Bercy annonce 50 millions d'euros pour soutenir les PME de l'automobile

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, est intervenu au cours d'une journée de rencontres de la filière automobile, réunissant plusieurs centaines de PME à Bercy début décembre.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, est intervenu au cours d'une journée de rencontres de la filière automobile, réunissant plusieurs centaines de PME à Bercy début décembre.

Changements structurels, avec les véhicules électriques ou connectés, baisse des ventes prévue… Face à une filière automobile très inquiète, Bercy a annoncé plusieurs mesures d’accompagnement. Deux fonds d’aide aux sous-traitants de 25 millions d’euros chacun vont être créés.

50 millions d’euros pour les PME de l’automobile : c’est ce qu’a promis Bruno Le Maire, le 2 décembre, à Bercy. Le ministre de l’Économie intervenait au cours d’une journée de rencontres de la filière automobile, réunissant plusieurs centaines de PME à Bercy. Il a fait plusieurs annonces. Tout d’abord, pour les véhicules les plus polluants, ceux dont les émissions dépassent les 172 grammes de CO2 par kilomètre, le malus va passer de 12 500 à 20 000 euros. «L’intégralité des ressources du malus ira aux sous-traitants automobiles français», a précisé Bruno Le Maire. Les 50 millions d’euros escomptés alimenteront deux fonds. Le premier sera dédié à l’accompagnement de la transformation écologique des sous-traitants, pour les aider à identifier des voies de diversification et financer leurs investissements. Le second ira aux PME qui connaissent des difficultés de trésorerie. «Beaucoup de sous-traitants vont être en difficulté l’an prochain, nous ne les laisserons pas tomber.» En plus de ce dispositif, le ministre de l’Économie a détaillé plusieurs autres mesures destinées à soutenir la filière dans des directions stratégiques, et en particulier, le soutien au développement des voitures électriques. Tout d’abord, la prime à la conversion pour un véhicule électrique ou hybride, destinée aux ménages modestes, va être maintenue en 2020. En 2018, elle avait déjà séduit 300 000 ménages, et plus encore en 2019, d’après Bercy. Concernant le devenir de la prime à l’achat d’un véhicule électrique, de l’ordre de 6 000 euros, Bruno Le Maire a promis qu’Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, interviendrait prochainement sur ce sujet, afin que la filière dispose d’une visibilité sur le long terme. Autre promesse, «nous allons électrifier le territoire», a déclaré Bruno Le Maire. Objectif, pour 2022 : 100 000 bornes et un million de véhicules. De plus, le gouvernement vise la mise sur pied d’une filière de batteries électriques. En janvier, prochain, l’ouverture d’une première usine pilote est prévue en Nouvelle-Aquitaine, près d’ Angoulême (Charente). L’enjeu, c’est de «créer l’emploi de demain et avoir les batteries les plus performantes», a souligné Bruno Le Maire. L’hydrogène aussi est dans le viseur du gouvernement. «Nous devons faire plus sur cette technologie très prometteuse, en particulier pour les véhicules de flotte.» Il a aussi annoncé une baisse des impôts de production, mais au terme d’un travail de concertation avec les acteurs de la filière.

Ambition : la place de leader

Ces  annonces  suffiront-elles ? Depuis plusieurs jours, Luc Chatel, président de PFA, la plateforme automobile, qui regroupe les professionnels du secteur, alerte dans les médias sur sa situation difficile, réclamant un «plan d’urgence». De fait, la filière – 80 000 emplois directs – est confrontée à un double défi. Elle fait face à des mutations structurelles, avec la voiture autonome et le développement de nouvelles énergies, qui nécessitent des investissements importants. Et ce, alors que  la conjoncture se retourne : une baisse des ventes a déjà été constatée en Asie, et elle se profile en Europe, la perspective d’un Brexit dur aggravant encore la situation, d’après la PFA. Déjà, la balance commerciale du secteur a diminué de 25 milliards d’euros, ces quinze dernières années, passant d’un solde positif à un solde négatif, rappelle Bercy. La tendance traduit la diminution drastique de la production de véhicules dans l’Hexagone. En 1990, la France produisait 3,7 millions de véhicules, pour 2,2 millions cette année. Et suivant les études récentes du cabinet IHS pour le quotidien économique Les Échos, la production automobile française devrait baisser de plus de 20 % en 2020, en raison de la délocalisation de plusieurs modèles de véhicules. «Depuis 20 ans, nous avons suivi un modèle obsolète, délocaliser, perdre des emplois, réimporter du CO2 (…). Nous sommes menacés de déclassement productif», a commenté Bruno Le Maire. A contrario, la direction à suivre aujourd’hui, c’est «la relocalisation sur le territoire» et «le pari des nouvelles technologies», a promis le ministre, qui affiche de grandes ambitions : «il faut être leader. Je ne connais aucune autre place que la première pour la France, dans l’industrie automobile.» Côté bonnes nouvelles, Bercy rappelle la consolidation de l’alliance Renault-Nissan, sous la houlette de Jean-Dominique Senard , président de Renault, et le projet de rapprochement, aujourd’hui en cours, entre PSA et Fiat-Chrysler, suivi par Bercy «avec attention.» «Nous pouvons avoir, d’ici quelques mois, deux constructeurs parmi les cinq plus grands mondiaux», a souligné Bruno Le Maire.