Bissey-sous-Cruchaud accueille le premier grand parc photovoltaïque sans soutien tarifaire
Mise en service en avril dernier, la centrale solaire de Bissey-sous-Cruchaud (71) vend son énergie directement à un fournisseur d’électricité, sans passer par le tarif de rachat réglementé par l’État. Une première qui s’explique par la baisse des équipements, mais pas seulement.
S’achemine-t-on vers la fin du statut particulier du rachat des énergies renouvelables ? Celles-ci doivent une bonne partie de leur développement au système de rachat à tarif préférentiel décidé par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE). Ce « dumping » énergétique rompt avec les sacrosaintes lois du marché pour favoriser l’implantation de centrales solaires, ou d’éoliennes, principalement. La centrale photovoltaïque de Bissey-sous-Cruchaud, près de Buxy en Saône-et-Loire, mise en service en avril dernier, est la première de cette puissance à se passer de ce mécanisme de soutien étatique.
Accords sur l'équilibre économique
Ses 13 716 panneaux solaires, d’une puissance installée de 5,5 MWc (production en crête), devraient produire environ 6450 MWh /an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 3000 habitants et éviter l’émission dans l’atmosphère de près de 500 tonnes de CO2. Leur production n’est pas vendue au tarif CRE, mais à un prix négocié de gré à gré entre l’opérateur, CVE, son partenaire Énergie Partagée et le fournisseur d’énergie Enercoop, qui achète directement l’énergie renouvelable de cette grande centrale solaire.
« Chacun des partenaires de cette opération fait des efforts substantiels. En abaissant ses marges pour CVE et en achetant l’électricité à un coût qui permet l’équilibre économique du projet pour Enercoop », détaille Nicolas Chapelat, directeur collectivités locales de CVE, qui a suivi le projet de Bissey. CVE est un producteur indépendant français d’énergies renouvelables, multi-pays et multi-énergies, tandis qu’Enercoop se présente comme un fournisseur d’électricité vraiment verte, locale et citoyenne.
L’accord négocié, nommé PPA (Power Purchase Agreement), prévoit l’achat direct de cette électricité sur 30 ans. L’équilibre économique tient également pour partie au soutien de banques de l’économie sociale et solidaire, La Nef et Triodos, qui ont pris leur part dans un budget de construction de l’ordre de 4 millions d’euros.
Des retombées pour les collectivités
L’amélioration de l’équation économique et écologique des panneaux solaires s’avère aussi cruciale. Avec les premières générations, il fallait selon certaines estimations une quinzaine d’années de fonctionnement pour amortir l’impact carbone de leur fabrication, alors que les panneaux affichaient une durée de vie de l’ordre de 20 ans. Aujourd’hui, les technologies ont évolué, rendant les panneaux plus efficaces, et les méthodes de production également. Ceux-ci sont désormais garantis 25 ans, tout en conservant 80 % de leur efficacité initiale. Conséquence, les opérateurs estiment désormais qu’il faut entre 3 à 5 ans pour amortir le coût carbone d’une installation.
L’ouverture de la centrale de Bissey constitue également une bonne nouvelle pour le tissu local. « Nous devrions verser environ 1 million d’euros de taxes locales, et verser 400 000 € de loyer et de mécénat à la commune de Bissey-sous-Cruchaud, et à la Communauté de Communes Sud Côte Chalonnaise », assure Nicolas Chapelat. Autre élément qui renforce l’acceptabilité des projets solaires, la centrale est installée sur un site de 6,9 ha anthropisé, pollué qui se trouve de fait protégé par l’installation.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel