BD de la semaine
Visa Transit
Ce premier volet d’un road trip autobiographique à travers l’Europe d’avant la chute du mur de Berlin débute à l’été 1986, quelques mois après l’accident nucléaire de Tchernobyl. Nicolas de Crécy – scénariste et dessinateur – et son cousin Guy ont à peine 20 ans quand ils récupèrent une Citröen Visa à bout de souffle et ses 170 000 kilomètres au compteur. Ils remplissent la voiture de livres – qu’ils ne liront pas mais qui les réconforteront dans les moments difficiles –, ajoutent sacs de couchage, cigarettes… et embarquent pour un voyage sans destination, mais qui doit les mener le plus loin possible. Ils traversent le nord de l’Italie, la Yougoslavie, la Bulgarie et descendent en Turquie, dans un périple qui les confronte au monde autant qu’à eux-mêmes. Un touchant voyage initiatique, au rythme tranquille, cheminant entre galères mécaniques, rencontres chaleureuses et soif de liberté. Des aventures profondément humaines dont on attend avec gourmandise la suite.
Gallimard.
Karma City
Le second tome de ce polar métaphysique mené de main de maître par Pierre-Yves Gabrion s’ouvre alors que les agents karmiques Cooper, Asuka et Napoli ont enfin réussi à démanteler le réseau de revente d’antiquités découvert par la malheureuse Emma List. La juge Bénédicte, réputée impartiale, est responsable pour trancher cette affaire. Inexplicablement, elle prend la défense des coupables contre la Major Cooper. Alors que celle-ci la pousse dans ses retranchements, la juge décède soudainement d’un AVC. Les trois enquêteurs comprennent alors que les hautes-sphères de la société sont touchées par un complot d’une ampleur insoupçonnable. Commencent pour eux une cavale, véritable course contre la montre, où ils vont rejoindre les réseaux abandonnés de la ville pour tenter de survivre. Dans ce volet final au suspens haletant, l’auteur esquisse les thèmes du «vivre-ensemble», de la conscience humaine et du pouvoir à travers un récit passionnant parfaitement agencé et au graphisme spectaculaire.
Dupuis.
La Marche
Cette magnifique BD à l’atmosphère oppressante suit les pas de deux familles de nobles, proches du cénacle napoléonien, errant dans un paysage neigeux immaculé jalonné de quelques bouleaux décharnés. En marge de la grande retraite napoléonienne de 1812, ce petit groupe livré à lui-même depuis des semaines, fuyant la vengeance des cosaques et luttant pour sa survie dans l’extrême froideur de l’hiver russe, affronte l’inconnu et l’impensable. Finement enraciné dans un contexte historique, La Marche est un roman graphique qui explore avant tout l’intensité des rapports himains au cœur d’un environnement extrême baigné d’une violence sourde. Dans un magnifique noir et blanc, Régis Penet et Anne-Laure Reboul signent un survival historique sidérant, un huis-clos tendu à ciel ouvert à l’issue forcément tragique…
Vents d’Ouest.