Bétharram: l'évêque de Bayonne exprime sa "honte" et sa "solidarité" avec les victimes

L'évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, a exprimé sa "honte", jeudi, face aux multiples dénonciations de violences physiques et sexuelles dans des établissements catholiques du diocèse, dont celui de Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), assurant...

 © Gwladys BONNASSIE
© Gwladys BONNASSIE

L'évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, a exprimé sa "honte", jeudi, face aux multiples dénonciations de violences physiques et sexuelles dans des établissements catholiques du diocèse, dont celui de Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), assurant avoir découvert ces faits dans la presse.

"L'Église a déjà manifesté sa honte à plusieurs reprises et je le refais aujourd'hui (jeudi)", a déclaré Mgr Aillet, exprimant sa "solidarité avec les victimes", lors d'une conférence de presse organisée avec un représentant de la congrégation de Bétharram et le responsable de l'enseignement catholique du diocèse, perturbée par un militant des droits de l'enfant.

Arnaud Gallais, cofondateur de Mouv'Enfants, association de victimes de violences sexuelles, a accusé l'Église de "refuser d'ouvrir ses archives" et dénoncé les "mensonges" de l'institution sur son ignorance des violences physiques et sexuelles dans les établissements catholiques de la région.

"Tout le monde savait ici. J'étais dans des petits villages et tout le monde vous dit : +Bétharram, tout le monde savait+", a-t-il lancé le poing levé, ganté de blanc, debout sur l'estrade face aux représentants catholiques. "Arrêtez de nous dire que vous découvrez (...) Vous avez du sang sur les mains", a-t-il ajouté.

"J'entends votre colère, votre souffrance", a répondu Mgr Aillet, qui a salué "la libération de la parole" après "une loi d'omerta généralisée dans l’Église et la société" durant "des décennies", et maintenu avoir appris "par la presse" les accusations de violences commises à Lestelle-Bétharram et dans un autre collège privé de son diocèse, à Ustaritz, où des faits ont été dénoncés sans dépôt de plainte jusqu'à présent.

À ses côtés, le directeur diocésain de l'enseignement catholique, Vincent Destais, a indiqué avoir envoyé "un courrier à tous les chefs d'établissement" pour "recevoir toutes les victimes passées", accueillir leur parole et les "encourager à porter plainte".

"Notre sentiment de honte, de souffrance et de compassion" est "collectif", a assuré ce responsable de 132 établissements accueillent 29.000 élèves aujourd'hui.

"On a besoin de comprendre (...) parce qu'il est hors de question que ça se reproduise", a-t-il insisté.

De son côté, le père Laurent Bacho, responsable de la cellule d'écoute de la congrégation, s'est dit "stupéfait" et "abasourdi" des "faits massifs" et "inimaginables", commis à Bétharram, évoquant un "aveuglement" de ses pairs.

Les rencontres avec des victimes, fin novembre à Pau, et les décisions de lancer une démarche de réparation "ont pu paraître tardives" mais "nous engagent dans un chemin difficile" qui "peut apporter un apaisement" et "un point de reconstruction aux victimes", a estimé le religieux.

À l'issue de la conférence de presse, Gilles Parent, qui dénonce des violences physiques à Ustaritz dans les années 1970, s'est dit "satisfait" des échanges.

"Mon but, c'est que les victimes puissent parler. J'ai demandé à Mgr Aillet qu'il lance un appel et il l'a fait", a déclaré à l'AFP cet employé de bibliothèque de 63 ans à Bayonne.

Le groupe Facebook qu'il a lancé, sur le modèle de celui des anciens de Bétharram, réunit à ce jour une centaine de victimes qui dénoncent notamment le "supplice de la règle en bois", sur laquelle les élèves devaient rester à genou s'ils faisaient des erreurs en récitant leurs leçons.

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