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Bergère de France : l’espoir d’une SCOP

À la veille de la décision du tribunal de commerce de Bar-le-Duc, les salariés de Bergère de France, en redressement judiciaire depuis avril, prennent leur avenir en main, en espérant que leur projet de reprise sous la forme d’une SCOP soit retenu. Projet soutenu par les banques, les collectivités et le GIP Objectif Meuse en tête.

© Meuse Attractivité.
© Meuse Attractivité.

Après la tempête, enfin l’accalmie ? Face à la perspective d’une liquidation judiciaire qui s’accompagnerait par la disparition d’un des fleurons industriels meusien et français, les élus, les services de l'état, les acteurs économiques, les banquiers et les salariés ont décidé d’unir leurs forces en se tournant vers le projet de création d’une SCOP soutenu par l’Union régionale des sociétés coopératives et participatives de la région Grand Est (URSCOP). Ainsi, un projet de reprise en Scop a été déposé au Tribunal le 20 septembre dernier. Cinquante-sept associés salariés dont un comité de direction composé de l’ancien directeur commercial, la responsable production, la responsable de la création des modèles et le responsable financier se sont engagés dans ce dossier avec la volonté de sauvegarder l’entreprise et de maintenir 70 emplois localement alors que l’entreprise en compte 165. La décision des banques dont le Crédit Coopératif, le Crédit Agricole et Socoden qui se sont tous prononcés de manière favorable pour le financement de la transformation pourrait peser dans la balance. Au-delà des banques, les collectivités locales dont le Conseil régional Grand Est et le GIP Objectif Meuse devraient accorder deux subventions importantes en cas de création de la SCOP. «Les SCOP sont une bonne solution. Nous le voyons en Meuse avec la CORDM à Verdun qui a ce statut depuis 40 ans ou encore la toute jeune SCOP à Ancerville La Meusienne. Nous serons au rendez-vous, aux côtés des salariés associés, qui eux prennent un vrai risque financier. L’enjeu est de sauver Bergère de France et de maintenir un tissu industriel sur notre territoire. Nous sommes optimistes quant à la réindustrialisation de la Meuse», confie Jérôme Dumont, le président du GIP Objectif Meuse qui ajoute que l’aide financière sera «à la hauteur du projet.»

Restructuration de l’outil de production et plan stratégique

Fondée à Bar-le-Duc en 1946, Bergère de France est l’une des dernières grandes filatures de laine en France. Elle produit et commercialise, en vente par correspondance et sur son site internet, des fils de qualité, des accessoires de tricot et des modèles de vêtements à réaliser soi-même. Les associés repreneurs ont donc déposé un projet de reprise s’appuyant sur une restructuration de l’entreprise qui dispose d’un outil de production de 40 000 m2 en plein cœur de ville ainsi que sur la mise en place d’une stratégie commerciale et digitale. Si la filature compte d’ores et déjà des clients fidèles, elle souhaite surfer sur la tendance «du faire soi-même» et de la volonté de consommer différemment portée par la jeune génération engagée dans les problématiques environnementales.

«Bergère de France n’est pas un cas isolé et elle illustre à quel point le maintien de nos industries et nos savoir-faire est primordial pour ce territoire», estime Marie-Madeleine Maucourt, directrice régionale de l’URSCOP Grand Est. Dans la région, ce sont 4 967 emplois ont ainsi pu être créés ou sauvegardés grâce à la reprise, transmission ou transformation d’association en SCOP. Au 30 septembre 2024, 216 sociétés coopératives étaient recensées dans le Grand Est. Bergère de France s’ajoutera-t-elle à cette liste ? Réponse le 18 octobre avec la décision du tribunal de commerce de Bar-le-Duc.

A.M.