentaires. On retrouve deux franchises qui sont Il Ristorante et le restaurant Goudale, aux ambiances marquées cuisine italienne pour l’un et terroir du Nord pour l’autre. Et nous avons deux créations : Bloom Brass qui contient une micro-brasserie et un restaurant grill, et Lékip, un sports bar où on peut venir boire un verre et manger une planche devant la retransmission d’un match de football ou jouer au basket ou au billard. L’offre est à 360° sur quatre thématiques différentes pour toucher les 7 à 77 ans et qu’il y en ait pour toutes les bourses.
Quelles difficultés avez-vous rencontré pour remodeler un ancien bâtiment industriel ?
Il y a eu le Covid, la guerre en Ukraine et les inflations sur les matériaux. Nous avons eu dix mois de retard et le budget a augmenté. Une quinzaine d’entreprises a travaillé sur le projet. Au total, c’est un budget de plus de 7 millions d’euros qui a été nécessaire. On a découvert aussi certains aléas en dernière minute comme le fait de devoir refaire toute la toiture, ce qui n’était pas forcément prévu. Il a fallu désamianter aussi en amont. Il était nécessaire de s’adapter à l’existant.
Un lieu convivial en centre-ville
En réhabilitant cette friche en centre-ville, le projet Bloom, du nom remanié de son adresse, boulevard Léon Blum, crée un lieu de vie nouveau pour Saint-Quentin. « L’idée était d’avoir un lieu convivial, un lieu de vie dans lequel on peut arriver à midi et repartir le soir si l’on souhaite et passer d’une ambiance à une autre. C’est pour cette raison que nous avons un bar dédié au sport parce que c’est fédérateur, confie Oscar Norel, PDG de Bloom. Être dans le centre-ville était une chose importante, c’est être à proximité des habitants. Le centre-ville est l’âme d’une ville, il faut se battre pour conserver cela. Etant originaire de Saint-Quentin, je ne me voyais pas commencer à investir ailleurs qu’ici. »