BioDemain : la jeune marque lilloise qui soutient la conversion à l'agriculture biologique
Bientôt deux ans après sa création, la marque BioDemain, créée par Maxime Durand et Stéphane Delebassé, prend bel et bien son envol : recrutements récents, levée de fonds atteignant les 1,2 million d'euros, nouvelle déclinaison de produits… Focus sur cette entreprise solidaire d'utilité sociale, qui vise à soutenir financièrement les agriculteurs en conversion au bio.
«Ceci
n'est pas (encore) bio», l'étiquette est minimaliste mais
accrocheuse : «Pourquoi le préciser si ce n'est pas encore
certifié ?» se demanderont sûrement les consommateurs.
«Pour montrer qu'un
agriculteur s'est engagé dans une démarche de transition, et qu'il
a besoin de soutien», répond Maxime Durand, cofondateur
de BioDemain.
Encore
étudiant, il a décidé de monter son entreprise avec son ami
Stéphane Delebassé après avoir été témoin d'une tragédie vécue
par son oncle. «Cultivateur de céréales et éleveur de vaches à
lait, il s'est endetté après avoir essayé de se convertir à
l'agriculture biologique. Aujourd'hui, il ne fait plus ce métier»,
raconte Maxime Durand. «La conversion dure deux à trois ans et
demande beaucoup d'investissements : dans de nouvelles machines,
dans de la main-d’œuvre supplémentaire, dans la formation... Mais
en attendant la certification, l’agriculteur continue de vendre ses
produit aux prix conventionnels», détaille-t-il.
Pour
éviter que d'autres agriculteurs ne subissent le même destin, les
deux étudiants se sont mis à acheter leurs produits «pas encore
bio mais en passe de le devenir» à un prix juste, en prenant
compte du surcoût relatif à la transition, pour les revendre à des
consommateurs convaincus de la démarche. Le concept est testé sur
les marchés dès janvier 2019. Au mois de septembre suivant, la
marque BioDemain s'installe dans les rayons de boutiques bio.
Aujourd'hui, une centaine d'enseignes sont partenaires.
Quelque
200 actionnaires citoyens
Dernièrement,
nombreux sont ceux qui ont adhéré à la démarche. Huit
collaborateurs ont rejoint l'aventure dans les locaux du Village By
CA Nord de France à EuraTechnologies. «Pour l'équipe, il s'agit de gérer
l'amont, c'est-à-dire le sourcing, le contact avec les producteurs,
l'élaboration des recettes, la transformation produit, la
logistique, mais aussi l'aval, c'est-à-dire l'accompagnement
des ventes, explique
Maxime Durand. Nous sommes agréé Entreprise solidaire d'utilité sociale : nous prenons très peu de marge sur nos ventes, et
tous nos profits sont redistribués afin de rémunérer les
collaborateurs de la marnière la plus équitable possible.»
D'autres ont montré leur soutien en devenant actionnaires de l'entreprise. Parmi eux, des acteurs de l'écosystème de la RSE, comme Makesens, Ulterïa et le fonds d'investissement NFA, mais aussi quelque 200 citoyens ayant répondu à une levée de fonds lancée sur la plateforme Lita.co en février dernier. En tout, 1,2 million d'euros ont été récoltés.
Déjà
une deuxième marque
En
2020, BioDemain a déjà aidé 30 agriculteurs. L'objectif est
d'atteindre la centaine en 2021. Des céréales jusqu'au miel, en passant
par le vin, la typologie des produits revendue est variée. «Par
la suite, nous voudrions également soutenir les éleveurs»,
déclare l'équipe.
Au
dos de chaque produit en rayon se trouve un portrait de l'agriculteur
concerné pour en savoir davantage sur son identité. «Prochainement, nous voudrions même générer des QR codes à
scanner pour donner encore plus d'informations», ajoute Camille
Courbois, responsable de la communication.
Encouragée par le succès de sa première marque vendue dans les boutiques spécialisée, BioDemain vient de lancer une seconde marque, «Transition», en vente dans une quinzaine de grandes surfaces partenaires (elles seront 40 d'ici le mois de mai). «En vendant dans la grande distribution, nous essayons de toucher une clientèle moins initiée aux produits bio. Notre packaging est différent, plus coloré et faisant référence à un univers de super-héros, pour que la démarche paraisse plus accessible, optimiste et surtout pas moralisatrice», conclut Camille Courbois.