Beauvais : les acteurs de l'ESS se rassemblent pour une vente éphémère
Dans le cadre de la Semaine européenne de la réduction des déchets, et aussi le mois de l'ESS, les Ateliers de la Bergerette, Solitex Oise, Beau Vélo, Ludo Planète et la recyclerie du Pays de Bray organisent une vente éphémère au centre commercial du Jeu de Paume, jusqu'au 27 novembre, en partenariat avec le PTCE Émergence Beauvaisis. Une façon de décloisonner deux mondes économiques, et de faire connaître l'ESS. À l'heure de l'urgence climatique, et si l'achat devenait, en partie, solidaire et responsable ?
C'est un peu deux
mondes qui se rencontrent, mais sans se faire face. Au centre
commercial du Jeu de Paume, les acteurs de l'ESS beauvaisiens ont
installé une boutique éphémère, dans un local vacant, au milieu
du Jeu de Paume. Textiles, jouets, livres, décoration et vélos
issus du réemploi se retrouvent sur les étalages. Ici, une autre
façon de consommer est proposée. « On voit des choses sur
lesquelles on n'aurait jamais parié il y a un ou deux ans,
sourit Samuel Dumoulin, chargé de développement à la Maison de
l'ESS de Lachapelle-aux-Pots et bénévole aux Ateliers de la
Bergerette, en regardant cette boutique éphémère. Nous sommes
soutenus par la Ville de Beauvais qui nous a orientés vers le centre
commercial. Le responsable a répondu favorablement, et très vite,
et nous avons obtenu une cellule gratuite. »
C'est
effectivement une grande première pour les acteurs de l'ESS
beauvaisiens qui se retrouvent au cœur d'une boutique du centre
commercial, qui plus est tous rassemblés. Et cette boutique éphémère
permet de faire connaître les objets issus du réemploi, déjà
utilisés donc, mais tout aussi (ré)utilisables.
Prix
cassés, zéro déchet, acte solidaire... cette économie d'usage,
émanant de l'économie circulaire, a pour but de limiter
la consommation de matière et d'énergie et ainsi encourager le
développement durable. « Il y a
encore des a priori sur le réemploi,
constate Samuel Dumoulin, impliqué et convaincu par l'ESS.
Ce n'est pas encore dans les mentalités d'acheter des choses qui ne
sont pas neuves. Cette boutique permet de montrer qu'on peut acheter
des pulls pas chers et tout aussi qualitatifs par exemple. On trouve
de la déco sympa aussi. Je pense que cette boutique, oui, participe
aux changements de mentalité et fait découvrir le réemploi à des
personnes qui n'en ont pas l'habitude. »
Une action sur le long terme
Cette vente éphémère est aussi un test pour l'ESS. S'ouvrir autrement ? Comment aller à la rencontre des gens ? Comment se faire connaître ? Tout autant de questions qui ne resteront pas en suspens. « Le but de cette boutique est de, pourquoi pas, transformer l'essai, explique encore Samuel Dumoulin. Acteurs de l'ESS, nous sommes en coopération cette semaine et ça fonctionne bien. Nous sortons de nos murs et nous présentons des objets issus du réemploi, dans une boutique, c'est peut-être aussi une bonne façon de se faire connaître et de nous réinventer. »
Bien évidement, l'ESS n'a pas vocation à s'imposer mais plutôt à
devenir complémentaire, dans un monde où la consommation, voire
l'hyper-consommation, prime. Car elle agit plus structurellement au
sein de la société, engendrant la réduction des déchets. Et ce
modèle d'une boutique d'objets issus du réemploi, installée aux
cotés de grandes marques, modélise cette complémentarité. «
Par exemple, si on cherche un objet de décoration, on peut tout à
fait aller dans une boutique et si on ne trouve pas, venir acheter un
objet issu du réemploi, ou inversement. En plus ici, il y a toujours
de l'insolite et de l'original car c'est toujours unique. L'idée est
que le réemploi devienne une possibilité d'achat »,
présente le chargé de développement.
Des partenariats avec les entreprises
Pour cela, il faut
du soutien et surtout une prise de conscience également des
collectivités, des structures publiques et des entreprises... pour
créer un cercle vertueux. Car l'ESS n'est pas une mode mais une
partie prenante de l'économie, impulsant une dynamique locale et
favorisant le développement durable.
La coopération avec le Jeu de Paume en est un exemple. Et c'est justement cette coopération que recherchent les acteurs beauvaisiens de l'ESS. Pour eux, c'est même un enjeu d'avenir. « Il y a des passerelles à faire avec l'ESS et les entreprises, nous avons de nombreuses idées ! », note Samuel Dumoulin. Par exemple, l'organisation de dépôt-vente au sein de grands magasins ou encore un travail avec les comités d'entreprise qui pourraient insérer le réemploi dans leurs dépenses.
Avec cette coopération privé/ ESS, c'est aussi une façon de mettre en avant cette complémentarité. En somme, intégrer l'ESS dans le modèle d'une entreprise... et plus largement dans la société.