BD de la semaine
Chaplin en Amérique
Cette série consacrée à l’un des plus grands acteur et metteur en scène de l’histoire du 7e art relate comment un garçon, né dans un quartier pauvre de Londres de deux parents artistes ratés, a pu devenir, à 25 ans, le plus grand cinéaste de son temps, en mettant Hollywood à ses pieds. Soit la sidérante trajectoire de l’inventeur du cinéma moderne, créateur visionnaire et acteur d’exception, qui devint une légende de son vivant, porte-parole des misérables et des vagabonds, mais en même temps producteur immensément riche, artiste engagé dans les combats de son temps, dictatorial avec les siens, et que l’amour des femmes transforme en colosse aux pieds d’argile dans l’Amérique puritaine. Ce premier tome s’ouvre en 1910 quand il quitte l’Angleterre pour les États-Unis et s’achève vers 1920, alors qu’il est déjà l’un des artistes les plus connus au monde. Soit un biopic bien construit par Laurent Seksik, scénariste d’un docu-fiction sur la vie de Charlie Chaplin, et magistralement dessiné par David François qui imprime à cette BD un rythme alerte à l’image des courts-métrages de Charlot.
Rue de Sèvres.
Forté
Chronologiquement découpé en chapitres aux titres musicaux – «Prélude», «Sonate», «Nocturne» – rythmant l’incroyable trajectoire de son héroïne, ce récit suit les pas de la petite Flavia qui découvre le piano chez M. Lima où sa mère fait le ménage. Le vieil homme perçoit rapidement le talent de Flavia et décide de prendre en charge son éducation musicale. Bientôt, elle n’a qu’une idée en tête : devenir une grande concertiste et quitter sa misérable favela. À force de travail, elle gagne une bourse pour la prestigieuse École normale de musique de Paris… Dans le domaine de la musique, forté signifie «jouer fort» – ce que fait Flavia lorsqu’elle frappe les touches de son piano pour échapper à la misère. De fait, sa ténacité et son talent l’ont emmenée au-delà de l’océan, aux portes de son rêve. Un personnage terriblement attachant imaginé par Manon Heugel qui signe une belle histoire entre rires et larmes, entre épreuves et espérances. Tandis que l’élégant et harmonieux dessin de Kim Consigny s’accorde avec la musicalité de ses planches.
Dargaud.
Celui qui n’existait plus
Cette excellente BD a pour anti-héros Norman Jones, cadre américain aisé de 40 ans vivant à New York, marié, deux enfants, gagné par l’ennui et guetté par le désenchantement, loin de ses rêves de jeunesse. Le 11 septembre 2001, au lieu de se rendre au bureau, il préfère passer la matinée avec sa maîtresse, et échappe ainsi à une fin tragique dans l’attentat du World Trade Center. Pour sa famille et ses amis, il est mort. Alors pourquoi ne pas en profiter pour disparaître, tout lâcher, partir à l’aventure et commencer cette nouvelle vie ? Après Mojo, le duo Rodolphe et Georges Van Linthout – auteur d’un superbe dessin en noir et blanc – bifurque une fois encore sur les routes américaines dans un road movie existentiel mais à la tonalité néanmoins plus légère qu’il n’y paraît. Car Norman, au long de son périple sur la Route 66 au cœur de l’Amérique profonde, rencontrera des personnages souvent hauts en couleur qui donnent parfois au récit un côté picaresque avant un dénouement surprenant.
Vents d’Ouest.