Bébé empoisonné au Destop à Lyon: le parquet fait appel du verdict

Le parquet général de Lyon a annoncé vendredi avoir fait appel du verdict rendu contre une ancienne employée de crèche, condamnée à 25 ans de prison pour avoir tué un bébé en lui...

L'entrée de la Cour d'assises où s'est déroulé le  procès d'une ancienne employée de crèche poursuivie pour meurtre sur mineur, le 1er avril 2025 à Lyon, dans le Rhône © OLIVIER CHASSIGNOLE
L'entrée de la Cour d'assises où s'est déroulé le procès d'une ancienne employée de crèche poursuivie pour meurtre sur mineur, le 1er avril 2025 à Lyon, dans le Rhône © OLIVIER CHASSIGNOLE

Le parquet général de Lyon a annoncé vendredi avoir fait appel du verdict rendu contre une ancienne employée de crèche, condamnée à 25 ans de prison pour avoir tué un bébé en lui faisant boire un produit caustique en 2022.

Myriam Jaouen, 30 ans, a été condamnée le 3 avril par la cour d'assises du Rhône pour "torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner", mais les jurés avaient écarté la qualification de meurtre, requise par l'avocat général.

Ce dernier avait demandé 30 ans de réclusion contre l'ex-employée de crèche, estimant qu'elle avait agi "en parfaite conscience" et "lâchement retiré la vie à une enfant sans défense".

Dès sa garde à vue, Myriam Jaouen avait reconnu avoir fait ingérer le liquide corrosif, un déboucheur de canalisation de type Destop, à la petite Lisa, 11 mois. Mais elle a toujours nié avoir voulu la tuer. 

Après avoir présenté plusieurs versions, elle a admis avoir tenu la tête de l'enfant et versé le produit directement dans sa bouche. Elle ne supportait plus, selon ses explications, les pleurs de la petite fille. 

La requalification est "difficilement compréhensible pour les parents", avait réagi leur conseil Me Catherine Bourgade, à l'issue du procès. Ils sont "choqués" par un jugement qui "rajoute de la douleur à la douleur", avait-elle ajouté.

L'appel du parquet général "ne m'étonne pas", a réagi auprès de l'AFP Me Jean Sannier, avocat de l'association Innocence en danger, partie civile au procès, en relevant que le parquet avait "pendant toute l'instruction" puis lors du procès estimé qu'il y avait eu "intention" de donner la mort.

"La famille avait exprimé que ce verdict était une seconde mort pour leur enfant, le parquet général a respecté cette souffrance complémentaire infligée par la cour", en faisant appel, a-t-il ajouté.

La mort de Lisa dans une micro-crèche du groupe People & Baby avait suscité une profonde émotion et enclenché une série d'enquêtes administrative, parlementaires et journalistiques qui ont épinglé la course au rendement dans le secteur des crèches privées.

Les parents de la fillette avaient toutefois souhaité garder ce débat à l'écart du procès qui s'était concentré sur la responsabilité de Myriam Jaouen. Mais en trois jours d'audience, ni l'accusée ni les experts psychiatres n'avaient pu parvenir à expliquer son geste.

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